Réunion de la COP 28 du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Émirats arabes unis: Le réchauffement climatique, une menace pour la sécurité mondiale

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Le  monde  connaît un bouleversement  inégal depuis des siècles, d’un côté,  pluies diluviennes, inondations  de l’autre côté,  sécheresse et incendies. Le réchauffement climatique n’est pas une vue de l’esprit. Étant une question de sécurité mondiale, les  dirigeants sont appelés à avoir une autre gouvernance, non seulement locale mais mondiale.  Fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui sera menacée, car le climat mondial est un vaste système interconnecté. Cette présente contribution présente les grands axes  sur un sujet qui engage la sécurité du  monde et bien évidemment celle  de l’Afrique fortement impactée.

1 – Les impacts du réchauffement climatique au niveau mondial  sont globaux  car toute action  dans une zone déterminée du globe a un impact sur le reste du monde. Depuis 1850, notre planète s’est déjà réchauffée en moyenne de 1,1°C. Selon le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le réchauffement planétaire en cours pourrait atteindre 1,5°C à 4,4°C d’ici à 2100. Les experts du GIEC indiquent que le réchauffement climatique devrait être contenu à +1,5°C au maximum d’ici à 2100 pour éviter que notre climat ne s’emballe. Cette limitation sera hors de portée à moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2050 : il ne faudra plus émettre dans l’atmosphère plus de CO2 que ce que nous sommes capables d’en retirer. Réussir la transition énergétique nous permettra d’envisager un avenir économique plus solide et plus durable. En favorisant l’essor de nouvelles technologies et industries, cette transition peut contribuer à l’augmentation de la croissance économique absolue, délivrer des retours sur investissement plus durables et garantir à tous un meilleur cadre de vie. Les conséquences indirectes qui concernent directement la population et l’environnement sont les suivantes :  augmentation des crises alimentaires et de l’eau, notamment dans les pays en voie de développement, menace d’existences en raison d’inondations et d’incendies de forêt, risques sanitaires en raison de la hausse de la fréquence et de l’intensité de vagues de canicule, conséquences économiques pour l’élimination des conséquences climatiques, prolifération d’espèces nuisibles et des maladies, perte de la biodiversité en raison de la capacité et de la vitesse d’adaptation limitées de la faune et de la flore, acidification des océans due aux concentrations de HCO3 élevées dans l’eau en raison de la hausse des concentrations de CO2, nécessité d’agir dans tous les secteurs (ex: agriculture, sylviculture, énergie, infrastructure, tourisme). Le réchauffement climatique a plusieurs effets : hausse du niveau des mers, modification des océans, amplification des phénomènes météorologiques extrêmes, menaces sur les plantes et les animaux,   bouleversement des conditions de vie humaine; impact sur le système de santé et la crise alimentaire. Premièrement, pour la hausse du niveau des mers, le constat est la hausse moyenne des températures qui provoque une fonte des glaces continentales (glaciers, icebergs, etc.). Le volume de glace fondue vient s’ajouter à celui de l’océan, ce qui entraîne une élévation du niveau des mers. Près de 30 % de cette élévation est due à la dilatation causée par l’augmentation de la température de l’eau.  Entre 1901 et 2020,  le taux moyen d’élévation du niveau marin s’accélère,  était de près d’1,3 mm par an entre 1901 et 1971, d’environ d’1,9 mm par an entre 1971 et 2006, et il atteint près de 3,7 mm par an entre 2006 et 2020. Le GIEC estime que le niveau des mers pourrait augmenter de 1,1 m d’ici à 2100. Comme impact, les zones côtières seront confrontées à des inondations dans les zones de faible altitude plus fréquentes et plus violentes et à l’augmentation de l’érosion du littoral. Deuxièmement, la modification des océans qui  absorbent naturellement du gaz carbonique, en excès dans les océans, acidifie le milieu sous-marin. Une acidification trop importante des eaux marines peut provoquer la disparition de certaines espèces, notamment des végétaux et des animaux tels que les huîtres ou les coraux. En plus de son acidification, les activités humaines entraînent d’autres modifications des océans : baisse de sa teneur en oxygène, réchauffement et augmentation de la fréquence des vagues de chaleur marines. Ces changements affectent les écosystèmes marins, et les populations qui en dépendent. Troisièmement,  l’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes provoque l’évaporation de l’eau, ce qui modifie le régime des pluies. Cela apporte des pluies plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent dans certaines régions, et des sécheresses plus intenses et plus fréquentes dans de nombreuses autres régions. En effet, lors de pluies violentes, les sols ne peuvent pas fixer l’eau. Elle s’écoule alors directement vers les cours d’eau plutôt que de s’infiltrer. Dans ces conditions, les nappes d’eau souterraines peinent à se reconstituer. Le réchauffement planétaire entraîne d’autres dérèglements tels que le dérèglement des saisons et le déplacement des masses d’air qui pourraient, à long terme, accroître le nombre d’événements climatiques extrêmes : tempêtes, ouragans, cyclones, inondations, vagues de chaleur, sécheresses, incendies. Quatrièmement,  le réchauffement climatique est une menace sur les plantes et les animaux car les  cycles de croissance des végétaux sauvages et cultivés sont modifiés : gelées tardives, fruits précoces, chute des feuilles tardives, etc. Beaucoup d’espèces ne supporteront pas les nouvelles conditions climatiques et l’agriculture devra s’adapter en choisissant des espèces précoces. Les comportements de nombreuses espèces animales sont perturbés : modification des zones de vie de certaines espèces, modification des aires de migration, etc. Elles devront migrer ou s’adapter rapidement à ce dérèglement climatique sous menace d’extinction. Un réchauffement de 1°C oblige déjà certaines espèces à se déplacer de plusieurs centaines de km vers le Nord ou de plusieurs dizaines de mètres en altitude pour retrouver leurs conditions de vie.  Cinquièmement, l’impact du réchauffement climatique bouleverse les conditions de vie humaine. Certains de ces effets sont irréversibles, ils ont poussé les écosystèmes au-delà de leur capacité d’adaptation. Aujourd’hui, selon le rapport du GIEC, environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des habitats très vulnérables au changement climatique. Si le niveau des mers augmente d’1,1 m d’ici à 2100, près de 100 millions de personnes seront contraintes de changer de lieu d’habitation, et certaines terres côtières ne seront plus cultivables. En raison de la montée des eaux, des famines ou encore des tempêtes, de nombreuses personnes seront contraintes, pour s’adapter au dérèglement climatique, de quitter leur maison ou leur pays : près de 220 millions de migrants climatiques sont envisagés d’ici à 2050 à cause de toutes ces catastrophes. Par ailleurs, le changement climatique accroît les risques sanitaires : vagues de chaleur, cyclones, inondations, sécheresses, propagation facilitée par des maladies. Sixièmement, les dérèglements climatiques perturbent la distribution des ressources naturelles, leur quantité et leur qualité. De plus, les rendements agricoles et des activités de pêche sont impactés. Les rendements agricoles pourraient baisser d’environ

