La mise en place d’un système «transparent» pour la régulation des prix au niveau des marchés «s’impose afin d’endiguer la hausse des produits de large consommation», a préconisé, mardi à Alger, l’agroéconomiste, Ali Daoudi.
«La meilleure manière d’améliorer le fonctionnement des marchés, c’est bien la mise en place d’un système de régulation transparent à travers lequel les autorités devraient contribuer à produire des données et instaurer des règles de jeux claires», a préconisé M. Daoudi lors de son intervention sur les ondes de la Radio nationale. Dans ce contexte, le Pr Ali Daoudi a estimé que «la divulgation des informations précises sur les coûts de production, les prix des matières premières importées, les besoins du marché, ainsi que le niveau du pouvoir d’achat du consommateur donneraient plus de visibilité aux opérateurs économiques pour mieux réguler leur production et afin d’éviter de travailler à perte». Selon ses explications, ce système d’informations devrait être appuyé par les Offices de régulation des produits alimentaires (ONAB, OAIC, ONIL) qui ont pour mission d’assurer la disponibilité des produits (céréales, viandes et produits laitiers) sur le marché national. À cet effet, l’expert propose la révision des systèmes de régulation actuels, notamment ceux portant sur le blé destiné aux minoteries et dont le prix est subventionné par l’Etat, alors que la semoule est revendue sur le marché à des prix réels. Revenant sur les causes de la hausse des prix des produits alimentaires de base, le professeur a expliqué cette augmentation par l’envolée des prix des matières alimentaires au niveau international depuis début 2021. «La flambée des prix sur le marché mondial, notamment depuis les mois de juillet et août a été dopée par la reprise de l’activité économique. Celle-ci a été plombée pendant pratiquement un an et demi par la pandémie du Covid-19», a-t-il fait savoir. À ce propos, il a cité le prix du blé qui a bondi à 250 $ la tonne, tout au long des 8 premiers mois de 2021 et durant les deux premières semaines de septembre courant, alors qu’en 2020 le prix du blé était de 185 $, soit une hausse de 34%. Idem pour le maïs qui s’est accru, selon l’expert, de près de 60% en passant à 265 $ la tonne durant 2021 contre 165 $ en 2020. Outre la hausse de la demande sur le marché mondial, cet expert agronome a énuméré d’autres raisons tels que les facteurs climatiques (feux de forêt, sécheresse…) qui avaient alerté des observateurs du marché mondial et provoquer des spéculateurs sur une possible perturbation de l’offre. Et malgré les niveaux de rendement étaient assez bons cette année, notamment aux Etats-Unis, les prix restent élevés, a-t-il souligné, précisant que de nombreux pays ont procédé aussi à la reconstitution de leurs stocks. Parmi les autres facteurs de cette hausse, cet expert a également évoqué l’inflation qui a touché les pays industrialisés (Etats-Unis, Europe, Chine) en impactant plusieurs pays dont l’Algérie, ajoutant que la hausse des prix des carburants et des transports ont contribué dans la détermination des prix des produits agricoles sur le marché mondial. Dans ce sens, il a souligné que l’Algérie était directement touchée par la fluctuation des prix sur le marché internationale d’autant plus qu’elle continue à importer une bonne partie des matières premières et des intrants utilisés dans les secteurs de l’Agriculture et de l’Industrie agro-alimentaire. «En plus de ces causes cités, il faudrait ajouter la dévaluation du Dinar, qui se répercute sur les prix des produits alimentaires», a-t-il fait observer tout en rappelant que «la monnaie nationale a perdu environ 5% de sa valeur entre septembre 2020 et septembre 2021».