Un hommage particulier a été rendu au président de la République, Abdelaziz Bouteflika par les participants à la réunion du Comité ministériel conjoint de suivi de la mise en œuvre de l’accord OPEP,en reconnaissance pour ses efforts en faveur du maintien de l’équilibre du marché pétrolier international.
Les intervenants lors de cette réunion n’ont pas tari d’éloges sur l’Algérie et son Président qui ont toujours milité pour un prix de baril équilibré. Il s’agit, selon de nombreux ministres participants, d’une réunion très importante qui a permis de connaitre la situation du marché pétrolier international et d’œuvrer au maintien de son équilibre. Cette réunion ne s’est pas penchée uniquement sur les courbes des prix et leurs évolutions, mais plutôt sur la situation du marché et les moyens de maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande.
Estimant cette réunion était un « deuxième anniversaire » de l’initiative et de la décision historique prise par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en septembre 2016 à Alger, les intervenants ont rappelé que la série de réunions qui en avaient suivies ont permis de réaliser une stabilité des prix et donné à l’OPEP l’occasion d’avoir une vision unifiée, commune et rapprochée.
Le contexte géopolitique dans lequel s’est tenue cette rencontre, qui est lié non seulement aux sanctions américaines contre l’Iran et la Russie ainsi qu’aux guerres commerciales lancées par le Président américain contre notamment la Chine, a pesé de tout son poids non seulement sur cette réunion, mais aussi sur celle de l’OPEP prévue en novembre prochain.
D’autre part, relèvent de nombreux observateurs, il y a les conséquences liées aux sanctions américaines contre l’Iran dont le niveau de production a déjà commencé à se réduire et dont on ne sait, pour le moment, jusqu’à quel niveau va-t-il se réduire du fait que cela dépendra en grande partie de la position du principal client chinois, lui-même en conflit commercial avec les Etats-Unis.
Faisant le point sur l’accord historique décroché lors de la réunion d’Alger, ils ont considéré qu’il avait permis de faire revenir l’OPEP à presque ce qu’elle était et pouvait faire en 1973, année au cours de laquelle elle avait décidé d’un embargo ayant donné naissance au premier choc pétrolier et fait monter le prix du baril de 3 à 12 dollars de l’époque.
Toutefois, aux yeux de ces experts, l’OPEP n’est plus ce qu’elle était, et le monde non plus, et ce, en raison des mutations géopolitiques, économiques et bien sûr énergétiques, d’où la nécessité de s’adapter ou de disparaître.
La conférence d’Alger avait pour mission d’aller plus vers le concret, en considérant la hausse de la demande, estimée par l’OPEP à 1,65 mbj cette année, et le rééquilibrage du marché qui se confirme. L’entrée en vigueur le 4 novembre de l’embargo contre l’Iran laisse dès lors présager une contrainte d’offre qui peut emballer les prix et déséquilibrer le marché.
La réunion d’Alger répond au vœu de l’OPEP de voir le marché retrouver un équilibre, considérant la robustesse relative de la demande et des risques de rupture d’approvisionnement attendues particulièrement du fait de la disparition des exportations iraniennes.
Cependant, force est d’observer que le marché a beaucoup plus réagi à la baisse des stocks américains qu’à la perspective de la conférence d’Alger.
La tentation de relever de manière explicite le plafond de production existe forcément, mais le réalisme devait prévaloir car les pays producteurs n’ont pas encore surmonté les effets néfastes sur leurs économies de la guerre des prix menée par l’OPEP, à l’instigation de l’Arabie Saoudite, et de la dépression qu’elle avait occasionnée dans le marché pétrolier.
Le Consensus d’Alger, issu de la conférence de septembre 2016, a consacré le retour de l’OPEP à une ligne de défense des prix et l’abandon de l’épisode malheureux de la défense des parts de marché.
Ce consensus, auquel ont adhéré des pays producteurs significatifs comme la Russie, a conduit à une réduction de la production de 1,8 mbj.
Dans ce consensus, deux pays jouent un rôle clé: l’Arabie Saoudite et la Russie. Ces deux pays ont beaucoup de convergences du point de vue de leurs intérêts pétroliers. La Russie, dont l’économie est peu diversifiée, est très dépendante de ses exportations d’hydrocarbures et a beaucoup souffert de la baisse des prix, note les mêmes observateurs.
L’Arabie Saoudite, tout autant dépendante et peu diversifiée, connait un déficit budgétaire dépassant les 100 milliards de dollars et une crise économique qui compromet la réussite de son plan stratégique à long terme, alors même qu’elle vit une période de succession dynastique porteuse de fortes incertitudes. De plus, son projet d’ouverture du capital de sa compagnie pétrolière nationale, Aramco (exagérément capitalisée à 2.000 milliards de dollars), sans cesse repoussé, risque de connaitre un échec si les prix du pétrole retrouvaient ses niveaux de 2014-2015.
Ces deux pays convergent sur un optimum de prix qui soutiendrait leur économie sans pour autant être trop élevé pour détruire de la demande.
Dans ce contexte, la réunion d’Alger s’est attachée à trouver les mécanismes pour stabiliser le marché, considérant les facteurs de crises iranien et vénézuélien ainsi que libyens anticipés.
A cela om ; faudra ajouter depuis le choc baissier de 2014, l’investissement pétrolier a baissé de 1.000 milliards de dollars. Les prix pétroliers sont portés sur le long terme par une tendance haussière qui est fondée sur une anticipation d’épuisement des réserves alors que la demande augmente exponentiellement, portée à 80% par les pays émergents.
Cette tendance lourde a été contrée (et peut encore l’être épisodiquement) par des tendances et facteurs de court terme, jeu des fondamentaux et la crise économique.
Ce conflit de tendance, propre au marché pétrolier, amplifié par la spéculation et les risques géopolitiques, explique la volatilité, la forte incertitude ainsi que les difficultés de la prévision à court terme.
L’année 2019 devrait voir, selon les prévisions, la poursuite du rééquilibrage du marché avec une orientation à la hausse des prix. Ce sera, cependant, une année de fortes incertitudes qui influeraient sur le marché nécessairement, alors que sur le moyen-long terme, la situation du marché risque fort d’être tendue, vu l’augmentation attendue de la demande, en moyenne de 1,4 mbj l’an et le déficit d’offre qu’occasionnera la baisse des investissements induite par la baisse des prix.
Des corrections violentes sont à attendre à la prochaine décennie. Un choc haussier est fortement probable entre 2020 et 2025. Les gisements en activité vieillissent et nécessiteront de plus en plus de technologie et d’investissements. Ils déclinent, selon les estimations, de 5 à 7% chaque année. Les découvertes sont de plus en plus rares, petites, coûteuses et difficiles à produire. Selon Wood McKenzie, avec 2,7 milliards de barils découverts, nous avons le plus bas niveau depuis 1947.
Le retour vers le pétrole OPEP, et plus particulièrement moyen-oriental, est irréversible. Pour exemple, si l’augmentation de la demande se maintient à un rythme de 1,4 mbj, toutes choses égales par ailleurs, il faudra découvrir une Arabie Saoudite d’ici 2030 et deux Arabies Saoudites d’ici 2040.
Quels que soient les gains en rendements des moteurs à combustion et la diffusion de la mobilité électrique, les pays émergents, désormais centre de gravité et de l’économie mondiale et de l’industrie pétrolière, partent de très bas dans leur consommation pétrolière et rendront caducs tous les équilibres pétroliers actuels et futurs, alors que le pétrole ne cessera de représenter plus du tiers de la demande énergétique.