Loin de garantir un sommeil réparateur, la grasse matinée est pointée du doigt pour les effets néfastes sur la santé qu’elle provoque. Des scientifiques de l’université d’Arizona Health Science (États-Unis) ont publié en 2022 une étude dans la revue spécialisée Sleep traitant des effets négatifs de la grasse matinée sur notre santé.
Dégradation de l’humeur, somnolence et fatigue accrue, augmentation des risques de maladie cardiaque… La grasse matinée, loin d’offrir un sommeil réparateur à celui ou celle qui la pratique, serait à l’origine d’un « jet lag social », comparable au décalage horaire qu’on éprouve après un long voyage en avion. Pour pallier cette différence de temps entre les habitudes de sommeil les jours de congés et les jours de travail, pour le plus grand malheur des adolescents, la grasse matinée serait alors à bannir. Effectivement, les bienfaits prétendus sont en fait plutôt néfastes pour la santé. La grasse matinée décale notre rythme biologique. On déconseille d’ailleurs aux insomniaques de la faire, puisqu’elle ne résout pas leur problème. Au contraire, elle abaisse ce qu’on appelle la pression du sommeil, soit le besoin de dormir, et réduit encore davantage le sommeil à une peau de chagrin.
Les risques pour ceux qui usent et abusent de la grasse matinée
Les risques de mortalité sont plus élevés pour ces individus. Dès qu’on s’éloigne des rythmes naturels qu’on appelle rythmes circadiens et qui représentent en quelque sorte l’horloge interne du corps humain, le métabolisme est déréglé : sur le plan cardiovasculaire, sur les processus glucidiques. Il y a davantage de risques de développer le diabète de type 2. La grasse matinée entraîne un déséquilibre dans l’horloge humaine, qui est liée au rythme de la nature. Quand on fait une grasse matinée, on passe à côté de la lumière du matin, pourtant essentielle, car elle stimule notre rythme. On manque alors ces synchroniseurs naturels. Au quotidien, ces risques peuvent aller jusqu’à la rupture avec les rythmes sociaux : grandes difficultés pour se lever le matin, envie de se coucher de plus en plus tard… En fait, le cerveau perd progressivement ses ancrages et son rythme : l’individu est alors sujet à l’insomnie. C’est ce qu’on appelle le retard de phase, que l’on peut régler en se levant toujours à la même heure, même pendant les jours de repos.
La grasse matinée est alors faussement réparatrice
Cela dépend. Si l’individu qui la pratique est encore jeune, conserve encore une bonne élasticité de son sommeil, alors pourquoi pas. Mais le risque de décaler ensuite l’horloge biologique peut ensuite s’installer, en abaissant la pression du sommeil. Le besoin de dormir se fait alors sentir plus tardivement. Il ne faut pas pour autant absolument bannir la grasse matinée. Je ne suis jamais pour les interdictions butées, nous ne sommes pas des moines ! On doit conserver la notion de plaisir, parce qu’elle permet de prendre de bonnes pratiques à long terme. Un insomniaque sévère devrait, effectivement, ne pas en faire, s’il souhaite récupérer la fatigue accumulée. Un individu en pleine santé peut parfois se le permettre, sans en abuser. Il faut continuer d’aller faire du sport, de bien profiter de la lumière du déjeuner, et essayer ensuite de récupérer pour se recaler sur les rythmes sociaux.
Privilégier la régularité plutôt que la grasse matinée pour rembourser cette dette de sommeil
Effectivement ! Quand on a fait la fête la veille, il faut éviter de se lever tard et privilégier la sieste pas trop longue, entre 13 heures et 15 heures. Au-delà de cet horaire, on risque de reculer l’heure du coucher. C’est une contre-mesure qui permet de récupérer, en conservant la lumière du matin, les activités, le minimum de trois repas, indispensables pour conserver une santé équilibrée. La grasse matinée ne permet pas cet équilibre, puisqu’elle fait souvent sauter le petit-déjeuner. Les repas constituent des synchroniseurs de l’horloge. Nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Les gènes de notre horloge biologique diffèrent en fonction des individus.