61e anniversaire de la naissance de «La voix de l’Algérie combattante»: La guerre des ondes, l’autre front de la lutte de Libération nationale

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Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane a affirmé, hier, à Alger, que la langue amazighe occupe la place qui lui sied à l’abri de toute instrumentalisation politicienne.

« Je peux assurer que le tamazight occupe aujourd’hui la place qui lui sied et que sa promotion ainsi que son enseignement et son utilisation graduels connaissent une dynamique appréciable dans les programmes du gouvernement, ce qui l’a met à l’abri de toute instrumentalisation politicienne», a déclaré le ministre dans une allocution à l’occasion de la commémoration du 61e anniversaire de la création de la radio «La voix de l’Algérie libre et combattante» au centre culturel de la Radio algérienne. A cette occasion, Kaouane a indiqué que «la voix de la radio secrète durant la Guerre de Libération nationale en langues arabe et amazigh a eu un impact majeur sur la mobilisation du peuple algérien et son adhésion autour de sa juste cause», ajoutant qu’«il était impératif de s’adresser aux enfants du même peuple dans toute sa composante linguistique, y compris le tamazight en tant que partie intégrante». Durant la Guerre de Libération nationale, quand des hommes armés uniquement de leurs convictions et des moyens militaires rudimentaires affrontaient l’une des plus grandes puissances coloniales, la communication constituait un enjeu de taille. «La voix de l’Algérie combattante» va servir de relais politique et de support efficace pour le combat du peuple algérien pour sa libération du joug colonial. En plus de la Direction politique et de son bras armé, l’ALN (Armée de Libération nationale), la lutte avait, amplement, besoin d’un canal de communication pour transmettre l’information, haranguer les moudjahidine et surtout contrer la propagande mensongère et calomnieuse de l’adversaire.

Un média lourd pour contrer la propagande du colonisateur

Le lancement de bulletins d’information suivi par la création du journal El Moudjahid, en mars 1956, avait permis de cimenter les réseaux du Front de libération nationale, mais la direction relevait les limites de cet organe de presse écrite qu’elle considérait qu’il n’était qu’à la portée de poignée de lettrés. Pour s’adresser au peuple, il fallait donc user d’un moyen plus accessible aux Algériens. C’est ainsi que fut créée la radio dont le but était de faire pénétrer la voix de la Révolution dans les foyers et de mener la «guerre des ondes» pour contrecarrer la propagande de l’occupant. Aujourd’hui, 16 décembre, est un grand jour pour l’histoire révolutionnaire algérienne. Afin d’informer la population, de la mobiliser et de sensibiliser le et les peuples à la cause algérienne, les dirigeants du FLN créent il y a 61 ans jour pour jour, la Radio (Sawt El Djazaïr El Moukafiha) puis la Radio de la Révolution qui fera éclore un réseau de 16 radios à travers le monde arabe, du Caire en passant par Baghdad, Benghazi, Damas et Rabat. Ce réseau contribuera fortement à faire connaître les revendications de la cause algérienne. Conscients de cette importance et de ce pouvoir potentiel, les révolutionnaires algériens, pour contrecarrer l’influence des médias colonialistes, donnèrent naissance à une radio : La Voix de l’Algérie libre et combattante (Sawt El Djazaïr El Moukafiha). Dans les années 50-60 en Algérie, le taux d’illettrisme et de pauvreté atteignent des niveaux très élevés. Les créateurs de la Radio avaient pleinement conscience de ces facteurs socio-économiques et l’outil radiophonique s’est avéré être un moyen efficace et adapté pour lutter contre la propagande coloniale et mobiliser les foules en vue de l’indépendance nationale.

C’est ainsi qu’il y a plus de soixante ans, à la frontière ouest du vaste territoire algérien, la radio émis son premier message sur les ondes «Ici la Radio de l’Algérie libre et combattante, la voix du Front de libération national s’adresse à vous, du cœur de l’Algérie.» lors d’un Forum sur la Mémoire, Lamine Bechichi, moudjahid et ancien ministre de culture, a expliqué à l’assistance que l’idée de la naissance de la Radio était l’œuvre du service des Transmissions de la Révolution. Ce service avait alors fait le constat du risque trop élevé pris par les agents de liaison. En cas de coupure, le contact avec la population était rompu et il était alors impossible d’expliquer au peuple les objectifs de la Révolution. La programmation de la radio se destinait à rendre compte des combats menés par les moudjahidine. Une forme de propagande composée de chants patriotiques, de serments religieux et de commentaires militaires et politiques avaient pour rôle de souffler au pays un vent de liberté et d’indépendance. Les présentateurs radios avaient choisi de dissimuler leurs identités derrière des pseudonymes empreintes à de grandes figures de l’histoire algérienne et musulmane telles que Salah Eddine, Okba ou Jugurtha. Les présentateurs adressaient leurs messages en français, en arabe et en kabyle. Les moyens de cette radio mobile étant très restreints, la Révolution algérienne s’était tournée vers le monde arabe pour défendre sa cause. C’est à travers les radios tunisiennes, libyennes et égyptiennes, notamment, que la radio clandestine faisait parvenir durant les premières années de son existence, ses messages au peuple algérien et au monde. Une voix de la Révolution restera gravée dans les mémoires. Celle du journaliste Aïssa Messaoudi, décédé il y a plus de 20 ans. En 1956, cette radio secrète née durant la guerre d’Algérie grâce aux actions des révolutionnaires, émettait des émissions de radio jusque dans les pays d’Europe de l’Est. La radio «Voix de l’Algérie libre et combattante» a ouvert la route à la future RTA (Radiodiffusion Télévision algérienne) créée par le tout nouvel État algérien à l’indépendance le 28 octobre 1962.