L’inflation et c’est une loi universelle, joue comme facteur de concentration des revenus au profit des revenus variables et pénalise les revenus fixes, étant source d’incertitude tant pour les ménages que pour les investisseurs qui se réfugient dans des valeurs spéculatives.
1.-Nous avons assisté entre 2021 et 2024 à une augmentation des pénuries qui ont amplifié le taux d’inflation , du fait du manque de planification stratégique afin de préserver le montant des réserves de change qui ne sont qu’un signe monétaire qu’il s‘agit de transformer en richesses réelle : entre 100 et 200% de pièces détachées , voitures et camions et autres produits durables à forte demande facilement stockable : ainsi celui qui avait stocké ces produits en Algérie d’une valeur d’un 300 millions de dollars se retrouve avec une valeur augmentant du double au triple entre 600 et 900 millions de dollars. Pour le FMI après correction des données algériennes tenant compte des prix réels sur le marché de 1970 à fin 2023, la moyenne a été de 8,8% par an et durant cette période le taux d’inflation aurait été de 6969,61% où un bien de consommation qui coûtait 100 dinars en 1970, coûte 7069,01 dinars à fin décembre 2022. Selon Statisca International corrigeant légèrement les données de l’ONS entre 2014 et fin 2023, l’inflation en Algérie a évolué ainsi : de 2014 à 2023 : 2014-2,92%, 2015 4,78%-2016 6,40%- 2017-5,59% – 2018 -4,27%- 2019- 5,60%- 2020- 6,70%- 2021-8,70% – 2022- 10,20% – 2023- 9,2%, avec une relative stabilisation entre 5/6% pour le premier trimestre 2024, puis à nouveau une accélération depuis de mai décembre 2024. Ce ne sont que des approximations, car l’ONS, organe officiel algérien de la statistique, doit revoir le calcul de l’indice car le besoin est historiquement daté : exemple avoir un ordinateur et se brancher sur internet est un nouveau besoin ignoré dans le calcul de l‘indice vers les années 1960/1970). Or si selon le FMI reprenant les données du gouvernement, le PIB par tête d’habitant se situe à 5260 dollars en 2023, ce montant global voile les importantes disparités par couches sociales devant être éclatées. Le SMIG en Algérie est actuellement 20.000 dinars soit 140 dollars par mois et corrigé par le cours sur le marché parallèle à moins de 95 dollars /mois. Mais pour avoir le pouvoir d’achat réel, ce montant doit être corrigé en augmentation par le montant des transferts sociaux ,dont des subventions généralisées et mal ciblées donc injustes qui pour l’année 2023 ont été de plus de 37 milliards de dollars pour un PIB estimé par la loi de finances 2023 à 248 milliards de dollars soit près 15% du budget de l’État. Sans les subventions le taux d’inflation dépasserait largement les 20%.
2.- Dans ce contexte, je propose d’analyser les sept facteurs du processus inflationniste où dans une véritable économie de marché le taux directeur des banques doit être supérieur à deux à trois points au taux d’inflation sinon pour éviter leurs faillites l’assainissement par le trésor public. premièrement , outre le niveau relativement faible de l’investissement direct étranger dans des projets structurants , 1,2 milliards de dollars en 2023 selon la CNUCED dont plus de 70% relevant des hydrocarbures, la faiblesse de la production interne, et notamment des exportations hors hydrocarbures étant passé de 7 milliards de dollars en 2022 à 5 milliards selon la banque d’Algérie et sur ces 5 milliards de dollars près de 67% étant des dérivées d’hydrocarbures. Et pour mieux cerner l’impact des différents segments hors hydrocarbures, il faudrait dresser la balance devises nette au profit du trésor algérien en déduisant les matières premières payées en devises, les différentes subventions taux d’intérêts bonifiés, le bas coût du transport le prix de l‘énergie notamment du gaz à environ 20% du prix international pour certains segments sidérurgiques et le clinker qui est un constituant du ciment obtenu par calcination d’un mélange d’acide silicique d’alumine , d’oxyde de fer et de chaux, l’Algérie exportant le produit fini le ciment. La contribution réelle du secteur privé national malgré les différents soutiens l selon