Production de lait: Le potentiel de l’Algérie est immense, mais il demeure sous-exploité

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La facture d’importation de lait en poudre s’élève annuellement à plus de 700 millions de dollars, malgré cela, la pénurie de cette substance revient à chaque fois, le sac de lait manque aux citoyens ! Pire encore, la qualité des sacs de lait n’est pas soumise aux normes de qualité requises, ce qui fait penser à incarner une stratégie nationale pour la réduction de cette facture, et de penser à produire localement cet aliment de base.

Le manque d’intérêt pour cette filière stratégique est menacée de disparition, selon les estimations des experts, compte tenu de plusieurs facteurs, dont la dépendance quasi totale à l’importation de lait en poudre, qui épuise le Trésor public. Les producteurs et éleveurs de bovins attribuent cette situation aux politiques adoptées, qui se caractérisent par l’absence d’une stratégie clairement définie pour le développement de la filière, tout en soulignant que l’Algérie est le seul pays au monde qui soutient les producteurs étrangers au détriment des éleveurs et producteurs locaux.

Des représentants des chambres d’agriculture ont déclaré que les agriculteurs intéressés par la production laitière sont confrontés à de grandes difficultés, au premier rang le manque de fourrage qui constitue l’épine dorsale de ce noble métier. A cet effet, les grands investisseurs de ce domaine s’abstiennent de pratiquer cette activité, de sorte que la majorité des professionnels de cette division demeure, les petits agriculteurs qui ne possèdent qu’un certain nombre de vaches et le manque des moyens, cela ne suffise pas à atteindre l’objectif recherché.

Le député Kada Nedjadi a proposé une étude, dont une partie a été publiée sur sa page Facebook, dans laquelle il a mis en avant la possibilité d’atteindre l’autosuffisance en lait en poudre, l’étude sera présentée au gouvernement qui comporte des solutions, permettant à l’Algérie à pallier ce manque de cette matière stratégique. Le député dira que son étude comprend un plan qui oriente le soutien de l’État vers l’éleveur plutôt que vers le producteur étranger, soulignant que la plus grande ferme du monde ne dépasse pas le nombre de 100 000 vaches, et qu’avec les 700 millions de dollars que l’État dépense pour importer cet aliment de base, 466 000 vaches peuvent être acquises, chaque vache produit 28 litres de lait par jour. Cela signifie que la production quotidienne dépasse 13 millions de litres. Avec de calcul, environ 7 millions de familles bénéficient près de deux litres de lait par jour. Selon le député, le problème de la rareté sera définitivement résolu. De plus, nous bénéficierons du lait naturel, des produits laitiers et de la viande bovine, des veaux qui vont naître. Le président du Conseil professionnel de la division laitière, Rabeh Oueld Heddar, n’a pas nié que la poudre de lait importée subventionnée à plus de 70%, reste un obstacle au développement de la production nationale de cet aliment de base. Si on retire cette subvention du prix réel du lait, elle approchera les 80 DA, ce qui veut dire que la subvention de l’Etat va à l’éleveur étranger avant d’aller au consommateur algérien.

Ould Heddar, responsable de la chambre d’agriculture de la wilaya de Ghardaïa, a déclaré : «Imaginez si ces sommes colossales allouées à la subvention de la poudre de lait étaient progressivement orientées vers l’investissement dans la filière lait, en fournissant des enclos modernes, et des fermes fourragères, d’ici 4 ans, nous atteindrons la suffisance et n’aurons plus besoin d’importer la poudre, et ce sera alors un facteur attractif pour l’investissement qui augmentera les capitaux locaux et étrangers.» La réticence des investisseurs à pratiquer cette activité, due au manque de rentabilité et à l’absence des facteurs cités qui sont les clés du succès de la filière. Ould Heddar a insisté sur la nécessité de généraliser l’agrément sanitaire, d’immatriculer les bêtes, et fournir des fermes modernes et de former les ressources humaines afin de passer à une industrie agro-alimentaire professionnelle, à travers le développement des investissements pour réduire à 30% la dépendance vis-à-vis de l’alimentation animale, pour assurer l’approvisionnement en lait de qualité et s’affranchir définitivement le problème de l’importation de lait en poudre.

Pour assurer l’approvisionnement en lait en quantité et en qualité, il est nécessaire de libéraliser le marché du lait et de créer une compétitivité dans la qualité et l’industrie manufacturière qui y est associée, comme l’établissement de fermes modernes et de grandes usines intégrées à proximité des zones densément peuplées.

M.W. Benchabane