75% du miel produit à l’échelle mondiale serait contaminée par les pesticides, selon une étude suisse

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Selon une étude, 75% du miel contiendrait au moins un néonicotinoïde. Cette structure chimique de la nicotine s’attaque au système nerveux des abeilles, menaçant leur survie.

Des chercheurs suisses ont révélé que près de 75% du miel produit dans le monde ont été contaminés par des pesticides qui, s’ils étaient consommés quotidiennement, pourraient constituer un problème à long terme pour la santé humaine. L’étude réalisée par l’Université de Neuchâtel, en Suisse, a analysé près  de 200 échantillons de miel en provenance de différents continents, à  l’exception de l’Antarctique, et de nombreuses îles isolées.  Les chercheurs ont constaté que les trois quarts des échantillons de miel analysés présentaient au moins un néonicotinoïde.  Parmi les échantillons contaminés, 30% contenaient un seul néonicotinoïde,  45% en contenaient deux ou plus et 10% contenaient quatre ou cinq.  L’Europe, l’Amérique du nord  et l’Asie seraient les plus impactés par la contamination puisque les analyses ont révélé que Le taux des concentrations de pesticides a été le plus élevé.  Bien que les concentrations soient inférieures aux niveaux autorisés par l’Union européenne (UE) pour l’alimentation humaine et animale, les  pesticides peuvent encore constituer un risque pour la santé, selon  l’étude.  « La concentration moyenne (dans le miel) était de 1,8 nanogramme par  gramme, tandis que les seuils de nourriture sont de 10 et 50 nanogrammes  par gramme », a déclaré Alexandre Aebi, chercheur à l’Université de  Neuchâtel.  « Nous devons imaginer que nous ingérons ce miel tous les jours. Il est  donc important d’étudier l’effet à long terme de ces faibles doses, ainsi  que l’effet cocktail dû à la présence de plusieurs substances », a-t-il  ajouté.  Citant des études sur les effets des néonicotinoïdes sur les vertébrés, tels que la dysfonction de la fonction immunitaire et la croissance retardée. Plus d’un tiers des échantillons de miel avaient des concentrations de néonicotinoïdes connues pour être nocives pour les abeilles, et  probablement pour d’autres pollinisateurs.  Les résultats de l’étude ont été publiés sur le numéro d’octobre de la revue Science. A noté que les abeilles interviennent dans la pollinisation de plus de 90% des 107 plus importantes cultures sur Terre mais, ces dernières années, elles succombent au syndrome dit «d’effondrement des colonies d’abeilles». Ce mal mystérieux entraîne la disparition ou la mort d’essaims entiers. «Ces découvertes sont alarmantes», a estimé Chris Connolly, un expert en neurobiologie de l’université de Dundee, auteur d’un article accompagnant la publication de l’étude. «Les niveaux relevés sont suffisants pour affecter les fonctions cérébrales des abeilles et pourraient entraver leur habilité à trouver de la nourriture et à polliniser les cultures et la végétation», a-t-il mis en garde. Les néonicotinoïdes ont été qualifiés de facteur essentiel au déclin mondial des abeilles. Leur utilisation a été en partie interdite par l’Union européenne en 2013. Les échantillons collectés en Europe dans le cadre de l’étude l’avaient en grande majorité été avant l’entrée en vigueur de cette interdiction, a signalé M. Connolly. Des analyses supplémentaires sont nécessaires pour apprécier l’efficacité de l’initiative européenne. Les Nations unies ont prévenu en 2016 que 40% des invertébrés pollinisateurs –en particulier abeilles et papillons– risquaient une extinction à l’échelle mondiale. Quelque 20.000 espèces d’abeilles vivent sur Terre. Les experts ont reconnu que ces découvertes n’étaient pas vraiment une surprise, estimant néanmoins que la menace représentée par ces substances devait être prise sérieusement. «Les niveaux relevés (jusqu’à 56 nanogrammes par gramme) se trouvent dans la fourchette bioactive ayant montré que cela affectait le comportement des abeilles et la santé des colonies», a commenté Jonathan Storkey, spécialiste des végétaux, qui n’a pas participé à l’étude. «Des scientifiques ont prouvé cette année que des niveaux inférieurs à 9 ng/g réduisaient la capacité reproductive des abeilles sauvages», a-t-il souligné. Et, selon lui, «l’accumulation des pesticides dans l’environnement et les concentrations retrouvées dans les ruches représentent une grave préoccupation environnementale et va probablement contribuer au déclin des pollinisateurs».