2 % tous les 10 ans tout au long du 21e siècle, avec des fluctuations chaque année. Cela mène à une insécurité alimentaire (augmentation du prix des denrées, difficultés d’approvisionnement, etc.) et des tensions autour des ressources.

2 – Quels seront les coûts supportés en cas de non- modification de la trajectoire actuelle, car si l’Afrique, l’Asie dont la  Chine  et l’Inde  plus  de 4 milliards d’habitants sur les 8 milliards d’habitants  avaient le même modèle de consommation énergétique que l’Europe et les USA , moins d’un milliard d’habitants pour un PIB mondial dépassant les 40%, il faudrait selon les experts  trois à quatre fois la planète terre. Plusieurs rapports de différentes institutions internationales, qui ne se recoupent pas forcément en raison de la situation très complexe, évaluent les coûts du réchauffement climatique. Ainsi, l’AIE, les engagements gouvernementaux actuels ne permettraient d’atteindre que 20 % des réductions d’émissions nécessaires d’ici à 2030. Pour atteindre les objectifs, il faudrait investir chaque année jusqu’à 4 000 milliards de $ au cours de la prochaine décennie, en dirigeant la majorité de ces investissements vers les économies en développement. Des estimations plus larges sont réalisées pour chiffrer les investissements nécessaires à plus long terme. Morgan Stanley prévoit par exemple qu’il faudrait 50 000 milliards de $ pour transformer ce que le groupe bancaire décrit comme les cinq industries clés : énergies renouvelables, véhicules électriques, hydrogène, captage / stockage du carbone et biocarburants. Selon le réassureur SwissRe, assureur des assureurs, il faudrait 270.000 milliards de dollars  d’ici à 250, et les objectifs   de l’accord de Paris ne pourront être atteint qu’en 2069, soit 20 ans de retard, devant miser sur l’efficacité énergétique en premier lieu dans le transport (estimation de l’investissement à 114.000  milliards de dollars,   de l’énergie,(78.000  milliards de dollars)  du BTPH (65 milliards de dollars), de l’industrie (15 milliards de dollars sans compter les coûts dans la santé  et l’agriculture et celui des loisirs  nouveaux mode du tourisme. nécessitant la réforme du système financier mondial du fait que les  obligations vertes représentent en 2021 seulement 2% de la valeur  du marché obligataire mondial.  Sans changement de trajectoire, le PIB mondial pourrait être en baisse  de 7 à 10% vers 2050. Les prévisions du NGFS, qui s’appuient sur la simple mise en place des politiques actuelles, envisagent une perte de production équivalant à environ 5 % du PIB mondial d’ici à 2050, et jusqu’à 13 % d’ici à 2100. L’université de Princeton estime que les USA devront investir 2 500 milliards de $ (soit 11 % de leur PIB) d’ici à 2030 pour pouvoir atteindre l’objectif net zéro en 2050. La Commission européenne, quant à elle, parle d’un investissement de 3 500 milliards de € au cours des dix prochaines années (soit 25 % du PIB), tandis que l’université de TsinghuaUniversity prévoit que le plan chinois coûtera au cours des quatre prochaines décennies 138 000 milliards de RMB (environ 21 600 milliards de $), ce qui représente 122 % du PIB du pays.  Quelles actions mener ?  Il y a  l’importance de l’adaptation qui s’applique aux usages et aux activités humaines, qui sont en capacité d’évoluer afin de limiter les risques liés aux impacts du changement climatique (ex : réduction de la consommation d’eau pour anticiper la pénurie d’eau). Les méthodes d’adaptation sont développées à toutes les échelles : au niveau national au sein de politiques publiques (ex : Plan national d’adaptation au changement climatique), au niveau régional (ex : stratégie d’adaptation au changement climatique dans le Grand Ouest), au niveau local (ex : mise en place d’écoquartiers au sein d’une ville) ou au niveau individuel (ex : récupération et réutilisation des eaux de pluies pour nettoyer sa voiture ou arroser les plantes). Les mesures d’adaptation concernent également la sécurité alimentaire des populations, dans le secteur de l’agriculture, pour s’adapter aux impacts du changement climatique et notamment de la raréfaction de l’eau, il est possible de choisir de planter des cultures adaptées au climat local ne nécessitant pas ou peu d’irrigation  (agriculture climato-intelligente).  De même, dans les villes, il devient de plus en plus fréquent de rencontrer des bâtiments présentant des toits ou murs végétalisés : ces techniques de végétalisation permettent une meilleure gestion des eaux de pluies mais également de lutter contre les îlots de chaleur (zone urbanisée où la température est plus élevée ;   une réorientation des approvisionnements alimentaires vers un modèle plus résilient et à faible impact, une  agriculture plus durable en somme ;  des investissements dans des infrastructures qui résistent mieux aux futures conditions météorologiques extrêmes ;  la création de soutiens sociaux pour aider les millions de personnes qui seront déplacées les milieux environnants).

