Le président français, Emmanuel Macron, a affirmé hier que la République française « doit regarder en face » le massacre des Algériens à Paris et sa banlieue le 17 octobre 1961.
« Le 17 octobre 1961 fut le jour d’une répression violente de manifestants algériens », a reconnu le président français dans un tweet, soulignant que « la République doit regarder en face ce passé récent et encore brulant ». Pour le chef d’Etat français, « c’est la condition d’avenir apaisé avec l’Algérie et avec nos compatriotes d’origine algérienne ». C’est la deuxième déclaration d’un chef d’Etat français, après celle de François Hollande qui avait reconnu en 2012 « avec lucidité », au nom de la République, la « sanglante répression » au cours de laquelle ont été tués « des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ». Ce jour-là, les Algériens de Paris et sa banlieue, hommes, femmes et enfants, avaient décidé de braver le couvre-feu appliqué uniquement aux personnes au faciès maghrébins. Préparée par la Fédération du Front de libération nationale (FLN) de France, la manifestation pacifique a connu une répression des plus sanglantes en plein cúur de Paris au moment où des négociations pour l’indépendance de l’Algérie se déroulaient en Suisse entre le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et le gouvernement français. Des milliers d’Algériens, rappelle-t-on, ont été tués et blessés, et dont un nombre important a été jeté à la Seine par la police française. Le 17 octobre 2017, une lettre adressée au président Macron a été déposée à l’Elysée, rappelle-t-on, dans laquelle des personnalités, historiens et membres du mouvement associatif lui ont demandé d’aller dans le sens de sa déclaration d’Alger qualifiant la colonisation de « crimes contre l’humanité ». Ils lui ont demandé, à cet effet, de reconnaître officiellement la responsabilité de l’Etat français dans le massacre d’Algériens à Paris. Leur requête était restée lettre morte et aucune réponse ne leur a été fournie à ce jour. Dans une pétition lancée samedi dernier, plusieurs associations françaises, syndicats et partis politiques ont réitéré cette demande, souhaitant « une parole claire » des autorités françaises sur ce drame. « Que le président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’Etat. Comme il vient de le faire pour l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française et pour l’existence d’un système de torture généralisé », ont-ils écrit, soulignant que « ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l’islamophobie dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières ».
Anne Hidalgo : « La vérité historique permet de remonter les tragédies »
La vérité historique permet de remonter les tragédies, a indiqué hier la maire de Paris, Anne Hidalgo, estimant que l’histoire et la mémoire « nous aident aussi à grandir et à regarder l’avenir ». « L’Algérie est un pays frère avec lequel nous avons une part d’histoire, une part tragique, et la vérité historique permet de remonter tout cela », a déclaré à la presse la maire de Paris, à l’issue du recueillement à la mémoire des victimes algériennes du massacre du 17 octobre 1961. Pour Anne Hidalgo, ce moment de recueillement est « très important pour nous ». « Il est très important, bien sûr pour l’Algérie, mais aussi pour l’histoire de Paris qui se souvient aussi du combat de ces militants pacifistes qui s’est achevé tragiquement. On le sait, l’histoire et la mémoire nous aident aussi à grandir et à regarder l’avenir », a-t-elle ajouté. Au sujet de la stèle qui devra remplacer la plaque actuelle commémorative, Anne Hidalgo a indiqué qu’elle y travaille avec l’ambassadeur d’Algérie Abdelkader Mesdoua. « C’est vrai dès son arrivée à Paris, il m’a tout de suite posé la question de donner à ce lieu encore plus de solennité. Nous avons travaillé ensemble sur l’idée d’une stèle qui reprendra ce qui est écrit sur la plaque existante, mais qui nous permettra d’avoir ce moment de recueillement, de mémoire, très important pour nous », attestant que les mentalités, en France, « ont beaucoup évolué » sur la question mémorielle. « Il faut dire que les mentalités ont évolué, aujourd’hui personne ne remet en cause la stèle commémorative. Je n’ai reçu aucune opposition sur l’idée d’améliorer, d’aménager ce lieu de commémoration pour qu’il soit un lieu de recueillement encore plus solennel ». Sur les relations entre les deux pays, la maire de Paris a affirmé qu’il y a aujourd’hui en France, et à Paris, une communauté algérienne ou d’origine algérienne « très présente et très active dans la cité qui a permis de faire en sorte que les relations entre les deux pays soient des relations fécondes et constructives ». Pour sa part, l’ambassadeur d’Algérie a indiqué qu’en présence de la maire de Paris, ce recueillement est « pour nous un moment pour avancer ensemble et pour se rappeler ce qu’a été le sacrifice de la communauté algérienne pour l’indépendance de leur pays ». « La présence de tant de responsables (français), dont celle de madame la maire, demande s’il en n’était pas besoin de cette solidité dans ces liens, dans leur raffermissement », a-t-il dit, annonçant qu’il y a eu , hier une trentaine de rassemblements pour la commémoration de ces événements tragiques que l’ambassade et les postes consulaires en France vont accompagner. « Ce sera un moment de recueillement un peu partout en Ile-de-France. C’est une part de reconnaissance de qui a été fait et je crois que nous ne pouvons avancer qu’en reconnaissant ce qui a été fait, cette part commune dans l’histoire de nos deux pays », a-t-il conclu. La cérémonie de recueillement, devant la plaque commémorative de ce tragique événement, s’est déroulée, rappelle-t-on, en présence de l’ambassadeur d’Algérie en France, de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de témoins et moudjahidine, de personnalités politiques, des élus, du recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubekeur. Durant la cérémonie, à laquelle a participé un groupe d’élèves de l’Ecole internationale algérienne de Paris, l’ambassadeur et la maire de Paris ont déposé des gerbes de fleurs, avant d’observer une minute de silence.
Recueillement à Paris à la mémoire des victimes du massacre du 17 octobre 1961
Un recueillement a été observé mercredi sur le pont Saint-Michel à Paris à la mémoire des victimes algériennes du massacre du 17 octobre 1961 perpétré par la police française à Paris et sa banlieue. La cérémonie, devant la plaque commémorative de ce tragique événement, s’est déroulée en présence de l’ambassadeur d’Algérie en France, Abdelkader Mesdoua, de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de témoins et moudjahidine, de personnalités politiques, des élus, du recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubekeur. Durant la cérémonie, à laquelle a participé un groupe d’élèves de l’Ecole internationale algérienne de Paris, l’ambassadeur et la maire de Paris ont déposé des gerbes de fleurs, avant d’observer une minute de silence. Jour pour jour, il y a 57 ans, des Algériens ont été massacrés à Paris par la police française au cours d’une manifestation pacifique pour l’indépendance de l’Algérie qui était alors en pleine guerre de libération. Ce jour-là, les Algériens de Paris et sa banlieue, hommes, femmes et enfants, avaient décidé de braver le couvre-feu leur étant appliqué. Préparée par la Fédération du Front de libération nationale (FLN) de France, la manifestation pacifique a connu une répression des plus sanglantes en plein cœur de Paris au moment où des négociations entre le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et le gouvernement français se déroulaient en Suisse. Des milliers d’Algériens, rappelle-t-on, ont été tués et blessés, et dont un nombre important a été jeté à la Seine par la police française. La commémoration de ce massacre se déroule cette année dans un contexte particulier dans le sens où elle intervient à quelques semaines de la reconnaissance officielle, 61 ans après, de la responsabilité de l’armée française dans la disparition et l’assassinat de Maurice Audin, mathématicien, militant pour l’indépendance algérienne.
Synthèse O.M