La coalition arabe intervenant au Yémen sous commandement saoudien a annoncé ce samedi qu’elle observera à partir de 09h00 GMT une trêve de 48 heures dans la guerre qui déchire ce pays depuis près de 20 mois.
Cette annonce surprise intervient alors qu’un cessez-le-feu, censé entrer en vigueur jeudi dernier à l’initiative du secrétaire d’Etat américain John Kerry, avait été rejeté par le camp du président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui est soutenu par la coalition militaire arabe. Ces deux derniers jours, les combats se sont intensifiés sur différents fronts de guerre au Yémen, faisant des dizaines de morts. Le cessez-le-feu sera renouvelé si les rebelles chiites Houthis et leurs alliés le respectent et laissent passer de l’aide humanitaire dans les villes qu’ils assiègent dont Taëz (sud-ouest), a précisé la coalition dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle saoudienne Spa. Le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, est ravagé par des combats opposant d’un côté le camp du président Hadi soutenu par une coalition militaire arabe conduite par Riyad à des rebelles chiites, les Houthis, alliés à des partisans de l’ancien chef de l’Etat yéménite Ali Abdallah Saleh. La nouvelle trêve a été décidée à la demande du Président Hadi dans une lettre au roi Salmane d’Arabie saoudite et «en adhésion aux efforts de l’ONU et de la communauté internationale pour rétablir la paix au Yémen», affirme la coalition. Elle prévient cependant qu’elle «ripostera» si les Houthis ou leurs alliés procèdent à une quelconque activité militaire ou mouvement de troupes durant la trêve. Elle exige aussi, selon le communiqué, que les rebelles envoient leurs délégués à «la commission de désescalade et coordination», créée à l’initiative de l’ONU et basée à Dhahran, dans le Sud de l’Arabie saoudite, pour superviser une cessation des hostilités. Le «blocus» naval et aérien imposé par la coalition restera en vigueur et des avions continueront à survoler le Yémen pour des missions de surveillance, souligne le communiqué. Les rebelles n’avaient pas encore réagi dans la matinée à cette annonce de cessez-le-feu de la coalition. Ils avaient accepté l’initiative de paix proposée mardi par J. Kerry, au terme d’une rencontre avec des négociateurs rebelles à Mascate, la capitale omanaise. Celle-ci prévoyait outre une trêve, la formation d’un gouvernement d’union nationale avant la fin de l’année. En revanche, l’initiative américaine avait été rapidement rejetée par le camp Hadi.
Six trêves ratées
Six tentatives de cessez-le-feu ont jusqu’ici échoué. La dernière annoncée sous l’impulsion de Washington, de Londres et de l’ONU, pour le 20 octobre a volé en éclats dès son entrée en vigueur. Depuis jeudi, plus de 50 personnes ont été tuées dans des combats entre rebelles et loyalistes aux abords de Taëz, la troisième ville du Yémen, selon des sources médicales et militaires. Les violences débordent aussi au-delà des frontières yéménites. Un militaire saoudien a péri vendredi par la chute à Assir, une ville du Sud du royaume, de projectiles tirés depuis le Yémen, selon le ministère saoudien de l’Intérieur. Le médiateur de l’ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, avait initié en octobre un plan de paix espérant remettre les parties autour d’une table de négociations. En vain. Des pourparlers de paix interyéménites qui s’étaient tenus à Koweït pendant trois mois sous l’égide de l’ONU avaient été suspendus sans résultat en août. Le camp Hadi exige le retrait des rebelles des territoires conquis depuis 2014, dont la capitale Sanaa, et la restitution des armes lourdes saisies. En revanche, les Houthis exigent un arrêt des raids aériens de la coalition et la formation d’un gouvernement d’union nationale en vue d’un règlement politique. Les Houthis, une minorité qui estime avoir été délaissée par le pouvoir central du Président Hadi, s’étaient emparés de vastes pans du territoire yéménite en 2014 dont la capitale Sanaa, forçant le chef de l’Etat à l’exil en Arabie saoudite. En mars 2015, Ryad a pris la tête d’une coalition militaire pour tenter de repousser les rebelles, mais le conflit, qui a fait plus de 7000 morts et près de 37 000 blessés, s’est enlisé.