Selon l’article 11, l’UE reconnait à l’Algérie un droit de prendre des mesures de protection, mais ces mesures sont soumises à des conditions défavorables, les droits de douanes à protéger étant limités à 25% et étant exigé aussi la mention de préférence de produit d’origine de l’Union européenne.
En outre, l’article 24, donne à l’Algérie de prendre des mesures de sauvegarde, en arrêtant l’importation d’une catégorie de produits si elle porte préjudice à la production nationale, devant être renégocié pour rendre son champ d’application plus efficace et avantageux. Aussi, pour l’Algérie, l’objectif de cet accord est de « densifier » cette coopération, dont la démarche d’évaluation réclamée ne vise nullement à remettre en cause le cadre global de l’’Accord, mais, bien au contraire, à l’utiliser pleinement dans le sens d’une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération et que seules des négociations constructives permettraient de relancer la coopération entre l’Algérie et l’UE dans le but de mettre les relations économiques au centre de cette coopération, de donner à cet accord toute son importance et d’utiliser tout son énorme potentiel dans ses trois composantes: politique, économique et humaine et l’Algérie a toujours plaidé pour le renforcement du «dialogue et de la concertation» entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) . Aux préoccupations soulevées par l’UE concernant ses parts de marché en Algérie suite aux mesures de rationalisation des importations prises par le gouvernement algérien dans un contexte bien particulier, cela n’est pas propre à notre pays comme en, témoigne bien avant l’épidémie du coronavirus les mesures restrictives de bon nombre de pays tant pour les USA que l’Europe et les tensions avec la Chine L’Algérie reste convaincu que les discussions que doivent engager les deux parties permettront d’arriver à des solutions pragmatiques et acceptables qui prennent en ligne de compte les intérêts légitimes de chaque partie . Le nouveau code d’investissement assouplissant la règle des 49/51%, ainsi que nouvelle loi des hydrocarbures ont pour objectif combiné avec une lutte contre la bureaucratie néfaste rendant plus attractif le marché algérien afin de dynamiser l’investissement direct étranger hors hydrocarbures.
4.- La coopération énergétique Algérie/Europe
Une rencontre dans le cadre de la 5e réunion annuelle de haut niveau du dialogue énergétique entre l’Algérie et l’Union européenne, s’est tenue les 4 et 5 octobre 2023 à Bruxelles, co-présidée par le Ministre algérien de l’énergie et la commissaire européenne à l’Énergie. Au menu : le développement de la coopération énergétique. Cette rencontre de début octobre à Bruxelles fait suite à la deuxième édition du Forum d’affaires Algérie-UE sur l’énergie, les 11 et 12 octobre 2022 à Alger. Comme je l’ai rappelé dans plusieurs contributions (cf.www.google.com, 2010/ 2022) l’exploitation du pétrole/gaz de schiste aux États-Unis a bouleversé la carte énergétique mondiale, où les trois plus grandes réserves de gaz naturel se trouvent en Russie avec 45 000 milliards de mètres cubes gazeux, en Iran (32 000) et au Qatar (20 000). L’Algérie, pour sa part, possède le quatrième réservoir mondial, soit environ 19 800 milliards de mètres cubes gazeux (cf. étude en 8 volumes, 780 pages, sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres de Sonatrach sous le titre « Gaz de schiste : opportunités et risques, pour une transition énergétique »). Avant la crise en Ukraine, l’Europe dépendait pour environ 55 % de son approvisionnement en gaz de la Russie, qui était également son principal fournisseur en Gaz naturel à travers les canalisations de South Stream (capacité de 63 milliards de mètres cubes gazeux) et le North Stream 1(capacité de de 55 milliards de mètres cubes gazeux ), le North Stream 2 (même capacité) qui a été gelé, sous la pression des États-Unis. Durant l’année 2023, la Norvège devient le premier fournisseur de l’Europe avec 46,1%, la Russie passe à 17,4% (la nouvelle stratégie étant de se tourner vers l’Asie, Inde et Chine notamment ), l’Algérie à 13,4% ( contre 11/12% précédemment ) ,le Royaume Uni 12,9% et l’Azerbaïdjan 7,2%.Concernant le GNL (gaz naturel liquéfié), les États-Unis occupent la première place avec 40,2 %, la Russie représente 13,2 %, le Qatar 13,1 %, l’Algérie 6,7 % et la Norvège 6% , les autres pays représentant 20,2% des importations de GNL Selon Kadri Simson, la Commissaire européenne à l’énergie, s’exprimant lors de la deuxième édition du Forum d’affaires Algérie-UE sur l’énergie, les 11 et 12 octobre 2022 à Alger, l’Union européenne (UE) est prête à consolider et à développer davantage un partenariat énergétique avec l’Algérie, celle-ci ayant toujours été un fournisseur important et fiable de gaz naturel pour l’UE. L’Union européenne a proposé à l’Algérie trois axes directeurs pour un partenariat gagnant – gagnant. Premier axe : l’augmentation des volumes de gaz à l’exportation vers l’Europe, en coopération avec des entreprises européennes et en exploitant de nouveaux champs gaziers. Une des voies pour augmenter les exportations de gaz consiste à réduire davantage les émissions de méthane et le torchage, ce qui rendrait plus de gaz disponible pour le commerce. Plusieurs projets qui doivent approvisionner l’Europe permettront de développer les exportations du gaz par canalisation : le projet du gazoduc trans-saharien NIGAL, d’une longueur de 4 128 kilomètres (qui suppose la résolution du conflit au Niger) et d’une capacité annuelle de trente milliards de mètres cubes ; le projet de Galsi, via la Sardaigne et la Corse, gelé depuis 2012 et qui annonçait alors