Pénurie de lait: Les parties concernées se rejettent la balle

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La pénurie du lait perdure. La commercialisation du lait en sachet subventionné enregistre des perturbations de plus en plus persistantes sur le marché national. Face à cette situation, les parties opérant dans ce secteur se rejettent la balle mutuellement.

Une rencontre s’est déroulée, hier, entre l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) et la Fédération nationale des distributeurs de lait. Salah Souileh, président de l’UGCAA a constaté l’absence d’une cohésion entre les parties prenantes et a fait part de l’engagement de l’UGCAA pour que ce produit de large consommation soit «disponible et assuré par une distribution de qualité», notamment à l’approche du mois de Ramadhan. «Toutes les parties (ministère de l’Agriculture, du Commerce, laiteries et distributeurs) s’échangent les accusations. Les plus touchés par ces accusations sont les distributeurs. A cet effet, on a décidé d’organsiner cette rencontre pour éclairer cette situation et unifier les visions sur ce sujet d’actualité», a déclaré Souileh, en marge de cette rencontre. «Le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche dit que la poudre est disponible, les distributeurs pour leur part disent autre chose. Mais les doigts des accusations sont pointés sur les distributeurs», a-t-il poursuivi. «Nous souhaitons assurer la disponibilité du lait et arriver à une distribution de qualité. L’UGCCA ne permettra plus que certains manipulent cette matière (lait). Nous aspirons que le consommateur soit rassuré pendant le mois de Ramadhan», a déclaré Souileh. A une question sur la monopolisation de ce produit par les alimentations générales, Souileh a souligné que ces dernières reçoivent «des petites quantités du lait». Il a précisé que le lait et le pain est un plus pour ces commerçants par rapport à ce qu’ils proposent comme produits, et ce, dans le but de gagner des clients.

Répondant à une question sur la crise du lait, très ressentie, notamment au niveau de la capitale, Souileh a expliqué cette situation par «la densité populaire» qui a un impact direct sur la consommation. Evoquant les peines pourvues contre les responsables de cette pénurie, rappellet-il, elles varient entre 50.000 DA à 500.000 DA. Les contrevenants risquent aussi la fermeture de leur commerce. Pour rappel, quatre laiteries avaient été fermées pour non respect du cahier des charges. Cette décision a été prise, mardi, lors d’une rencontre ayant réuni les ministères, respectivement, de l’Agriculture et du Commerce, les responsables des différentes laiteries nationales et l’Office national interprofessionnel du lait et produits laitiers (ONIL), a déclaré le ministre Abdelkader Bouazgui. Selon lui, d’autres laiteries pourraient connaître le même sort si elles ne respectaient pas ce cahier des charges, alors que des comités permanents, installés par les ministères de l’Agriculture et du Commerce, assurent le suivi et le contrôle des laiteries au niveau de la production.

Une chose est sûre : plusieurs sons de cloche se font retentir sur l’origine du problème, et chacun y va de son argument et les acteurs de cette situation, se jettent la pierre mutuellement. Présent à cette rencontre, représentant du ministère de l’Agriculture, Noureddine Beskri, a évoqué une «responsabilité collective». Il a souligné que la poudre du lait «est utilisée pour d’autres fins». «Le problème existe dans l’utilisation de la poudre du lait», a souligné Beskri invitant toutes les parties à prendre leur responsabilité. «Toutes les parties ont leur part de responsabilité en commençant de la source (éleveurs) en passant par la laiterie et le commerçant jusqu’à son arrivée au consommateur. Il faut que chacun fait son rôle convenablement pour lutter contre ce que certains appellent pénurie», a-t-il indiqué. Des mesures sont prises pour trouver une solution à cette situation. Des contrôles sont effectués sur terrain, en collaboration entre les deux ministères (Commerce et Agriculture), au niveau des éleveurs, des laiteries et des distributeurs. «Le constat est que la poudre de lait n’était pas orientée vers ce qui est convenu : la subvention du lait pasteurisé. Certains distributeurs doivent s’organiser pour contrôler l’utilisation de cette poudre». Pour sa part, le président de la Fédération nationale des distributeurs de lait, Farid Oulmi voit que l’origine de cette crise est les mesures prises par le gouvernement liées à réduction de l’importation, notamment la poudre du lait. «Nous en tant que distributeurs actifs sur terrain, on demande d’arrêter ces accusations», a-t-il noté. Revenant au cas de la laiterie de Bir Khadem qui a connu une baisse en termes de production, Farid Oulmi dit : «c’est la mère de toutes les laiteries. Avant elle produisait 600 000 litres et couvrait les besoins de 57 communes. Actuellement elle produit 420 000 litres », a-t-il ajouté. «Aujourd’hui la situation fait partie d’elle-même, le citoyen est contraint de se lever tôt pour acheter un sachet de lait. C’est de la honte !», déplore-t-il en prenant la défense des distributeurs.

