La bataille de Djebel Sikh, qui s’est déroulée en Novembre 1957 près du village de Sidi Messaoud, dans la commune d’Ouled Maâla (est de Mostaganem), constitue un haut fait d’armes dans la 4e zone de la wilaya V historique, appelée «région du Dahra ouest», selon plusieurs spécialistes en histoire de la région. Cette bataille, qui a débuté le 14 Novembre pour se poursuivre pendant 9 jours, a eu lieu après que l’armée coloniale française ait assiégé Djebel Sikh et les grottes qui abritaient les Moudjahidine, et que les chefs de la Révolution utilisaient comme centre de transit entre les wilayas IV et V historiques, ainsi qu’un lieu de réunions et un dépôt d’armes. Le site abrite également un hôpital de campagne accueillant de nombreux blessés et malades, a indiqué le professeur d’histoire moderne et contemporaine à l’université «Ibn Khaldoun» de Tiaret, le Dr Mohamed Bellil. L’universitaire a ajouté que les archives et les témoignages des Moudjahidine montrent la vaillance avec laquelle une soixantaine de Moudjahidine ont fait face aux forces coloniales qui ont bombardé la région à l’aide d’avions de guerre et d’hélicoptères. Des parachutistes et des soldats de l’infanterie, appuyés par des chars et des véhicules blindés, ont encerclé les lieux, comme il eut recours à des armes chimiques interdites au niveau international. Le Dr Bellil a poursuivi : «les soldats français, dont le nombre était estimé à 6000 hommes, n’ont trouvé aucun moyen de s’introduire dans cette place fortifiée, au terrain accidenté face à la fermeté et à la détermination des Moudjahidine. Ils ont donc utilisé des gaz toxiques internationalement interdits sur une zone ne dépassant pas deux kilomètres carrés, ce qui a entraîné la mort de 23 Moudjahidine et à l’arrestation du reste des combattants de la résistance, dont des Moussabiline». Il a indiqué que parmi ces martyrs figurent le commandant du bataillon appelé «Si Salem» (le martyr Baghdali Miloud), «Si Tarik» (le martyr Lezrag Khaled), Si Mohamed (le cheikh du Arche de Seddaoua), Si Abderrahmane (cheikh du Arche des Beni Zentis), Si Abdelhamid , le responsable des communications et de l’information, et Benwalid, le commissaire politique de la région. L’empoisonnement de l’endroit a conduit à l’arrestation du nombre restant de Moudjahidine, dont le commandant de la zone, le commandant du bataillon «Djounoud Dahra», le responsable du magasin de la grotte et les deux infirmières, Belhachemi Nouria et Bouchra Khadidja, qui supervisaient l’hôpital de campagne, a souligné le Dr Bellil. Et d’ajouter : «Les forces coloniales ne se sont pas contentées d’utiliser des armes prohibées, d’attaquer un hôpital et d’agresser des patients sans défense, mais ont détruit les grottes pour cacher leur crime et punir les habitants du village de Sidi Messaoud, qui étaient un fort soutien de la révolution, et soumis par la suite aux pires formes d’abus, y compris ceux tombés dans le camp de la mort «Kerial» dans la ville de Cassaignes (Sidi Ali actuellement). Pour sa part, le professeur de sciences politiques à l’université Moulay-Tahar de Saïda, le Dr Bessila Nadjib, a souligné que «l’utilisation par la France d’armes internationalement interdites n’était pas isolée ou limitée à des cas spécifiques. L’utilisation massive de gaz toxiques sous forme de bombes ou d’obus a commencé en 1956 à cibler les points fortifiés de l’ALN, en particulier les quartiers généraux de commandement et les hôpitaux de campagne». Les Algériens se sont retrouvés à plusieurs reprises confrontés aux gaz toxiques, comme cela s’est produit dans les monts de Blida (1950), Laghouat (1952), la Casbah à Constantine (1959) et avec les habitants des Issers à Boumerdès et lors de toutes les opérations menées par les parachutistes, qui emportaient avec eux le gaz moutarde mortel, dans le cadre de ce qu’on a appelé la «guerre des cavernes», ajoute la même source. Le Dr Bessila a indiqué que «l’usage excessif et intentionnel des gaz toxiques et du napalm, qui est resté secret, était la face la plus hideuse du colonialisme français, qui n’a pas hésité à transformer les terres algériennes en un terrain d’essais nucléaires et a effectué pas moins de 57 essais au Sahara». Il a, à cet effet, appelé à approfondir la recherche sur ces événements, en particulier après 1956, et à enquêter sur les faits dans tous les domaines qui ont été soumis à cette torture psychologique et physique systématiques, en particulier pendant la guerre des cavernes, qui a montré le courage des Moudjahidine lorsqu’ils ont fait face à l’armée coloniale. Cette dernière continuait à pratiquer les mêmes méthodes dans la région du Dahra, à commencer par les premières et seconde «enfumades» d’Ouled Sbih et celle d’Ouled Riah et Ouled Messaoud, des événements séparés d’un siècle et plus.
Un message immortel
Soixante cinq ans après cette bataille héroïque, son souvenir est toujours vivace et son message est immortel dans la conscience des Algériens et dans la mémoire des habitants du Dahra qui la commémorent, chaque année, avec beaucoup de gratitude aux martyrs et à leurs âmes pures qui se sont sacrifiés pour la patrie, a indiqué le directeur de wilaya des Moudjahidine et des ayants-droit, Dalila Benmessaoud. Elle a ajouté : «Ce grand souci de préserver la mémoire collective manifesté par les habitants d’Ouled Messaoud et des villages voisins a dépoussiéré cet événement. Sa commémoration est devenue un rendez-vous annuel, surtout après la réalisation, en 2020, d’un monument immortalisant les sacrifices des martyrs, non loin des grottes, qui sont encore une zone interdite en raison des effets des gaz toxiques». Les autorités locales ont récemment réalisé le «Livre d’or de Mostaganem», un document répertoriant divers événements et personnalités, dont la bataille de Djebel Sikh et la liste nominative des martyrs de l’ALN (40 Chahid) et l’organisation civile du FLN (113 martyrs) pour la commune d’Ouled Maâla. Cette publication est mise à la disposition des chercheurs, historiens et passionnés de l’histoire nationale.
Mancer T. / Ag.