nos informations représente à peine 150 millions de dollars soit 3% des exportations totales évaluées en 2023 à 55 milliards de dollars en 2023 et ce pour différentes raisons dont les entraves bureaucratiques qui entravent son émergence Car , l’économie algérienne est caractérisée par une désindustrialisation, alors que ce secteur est un des facteurs déterminant de la croissance de l’économie nationale. La part de l’industrie dans le PIB et le PIB hors hydrocarbures (source officielle APS) est sur une courbe décroissante entre 1965/2023, 1965/1977 près de 13% du PIB, 11% entre 1985/1999 et 6,6% en 2000/2005 et, selon le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, le secteur industriel national en Algérie contribue fin 2023 à 4,1% du PIB (source APS – 12 mai 2024) ; deuxièmement, le dérapage accéléré du dinar officiel qui est passé en 2010 à 74,31 dinars un dollar , en 2020 à 128,31 dinars 1 dollar et courant décembre 2024 entre 134 et 137 dinars un dollar. Or le produit arrivé au port algérien est reconverti en dinar dévalué auquel il faut ajouter les taxes douanières, puis la marge du grossiste et du détaillant pour arriver au consommateur. Ce processus est amplifié par le poids de la sphère informelle qui contrôle 34% de la masse monétaire en circulation selon le rapport de la banque d’Algérie de nombre 2024 e de larges segments de la sphère réelle. Du fait des pénuries selon la loi de l’offre et de la demande, bon nombre de produits s’ alignent sur le cours du dinar du marché parallèle dont la différence avec le cours officiel est passé en 10/15 ans de 440/50% à plus de 80% le dernier trimestre 2024 accentuant le processus inflationniste ; troisièmement, la corruption via les surfacturations qui répercute sur la hausse des prix . Malgré des importations de biens et services, sans compter les dépenses en dinars, en devises importantes entre 2000/2023 plus de 1100 milliards de dollars , la croissance a été en moyenne annuelle 2000/2023 entre 2 et 3% alors qu’elle aurait dû dépasser 9/10% : mauvaise gestion ou corruption ou les deux à la fois. Pour la Banque mondiale , la croissance en Algérie est tirée essentiellement directement et indirectement par la dépense publique via la rente des hydrocarbures pour 2023 à 4,2 % et pour 2024 une prévision de 4%. Mais nous assistons à une baisse des recettes des hydrocarbures qui tiennent la cotation du dinar via les réserves de change donc influençant le processus inflationniste à près de 70% ; quatrièmement , lié au facteur précédent , les surcoûts des projets influent sur le niveau de productivité et donc indirectement sur la cotation du dinar, sans compter les surfacturations des projets en dinars algériens, qui expliquent les surcoûts des projets avec des malfaçons surtout dans le BTPH Selon le Premier ministère, l’assainissement des entreprises publiques ont coûté au Trésor public, environ 250 milliards de dollars, durant les trente dernières années à fin 2020, dont plus de 90% sont revenues à la case de départ et plus de 65 milliards de dollars de réévaluation, les dix dernières années à fin 2020, faute de maîtrise de la gestion des projets Ces assainissements sont continué entre 2023 ; cinquièmement, ,la population algérienne qui a évoluée ainsi :– 1960 11,27, – 1970 14,69, -1980 19,47, -1990 26,24, -2010 à 37,06 et au 01 janvier 2024, 46 044 729 habitants et 48 millions depuis janvier 2024 accentue la couverture des besoins à tous les niveaux, consommation, logements, emplois etc. voir étude pour la présidence de la république sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul pour la révision salariale, Pression démographique, inflation et évolution salariale (4 volumes 560 pages .2008) ; sixièmement, l’inflation importée du fait de l’extériorisation de l’économie algérienne revoyant à la faiblesse de la production et de la productivité interne plus de 85% des besoins des entreprises , le taux d’intégration 2023/ 2024 ne dépassant pas les 15% ; septièmement, l’accroissement du déficit budgétaire qui, c’est une loi universelle appliquée à tous les pays, contribue à accélérer le processus inflationniste. Pour la loi de 