Des procédures prises afin de suivre et de contrôler la traçabilité du lait en sachet

A rappeler que Bouazgui a fait savoir que le principal problème résidait dans la phase de distribution. A cet effet, des procédures ont été prises afin de suivre et de contrôler la traçabilité du lait en sachet depuis sa production jusqu’à sa vente au détail. Il a, à ce titre, fait part d’une feuille de route établie par le ministère du Commerce et adressée à toutes les Directions du commerce des wilayas afin de suivre la traçabilité de ce produit de première nécessité. Pour mettre fin à toute spéculation sur le lait subventionné, des opérations de suivi et de contrôle sont engagées, et ce, tant au niveau de la production qu’au niveau de la distribution, a indiqué Bouazghi qui a réaffirmé le maintien du prix du lait en sachet. A ce propos, il a réitéré que sur décision du président de la République, il n’est pas question d’augmenter, actuellement, le prix du lait, rappelant que la loi de Finances 2018 a prévu un budget de 32 milliards de dinars pour couvrir les dépenses de subventions. La réunion tenue, ce mardi, au siège du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, en présence de Bouazghi et de représentants du ministère du Commerce et de l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL) a abouti a un accord sur l’introduction d’une «nouvelle clause» dans la convention liant l’Office aux propriétaires des laiteries, faisant obligation à ces derniers de présenter un document détaillant les quantités produites et distribuées sur lequel figureront les cachés apposés par les distributeurs, dans le but de définir le circuit réel du lait subventionné. Le directeur général adjoint de l’ONIL, Khaled Soualmia a fait savoir que les laiteries n’observant pas les dispositions de la convention signée avec l’Office seront exclues définitivement du programme d’approvisionnement en poudre de lait.

Cette démarche a pour objectif «la traçabilité de la poudre de lait, à partir de l’étape d’approvisionnement jusqu’à l’arrivée du produit fini au niveau des commerçants en détail»

Pour «la traçabilité de l’activité des transformateurs», il a été convenu de la mise en place de commissions mixtes comprenant des agents de l’ONIL et des ministères de l’Agriculture et du Commerce pour s’assurer de la véracité des informations fournies par les propriétaires des laiteries. «Il est inconcevable que le marché demeure sujet à ces perturbations au moment où l’ONIL double les quantités de poudre destinées aux transformateurs», a affirmé Soualmia. Soulignant que «le volume d’approvisionnement des laiteries en poudre de lait a augmenté de près de 30% de 2009 à fin 2017, pour arriver début 2018 à 175 000 tonnes», le même responsable a estimé que ce volume «est suffisant pour satisfaire largement la demande des transformateurs pour peu que la poudre de lait ne soit pas détournée d’autres fins». Quelque 118 laiteries réparties sur l’ensemble du territoire national, dont 15 complexes publics, sont conventionnés avec l’ONIL qui dispose d’un stock stratégique de 3 mois.