La bonne prise en charge des Maladies infectieuses chroniques de l’intestin (MICI) passe nécessairement par leur dépistage précoce, a recommandé, hier à Alger, le Pr M’Hamed Nakmouche, Chef de service de Gastroentérologie au CHU de Bab El Oud, notant l’incidence croissante en Algérie de la maladie de Crohn.
S’exprimant lors d’une journée d’éducation destinée aux malades atteints de MICI et organisée par les laboratoires Janseen, le Pr Nakmouche a insisté sur la nécessité d’un dépistage précoce, afin de « prendre en charge tôt » ces maladies. De même qu’il a plaidé pour la création « de centres d’excellence » dédiés à ces pathologies qui incluent, outre la maladie de Crohn (MC), la Rectocolite hémorragique (RCH). Il a également préconisé une prise en charge « multidisciplinaire » des malades, « l’éducation thérapeutique » de ces derniers, ainsi que la possibilité pour eux d’être associés au « management » de leur maladie. Si les MICI sont plus fréquentes dans les pays industrialisés d’Europe et d’Amérique, il n’en demeure pas moins qu’elles « sont de plus en plus fréquentes » dans des régions comme le Maghreb, notamment dans le cas de la maladie de Crohn, a observé le spécialiste, relevant l’existence d’une centaine de formes de cette infection évolutive par poussées. Le Pr Nakmouche a, dans ce sens, déploré « l’absence » d’une étude globale sur la prévalence de ce type de pathologies en Algérie, faisant savoir, toutefois, que des études partielles, menées entre 1981 et 2016, font ressortir une hausse de 300 % de la maladie de Crohn durant la dernière décennie, affectant aussi bien les hommes que les femmes. En revanche, l’incidence de la Rectocolite hémorragique (RCH) est « relativement stable », a-t-il ajouté, notant « l’origine encore méconnue » de ces maladies. Néanmoins, a-t-il explicité, un « terrain génétiquement prédisposé » n’est pas à écarter parmi leurs causes potentielles, au moment ou le « rôle néfaste » du tabac a été clairement démontré. Pour sa part, le Pr Manouni, Gastroentérologue au CHU d’Oran, a souligné l’impact des MICI sur la femme enceinte et l’enfant, faisant savoir que les grossesses sont à éviter durant les poussées et recommandant aux futures mamans des précautions pour prémunir le bébé des effets induits par les traitements auxquels elle est soumise.
Les associations de malades s’organisent
Pour mieux cerner leurs maladies et apprendre à vivre avec, des patients souffrant des MICI se sont organisés autour d’associations qui activent dans certaines régions du pays pour également « faire valoir » leurs droits. Ainsi, dans l’attente qu’une structure représentative voit le jour à Alger, les malades s’échangent les informations et partagent leurs endurances via les réseaux sociaux, grâce à deux blogs destinés à cet usage. En revanche, les patients résidant à l’Ouest du pays sont mieux dotés en la matière, grâce à l’existence d’associations comme « El-Chiffa », créée à Oran en 2000, et qui compte actuellement 900 adhérents, issus y compris d’autres régions d’Algérie, précisent ses responsables. Entre autres activités initiées par ladite association, des visites périodiques aux malades hospitalisés, l’animation de groupes de paroles, l’organisation de sorties ludiques et récréatives ainsi que de journée de sensibilisation et d’information sur les MICI, etc. Les MICI se caractérisent par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif. En l’absence d’un traitement curatif, elles sont prises en charge par des médicaments qui permettent un « contrôle durable de la maladie et une qualité de vie satisfaisante en dehors des poussées ». Les MICI sont le plus souvent diagnostiquées sur des sujets jeunes, entre 20 et 30 ans mais peuvent également apparaître à tout âge.
Yasmina D