La Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme tire la sonnette d’alarme face à la «détérioration» du pouvoir d’achat des Algériens et met en garde contre davantage d’agitation du front social. Dans un long communiqué de presse dont L’Echo d’Algérie détient une copie, la LADDH dénonce la hausse des prix de plus de 15% dans les dernières semaines en dépit des rapports de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) qui assurent que les prix des principaux produits alimentaires importés par l’Algérie ont enregistré une baisse entre 9 et 19% sur le marché international. Une situation qui serait «entretenue» et «encouragée» par les lobbies de l’importation agroalimentaire, mettant ainsi à «rude épreuve» le pouvoir d’achat des couches moyennes de la société. Pour remédier à cette situation, la ligue propose une série de solutions et plaide à identifier les véritables rasions de cette flambée inexplicable des denrées alimentaires. «C’est clair, il y a un dysfonctionnement en ce qui concerne l’inflation qui connaît des augmentations et des baisses vertigineuses. La spéculation sur les denrées alimentaires par les lobbies, la présence d’une grande masse d’argent qui circule dans le circuit informel et la dévaluation du dinar par rapport aux monnaies d’achat à l’extérieur du pays, s’ajoutant à la faiblesse de la production nationale qui n’est pas à même de concurrencer les produits internationaux sont parmi les causes de la dégradation du pouvoir d’achat des Algériens», explique la LADDH qui souligne que les exportations algériennes hors hydrocarbures ne dépassent pas les 3% alors que la facture alimentaire est de l’ordre de 8,2 milliards de dollars en 2016 contre 9,3 milliards en 2015. La Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme insiste sur des projets d’investissement dans les industries agroalimentaires pour réduire la facture des importations et estime que la solution consiste dans le «relèvement» d’un salaire minimum «mieux adapté» aux réalités locales ou dans la mise en place d’un mécanisme «durable» et «opérationnel» pour «maîtriser» les prix de produits de large consommation. «Un dilemme qui prend ses racines dans une vision qui se réduit à un simple jeu d’écritures en matière de finances», a-t-elle indiqué. Pour la LADDH, il est nécessaire à ce que l’Etat «continue» à être «acteur» dans certains secteurs sensibles comme le transport, la santé et l’enseignement, à «soutenir» les entreprises productrices des produits de large consommation et «d’imposer» des taxes sur les marchandises importées afin de «préserver» l’économie nationale. «Nous appelons également à l’instauration d’un système fiscal transparent et impartial, moderne et indépendant. Nous souhaitons également un environnement économique et social qui répond à des règles claires et respectées par tous les intervenants économiques», a t-elle poursuivi. Tout en considérant que l’Etat doit continuer à «soutenir» directement les produits de large consommation et à «baisser» l’impôt sur le revenu global, la LADDH plaide par ailleurs, à l’éradication du marché informel et de retourner à l’utilisation des chèques bancaires et des factures dans les transactions commerciales. «Il faut éradiquer le marché informel de devises qui est une source de financement de plusieurs activités illégales à l’instar du blanchiment d’argent au même temps où les banques publiques et privées connaissent de grandes difficultés», a-t-elle noté en évoquant aussi la nécessité de «promouvoir» la production nationale et d’aller vers des subventionnements «plus ciblés» en faisant en sorte de «ne pas aider» les producteurs et les commerçants fictifs.