Sommes-nous indifférents à notre patrimoine ? Il y a manifestement une volonté de sauver La Casbah de sa longue dégradation, ainsi que d’autres hauts-lieux de la mémoire nationale à l’image de Souika de Constantine qui tombe en ruine ou d’autres sites livrés à l’abandon. Sauf que cette volonté qu’on trouve chez les vieux patriciens ainsi que chez une frange d’intellectuels et de spécialistes de la vieille pierre, ne suffit pas du tout et elle est en butte à de gros écueils bureaucratiques. Parce que cette tâche de sauvegarde du patrimoine et des vieilles villes, est souvent (toujours) confiée à des fonctionnaires qui la prennent comme n’importe quelle mission routinière à accomplir. Un projet à mener à terme au même titre que la rénovation de tel quartier ou la construction de telle nouvelle cité. Assurément, l’aspect éminemment culturel de cette mission de sauvegarde est éclipsé et les spécialistes, disons-nous, sont superbement ignorés. Pourtant des budgets faramineux sont alloués à ces opérations et par la grâce de l’incompétence, sont engloutis dans des travaux inutiles. Aussi au cours de la réunion qui a regroupé les experts algériens et étrangers le 20 janvier, l’Unesco a préconisé de créer une agence unique pluridisciplinaire chargée de la sauvegarde de La Casbah. Proposition à laquelle a adhéré le ministère de la Culture. Cette agence suffira-t-elle à atteindre les objectifs de faire de ce lieu hautement historique, un musée à ciel ouvert surchargé de mémoire et haut-lieu de résistance ? Un conférencier à apporté une précision de taille : le nom de Casbah a été attribué par les forces coloniales alors que sa véritable appellation est «El Djazaïr El Mahroussa» vieille de 31 siècles et ce n’est pas un quartier d’Alger, mais c’est Alger qui est un quartier d’El Djazaïr El Mahroussa ! Quant aux autres vieux quartiers des autres villes, ils n’ont qu’à prendre leur mal en patience.