L’Algérie continuera à jouer un «rôle clé» dans tout accord de l’OPEP, à l’approche de la conférence de l’Organisation prévue le 30 novembre à Vienne, selon des experts britanniques. A ce propos, Piers Curran, directeur chez Amplify Trading, une société de formation en trading et finance, et Anthony Cheung, professeur à la Nottingham Business School et Trent University London, et également directeur dans cette même société, ont relevé que malgré la domination dans la production de certains pays de l’OPEP tels l’Arabie saoudite, l’Irak ou l’Iran, l’Algérie sera toujours un élément influent dans cette organisation pétrolière.
Ils estiment également que l’Algérie pourrait s’imposer, à long terme, dans une nouvelle cartographie énergétique et de minerais avec son potentiel considérable en énergies renouvelables, minerai de fer, phosphates, et uranium. Par ailleurs, les deux experts ont expliqué que le développement du secteur pétrolier et gazier est impératif pour la réussite de la politique économique à long terme de l’Algérie, si l’on considère que les hydrocarbures représentent un secteur clé du PIB du pays et domine les exportations. De son côté, Elias Boukrami, expert et directeur des programmes pétrole, gaz et finances à la faculté de Business et Management de la Regent’s University London, rappelle que l’Algérie avait joué un rôle important dans le rapprochement OPEP-Russie, qui a réussi à influer positivement sur les prix du pétrole. Il affirme également que l’Algérie pourrait avoir dans un avenir très proche un rôle «plus important», avec sa position géostratégique et son potentiel énergétique : «les réserves de gaz de schiste algériennes sont parmi les plus importantes au monde, offrant une alternative réelle à exploiter pour la sécurité énergétique du pays et de la région», a-t-il dit. Concernant la prochaine réunion de Vienne, et se basant sur de récentes déclarations des ministres de l’énergie russe et saoudien, Anthony Cheung et Piers Curran pensent que l’accord de réduction de la production conclu il y a neuf mois sera «probablement» reconduit en 2018. Pour rappel, en décembre 2017, les membres de l’OPEP et leurs principaux partenaires avaient conclu un accord pour réduire leur production de 1,8 million de barils par jour jusqu’à mars 2018, afin de rééquilibrer le marché et faire monter les prix. Les deux experts estiment qu’il est dans l’intérêt de l’OPEP de travailler pour un prix de pétrole stable afin d’atténuer l’impact de la baisse des cours sur les budgets des pays membres. «Réduire la production est une nécessité et non une option pour les producteurs du pétrole», affirment-ils. Pour sa part, Boukrami a souligné que la rencontre de Vienne se tiendra dans un contexte favorable, marqué par une tendance haussière des prix. L’expert affirme que le renforcement des prix en 2017 s’explique en partie par «la convergence des visions économiques des pays de l’OPEP et de la Russie qui a très vite compris, depuis le choc pétrolier de 2014, que la baisse n’était pas conjoncturelle». Il rejoint l’avis des deux autres experts en estimant que «l’accord va probablement être prolongé et les quotas respectés». De son côté, l’experte en énergie, ancienne cadre du géant pétrolier BP, Cornelia Meyer, estime que les fondamentaux attendus pour l’année prochaine «pourraient être moins optimistes que prévu». A Vienne, «les ministres devraient choisir entre se fier aux fondamentaux ou placer leurs espoirs dans la prime de risque géopolitique qui a fait monter les prix ces dernières semaines», a-t-elle expliqué. Meyer relève que l’OPEP et l’Observatoire de l’OCDE ainsi que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sont unanimes à estimer que la demande de pétrole continuera à augmenter en 2017 et 2018, avec des hausses respectives de 1,5 million de barils/jour et 1,4 million de barils/jour.