La ferme expérimentale de production de semences de la commune de Sebaïne (40 km à l’est de Tiaret) contribue amplement à l’effort national visant à assurer l’auto-suffisance en produits céréaliers et la réduction des importations de ce produit stratégique.
Cette ferme relevant de l’Institut technologique des grandes cultures d’El Harrach (Alger) a été créée en 1987. Elle fait partie des neuf fermes similaires réparties à travers le pays et est chargée de la production des semences et de l’amélioration des espèces par la sélection, selon un processus technique et de vulgarisation d’investisseurs agricoles, indique son directeur, Mourad Trari. L’activité de cette structure s’étend sur les wilayas de Tiaret, Tissemsilt et Relizane, couvrant une surface de 617 hectares dont 540 ha inexploités. La ferme emploie 29 travailleurs dont 26 agronomes et techniciens qui ont reconverti ces terres en un laboratoire à ciel ouvert. La ferme recourt à des techniques scientifiques pour développer et améliorer les semences (blé tendre et dur et avoine) afin d’augmenter les capacités de production et d’assurer une adaptation des semences aux facteurs climatiques et une résistance aux maladies parasitaires, a-t-on expliqué.
Un travail de longue haleine
Mourad Tarari a souligné que le développement d’une variété de semences nécessite un travail de longue haleine, soit une période de labeur allant de 7 à 20 ans. Les semences sélectionnées sont soumises à des tests minutieux et à un suivi continu avant d’atteindre l’étape décisive, dite étape «génération zéro». Au stade de l’élaboration des première et deuxième générations, les graines de la variété requise sont soigneusement semées sous forme de lignées durant deux saisons consécutives dans les terres agricoles. Les ingénieurs et les techniciens assurent le suivi de sorte qu’après deux saisons, les semences sont utilisées à une plus grande échelle. Dans le même contexte, M. Tarari a évoqué le premier succès obtenu au début des années 90, lorsqu’une équipe de recherche, en collaboration avec des experts italiens, ont réussi à améliorer deux variétés de semences de blé dur d’origine italienne qui sont «Simito» et «Ofanto». Elles sont encore utilisées à une large échelle à travers le pays. Les techniciens de la ferme s’attellent actuellement à développer des semences locales dites Mechraa Sfa, Mahdia, Djebel Ghezoul, Lajdar Beni Meida, Tefernet-Sougueur et autres. Certaines variétés sont prêtes à l’utilisation et d’autres sont en cours d’approbation au niveau du Centre national de contrôle des semences et des pépinières, avant d’obtenir officiellement leur autorisation d’exploitation après certification de leurs caractéristiques techniques. Par ailleurs, le même responsable a souligné que l’autre mission dévolue à son établissement consiste à assurer l’accompagnement technique des intensificateurs de céréaliculture qui utilisent les semences produites dans la ferme, selon des conditions fixées. Ce travail est mené en collaboration avec des coopératives de semences et légumes secs (CCLS) et le parrainage des directions de wilaya de l’agriculture. Actuellement, ils sont quelque 39 cultivateurs à exploiter une superficie totale de 2419 ha dans les trois wilayas précitées. Leurs terres ont été sélectionnées conformément aux conditions de fertilité, à l’engagement de leurs propriétaires à mettre en œuvre le processus technique requis. La plupart des champs utilisant les semences de la ferme de Sebaïne sont soumises à un contrôle permanent de la part des techniciens concernant les semences, leur développement et la prévention contre les parasites, a assuré Mourad Tarari.
Un laboratoire à ciel ouvert
Par ailleurs, la ferme a adopté, depuis quatre ans, un nouveau style de promotion de ses produits en effectuant des tests sur de petites surfaces agricoles. Cette initiative a permis de gagner la confiance des agriculteurs au point où la ferme est devenue, au fil du temps, une destination pour les agriculteurs en quête de conseils en ce qui concerne le réglage des engins à semailles, les moissonneuses et les pulvérisateurs des pesticides. La responsable du service des technologies agricoles, Tahir Fatiha, a estimé que la communication avec les agriculteurs a permis aux agronomes d’identifier les compétences et les expériences acquises par leurs partenaires sur le terrain et de les soumettre à des expériences de laboratoire et d’études scientifiques. Elle a également indiqué que les étudiants de l’Institut d’agronomie de l’Université Ibn Khaldoun de Tiaret visitent régulièrement la ferme. De nombreux étudiants ont choisi de consacrer leurs mémoires et thèses de fin d’études aux activités de la ferme. D’autres ont opté pour des stages pratiques et des séjours pédagogiques sur place pour approfondir leurs recherches. Le responsable de cet établissement ainsi que le personnel scientifique et technique estiment que la ferme peut améliorer ses prestations scientifiques et techniques pour augmenter le rendement agricole si elle est soutenue par des moyens de production. Mourad Tarari a estimé que malgré quelques carences, la ferme a réalisé, durant la saison en cours, la production de 44 737,20 quintaux de semences au niveau de la zone d’activités dans les trois wilayas qui lui sont rattachées, dont 3390 quintaux à Sebaine.