2024, le budget de l’Etat prévoit des dépenses à 15.275,28 milliards DA en 2024 et des recettes de 9.105,3 milliards de DA, soit un déficit budgétaire d’environ 46 milliards de dollars. La loi de finances prévisionnelle 2025, élaborée sur la base d’un prix de référence fiscal du baril de pétrole à 60 dollars et d’un prix de marché à 70 dollars (comme en 2024), prévoit une croissance économique de 4,5 % en 2025, ainsi qu’une augmentation des volumes d’exportation des hydrocarbures de 1,9 %. Les dépenses budgétaires prévues pour 2025 s’élèvent à 16 794,61 milliards de dinars, soit 125,34 milliards de dollars, une hausse de 9,9 % par rapport à 2024. Les recettes budgétaires sont quant à elles estimées à 8 523,06 milliards de DA (63,60 milliards de dollars), en augmentation de 3,5 % par rapport à 2024, principalement grâce à une hausse de 9 % des recettes fiscales. Par conséquent, le déficit budgétaire devrait s’accentuer, passant de 7 039,66 milliards DA (19,8 % du PIB) en 2024 à 8 271,55 milliards DA (21,8 % du PIB) en 2025, soit 61,72 milliards de dollars au taux de change de 134 dinars pour un dollar. Pour l‘Algérie, pour assurer son équilibre budgétaire un cours du baril de plus e 140 dollars pour la loi de finances 2023, plus de 150 pour celle de 2024/2025 contre 110 pour celles de 2021/2022 ,le prix fiscal et le prix du marché contenu dans les lois de finances 2023/2024 de 60/70 dollars étant simplement un artifice comptable. Cette dépréciation du dinar officiel permet d’augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures (reconversion des exportations d’hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu’en euros convertis en dinar dévalué), accentuant l’inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens, montant accentué par la taxe douanière s’appliquant à la valeur du dinar, supportée, en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l’entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité.
En conclusion, .attention à l’euphorie car pour que la mesure décidée par le gouvernement ait un impact positif, en attendant les dispositions précises, en espérant qu’elles ne seront pas restrictives sinon cela n’aurait peu d’impacts, à compter du 01 janvier 2025, de l’allocation devises de 750 euros au cours officiel, par personne et par an ait un impact substantiel sur l’écart entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle qui est le 23 décembre 2024 140,37 dinars un euro et sur le marché noir un euro s’échange à l’achat 246 dinars un euro , après avoir atteint 258/260 dinars un euro , 75,70%, il faudrait que la marge ne dépasse pas 20%. Car ,l’appréciation du dinar , la lutte contre l’inflation et le chômage, étant les maladies apparentes du corps social, pour un impact durable, suppose un accroissement de la production et de la productivité interne, la véritable richesse d’une Nation reposant sur des entreprises compétitives dont le support est la valeur travail et non sur une rente éphémère, comme nous l’ont appris les classiques de l’économie. Pour l’Algérie il faut un taux de croissance, selon les institutions internationales de 8/9% sur plusieurs années pour absorber un flux de demande d’emplois par an entre 350.000/400.000 qui s’ajoute au taux de chômage actuel. Le cadre macro financier réactivent stabilisé est actuellement fonction essentiellement des recettes des hydrocarbures qui sont passées de 60 milliards de dollars , en 2022, à 50 en 2023 et devrait se situer entre 43/45 milliards de dollars en 2024. Les réserves de change ont clôturé -hors or-173 tonnes-, à près de 70 milliards de dollars fin 2023, la dette extérieure relativement faible , 1,6% du PIB mais avec une accélération selon le FMI de la dette publique brute intérieur qui a été de 55,1% en 2023,avec des prévisions de 58,8% en 2024 et 63,9% en 2025 . La lutte contre l’inflation suppose une croissance forte en libérant les initiatives des managers publics et privés et devant mettre fin au blocage de l’écosystème dont la gestion administrative qui enfante un pouvoir bureaucratique central et local sclérosant , la vocation de tout Etat étant d’être régulateur et non gestionnaire.