Le porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) Hervé Verhoosel a déclaré, lors d’un point de presse tenu mardi à Genève, qu’avec près de 18 millions de personnes qui ne savent pas comment obtenir leur prochain repas et plus de huit millions d’entre elles qui sont au bord de la famine, le Yémen est actuellement confronté à la pire crise alimentaire dans le monde.
Si la situation persiste, l’agence onusienne s’attend à voir 3,5 millions de Yéménites supplémentaires en situation de grave insécurité alimentaire. Au total, il y aurait près de 12 millions de personnes en danger et qui pourraient être touchées par cette menace de famine, soit deux personnes sur cinq, en raison de l’escalade de la guerre et de l’aggravation de la crise économique. « Ces Yéménites ont besoin d’une aide alimentaire régulière et urgente pour les empêcher de sombrer dans des conditions analogues à la famine », a mis en garde M. Verhoosel. La situation est beaucoup plus préoccupante à Hodeïda en raison de l’intensification du conflit ces dernières semaines. Le PAM craint que des millions de personnes supplémentaires qui luttent actuellement pour joindre les deux bouts ne succombent de plus en plus souvent à la faim et à la maladie dans cette région. « Depuis juin, quelque 570.000 personnes ont dû fuir leurs combats à Hodeïda », a-t-il ajouté. Entre 2017 et 2018, le nombre de personnes très affamées dans le pays a augmenté de 25% et le PAM a donc été obligé d’accroître son aide alimentaire. « Le peuple yéménite ne peut résister à aucun choc supplémentaire. Sans solution pacifique au conflit au Yémen, le PAM craint que le niveau de la faim dans le pays ne continue à augmenter », a-t-il averti. Toutefois, l’Agence onusienne précise qu’il n’existe actuellement aucune preuve statistique indiquant une famine au Yémen. Reste que selon le Cadre intégré de classification de la phase humanitaire et de la sécurité alimentaire, 8,4 millions de personnes se trouvent en « phase d’urgence ». Ce qui signifie que « la situation est si critique » et que ces Yéménites pourraient tomber dans la famine s’ils ne continuaient pas à recevoir une aide alimentaire et nutritionnelle suffisante et durable. Face à cette situation humanitaire inquiétante, le PAM, de concert avec d’autres agences des Nations Unies, fait tout ce qui est en son pouvoir pour éviter la famine au Yémen et faire en sorte que les plus affamés reçoivent une aide alimentaire soutenue et vitale. De plus, le riyal yéménite a subi une dépréciation « alarmante » (180%) en trois ans. Le coût des produits alimentaires de base a augmenté de 35% au cours des 12 derniers mois, empêchant de nombreuses familles de se nourrir.