En conclusion, le monde, outre les profonds bouleversements géostratégiques, s’orientant vers  un monde multipolaire, avec les impacts du  réchauffement climatique  devrait connaître de profonds bouleversements.  L’Algérie, consciente des enjeux surtout sur le plan de la  sécurité alimentaire via l’eau ?  étant prévu des dizaines d’initiés de dessalement de l’eau de mer) en plus d’une utilisation raisonnée pour ne pas briser l’équilibre  écologique de la nappe albienne ( 53 000 milliards de mètres cubes l’équivalent de 50 000 fois le grand  barrage de Beni Haroun qui se trouve à l’est du pays, nappe  située  70%  en Algérie , 20% en Libye, et 10% en Tunisie,  s’est engagée dans la lutte contre le changement climatique. En 2015, elle a ratifié l’Accord de Paris sur le climat (COP21). Bien avant, en juin 1992, l’Algérie a signé la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et l’a ratifiée en juin 1993, ayant participé à la Conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 25), qui s’est déroulée à Madrid (2-13 décembre 2019. Le plan de relance de l’économie verte a pour objectif d’encourager le recyclage et de promouvoir les industries de transformation écologiques à travers la mise en place des incitations fiscales pour les sociétés industrielles qui s’engagent à réduire l’émission de gaz et de déchets chimiques. Dans le domaine du torchage du gaz,  les efforts déployés ont permis de baisser les gaz brûlés de 500 millions de m3 durant l’année 2020-2021. Récemment, l’Algérie a mis en place un Plan national Climat 2020-2030 portant sur 155 projets pour la réduction des émissions du gaz à effet de serre, l’adaptation avec les impacts négatifs des changements climatiques et l’accompagnement de la gouvernance climatique. Elle s’est engagée à réduire de 7 % de ses émissions des gaz à effet de serre, un taux qui pourrait atteindre 22 % d’ici à 2030 si elle arrivait à bénéficier de l’aide financière pour financer les grands projets visant à s’adapter avec les changements climatiques.  L’Algérie, à travers ce plan, vise à produire 30/40% de son énergie électrique à partir de ressources renouvelables à l’horizon 2030/2035, soit 22 000 MW, en plus de l’adoption d’un programme de conversion en GPL de 150 000 véhicules tout en créant des structures nationales devant concrétiser des stratégies pour la production de l’énergie propre dont l’hydrogène vert, ainsi que la relance du projet du Barrage vert en vue de son expansion à une superficie de 4,7 millions hectares durant les prochaines années s’inscrit également dans cette stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. Grâce à son grand potentiel d’énergie solaire, 3000 heures de soleil  ses importantes ressources en gaz naturel et les infrastructures qui l’accompagnent, l’Algérie est en bonne position pour produire de l’hydrogène vert et éventuellement bleu (à partir de gaz naturel avec captage et stockage du carbone)   d’où l’urgence de revoir le modèle de consommation énergétique afin de s’adapter aux  nouvelles mutations 2024/2025/2030.

A. M.