une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un investissement de 3 milliards de dollars devant être relié à la Corse (cf. conférence du Pr A.Mebtoul à la CCI de Corse et son déplacement en Sardaigne pour défendre ce projet). Selon les données de l’Opep, le gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne a connu une augmentation de l’ordre de 2 milliards de m3 en 2022, en passant de 8 milliards de m3 à 10 milliards m3, tandis que les quantités de gaz acheminées vers l’Italie, via le Transmed, ont atteint 23,5 milliards de m3 contre 21,5 milliards m3 en 2021. Deuxième axe : les énergies renouvelables. L’Algérie dispose d’abondantes sources d’énergies renouvelables, solaires (plus de 3 000 heures de soleil par an) et éoliennes, qui lui permettent de devenir un leader mondial dans la production de l’énergie propre, pour la consommation locale ( le Ministère de l’Energie prévoyant horizon 2030/2040, environ 40% de de la couverture du marché intérieur étant fin 2022 entre 1/2% ) mais aussi pour l’exportation vers l’Europe. Rappelons qu’entre 2002 et 2023, dans plusieurs déclarations, le Ministère de l’Energie s’est engagé à promouvoir les énergies renouvelables, ce qui consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de l’ordre de 22 000 MW à l’horizon 2030, dont 12 000 MW pour le marché national algérien, et avec une possibilité d’exportation allant jusqu’à 10 000MW. L’Europe et l’Algérie travaillent déjà ensemble sur le développement des énergies renouvelables avec le projet commun « Nadhifa » ainsi que des projets d’interconnexions électriques. Cependant, il reste à mobiliser un financement européen important du Fonds européen pour le développement durable, en coopération avec les banques de développement comme la Banque européenne d’investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Troisième axe de coopération : l’hydrogène. Alors que l’Union européenne mise sur l’hydrogène vert pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, l’Algérie ambitionne de renforcer sa position de fournisseur majeur de produits énergétiques au Vieux Continent. Dans ce cadre le 14 octobre 2024 les groupes énergétiques algériens Sonatrach et Sonelgaz ont signé deux mémorandums d’entente avec des entreprises européennes sur le développement en Algérie de projets intégrés de production d’hydrogène vert et de dérivés destinés au marché européen. Le premier accord a été signé entre les deux sociétés algériennes et VNG (Allemagne), Società Nazionale Metanodotti, Sea Corridor (Italie) et Verbund Green Hydrogen (Autriche). Il porte sur la réalisation conjointe des études nécessaires, afin d’évaluer la viabilité et la rentabilité d’un projet intégré qui vise à produire de l’hydrogène vert en Algérie, afin d’approvisionner le marché européen via le gazoduc « SoutH2 Corridor ». Le deuxième accord a été signé entre Sonatrach et le groupe pétrolier et gazier espagnol CESPA pour la réalisation d’un projet d’hydrogène vert, en deux phases. La première est dédiée à la réalisation d’études pour l’évaluation de la viabilité, l’opportunité et la rentabilité du projet, tandis que la seconde sera dédiée au développement du projet. L’intérêt porté, dans ce cadre, sur la construction d’une usine de production d’hydrogène par électrolyse, de centrales solaires et éoliennes pour alimenter les électrolyseurs en énergie renouvelable et d’une usine de production de méthanol et d’ammoniac vert, ainsi que d’installations de stockage et de transport. Selon un rapport publié en août 2023 par le cabinet de conseil Deloitte, l’Afrique du Nord devrait être la première région exportatrice d’hydrogène vert à l’échelle mondiale, et l’Europe la première zone importatrice d’ici 2050. Les pays d’Afrique du Nord pourraient exporter 44 millions de tonnes d’hydrogène propre et engranger des recettes de 110 milliards de dollars en 2050, au regard de leurs abondantes ressources énergétiques renouvelables et d’une faible demande intérieure, Pour sa part l’Algérie se propose, selon le Ministère de l’Energie, d’investir en trois grands phases : le démarrage via des projets pilotes (2023 à 2030), l’expansion et la création de marchés (2030 à 2040) et l’industrialisation et la compétitivité du marché (2040 à 2050). À horizon 2040, l’Algérie prévoit de produire et d’exporter 30 à 40 TWh d’hydrogène gazeux et liquide, avec un mix à la fois composé d’hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d’hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l’Europe 10 % de ses besoins en hydrogène en 2040.
En conclusion, avec le poids croissant des BRICS+, nous devrions assister en ce XXI -ème siècle à de profondes mutations géostratégiques et économiques et il devient impératif pour une prospérité partagée de revoir l’actuelle architecture des relations internationales ( voir interviews Pr Abderrahmane Mebtoul Financial Afrik Dakar, aux télévisions internationales 19/27 octobre 2024 russe RT, TV Chine CGTN Paris via Moscou et via Pékin et canadienne -Montréal Alternatv). Pour une croissance durable de l’économie mondiale, il est souhaitable le renforcement sur d’autres bases, de la coopération entre le G7 et les BRICS+ et d’une manière générale entre les pays développés et les pays émergents car avec une confrontation commerciale, tout le monde serait perdant.. Au sein de cette nouvelle configuration mondiale, l’Algérie et l’Europe sont deux partenaires stratégiques. Il s’agit comme je l’ai souligné il y a quelques années lors d’une conférence, à l’invitation du parlement européen à Bruxelles, de dépassionner les relations car la stabilité des deux rives de la Méditerranée et de l’Afrique , nous impose d’entreprendre ensemble.
( suite et fin )