Que se passe-t-il dans le cerveau lorsqu’une personne atteinte de schizophrénie « entend des voix »? Une étude donne des éléments de réponse. Les personnes atteintes de schizophrénie qui entendent des voix dans leur tête pourraient être victimes d’une signalisation “bruyante” produite par le système moteur du cerveau. C’est du moins ce que suggèrent des chercheurs dans une nouvelle étude, parue dans la revue PLOS Biology.
Cette nouvelle découverte implique qu’il ne s’agit donc pas à proprement parler d’hallucinations auditives, et que la cible de ces voix entendues serait en dehors du système auditif. En général, lorsque les gens se préparent à parler, leur cerveau envoie un signal appelé « décharge corollaire » qui supprime le son de leur propre voix, expliquent les scientifiques dans un communiqué. Cependant, cette nouvelle étude a montré que lorsque les patients entendant des voix se préparaient à prononcer une syllabe, leur cerveau non seulement ne parvenait pas à supprimer ces sons internes, mais présentait une réponse « de copie d’efférence » aux sons internes, autres que la syllabe prévue. La notion de copie d’efférence renvoyant à l’idée que, lorsqu’une commande motrice est produite, une copie de cette commande est également créée. “Lorsque vous voulez parler, votre système moteur génère un signal très précis qui indique ce qu’il veut dire”, explique le Dr Xing Tian à nos confrères d’IFLScience. En général, ce signal est ciblé avec précision sur les neurones du système auditif, qui reflètent les sons exacts qu’une personne a l’intention d’émettre. Mais certaines personnes atteintes de schizophrénie peuvent avoir une copie d’efférence « bruyante », ce qui donne lieu à des hallucinations auditives. “Même si on les appelle hallucinations auditives, la cause ne se situe pas uniquement dans le système auditif”, a poursuivi le Dr Tian. “Peut-être que la cause se situe dans les connexions entre le système moteur et le système auditif. Si nous avons raison, le traitement ne devrait pas toujours cibler le système auditif”, a-t-il ajouté. Des connexions altérées entre cerveau et système auditif pourraient ainsi favoriser la perte de la capacité à distinguer l’imaginaire de la réalité. Selon les chercheurs, ces résultats, obtenus via des électroencéphalogrammes (EEG), constituent en soi un changement de paradigme dans la compréhension des hallucinations auditives des personnes schrizophréniques.