Les fondamentaux de la détermination du cours  du dinar algérien sur le marché officiel: Les raisons de sa dépréciation sur le marché parallèle  et l’impact sur le  processus inflationniste

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Cette présente contribution qui a fait l’objet d’un débat télévisé le 02 octobre 2024,   traite d’un  sujet capital que j’aborderai en deux parties interdépendante premièrement , les raisons et les impacts  de la  détraction du dinar algérien  sur le marché parallèle , son écart avec le cours officiel et deuxièmement  les raisons du le processus inflationniste   en Algérie. Dans plusieurs contributions depuis de fin 2010 à septembre  2024 -www.google.com 03 novembre 2011-dernière contribution parue au magazine international  Financial Afrik le 24 septembre 2024 ) j’ai mis   en garde les gouvernements successifs d’éviter de  s’attaquer aux apparences qui à terme accélère le mal mais  à l’essence  les deux maladies de tout  écosystème économique  étant l’inflation et le chômage lorsqu’ils prennent de l’ampleur  étant le produit du dysfonctionnement  du corps social et de l’inefficacité des politiques  socio-économiques

1.-Les mécanismes de la cotation officielle du dinar  et les cinq raisons de  son écart avec le cours officiel

1.1- Pour la  cotation officielle nous avons assisté à deux périodes . Avant 1964, l’Algérie faisait partie de la zone monétaire du franc à l’instar des autres ex-colonies africaines  Pour la première période  de 1964/1974, le dinar était équivalent à plus ou moins 1 franc français se cotait 1 dollar américain  soit 4,94 dinars un dollar, alors que la cotation du dinar tunisien se cotait à 9,40 un dollar  américain,   en 1975 la cotation était de  3,95  un dollar ,en 1980, 4,21 ; en  1985, 4,01, en 1990,7,86 dinars un dollar. Le  cours du Dinar était déterminé indépendamment de toute considération économique, c’est-à-dire de façon administrative, voire politique et les parités sont maintenues relativement stables le long de cette période ne répondant à aucun critère économique.   Pour la deuxième   période, le cours officiel du dinar algérien est en constante dépréciation avec une relative stabilisation durant  l’année 2024, mais où il serait intéressant  pour la période de 1974/ à septembre 2024  d’analyser l’évolution de la cotation de ces 14  monnaies étrangères et notamment depuis le 01 janvier 1999 avec la naissance de l’euro  rapport euro/dollar,  pour voir s’il y a eu corrélation  avec l’évolution de la cotation officielle du dinar algérien, son écart avec le marché parallèle   et s’il n’y a pas  eu des doses d’injections administratives  pour des raisons politiques,  ce qui ne reflèterait pas sa valeur réelle par  rapport au marché.   Le 10 avril 1994,le dinar connaît une dévaluation  de 40,17 %, suite à la cessation de paiement et les accords avec le FMI où le cours en 1995 a été de 44,61 dinars un dollar.  En    2001,   la cotation a été  de 77, 26 dinars 1 dollar et 69,20 dinars un 1 euro- 2005,  73,36 dinars 1 dollar et 91,32 dinars 1 euro- 2010  74,31 dinars 1 dollar et 103,49 dinars 1 euro -2015 , 100,46 dinars 1 dollar et 111,44 dinars 1 euro- 2016 , 100,46 dinars 1 dollar et 111,44 dinars 1 euro -2017,  110,96 dinars  1 dollar et 125,31 dinars 1 euro – 2018,  116,62 dinars 1 dollar et 137,69 dinars 1 euro – 2019,  119,36 dinars 1 dollar et 133,71 dinars 1 euro – 2020, 128,31 dinars 1 dollar et 161,85 dinars 1 euro – 2021 , 134,03 dinars 1 dollar et 157,80 un euro- 2022, 140, 24 pour 1 dollar et 139,30, un dinar pour 1 euro- 2023,  du 21 au 25 septembre 2023 à 137,0471 dinars 1 dollar et 146,2567 un euro – le 12 mars 2024 , nous avons 134.3632 dinars un dollar , 146.8993  dinars un euro  et le 02 octobre 2024 le dinar officiel est coté à 132,4056 dinars un dollar et 147,1758 dinars un euro. 

1.2 – Le  cours du dinar officiel  est fixé officiellement en confrontant l’offre unique de la Banque d’Algérie et la demande de devises des banques commerciales, la politique de change ayant a pour objectif le maintien du taux de change effectif réel du dinar à son niveau d’équilibre déterminé par les fondamentaux de l’économie nationale que sont le prix du pétrole, le différentiel de l’inflation et de la productivité entre l’Algérie et ses partenaires commerciaux étrangers. Régi par   le règlement 95-08 du 23 décembre 1995 relatif au marché interbancaire des changes  -le règlement  2017-01 du 10 juillet 2017 relatif au marché interbancaire des changes  et aux instruments de couverture du risque de change  et enfin le règlement 20-04 du 15 mars 2020 relatif au marché interbancaire des changes ,des opérations de trésorerie et aux instruments de couverture du risque de change et  début de l’année 1996, un marché de change interbancaire fut mis en place avec de nouvelles dispositions réglementaires régissant la convertibilité du Dinar sont dictées , autorisant  une convertibilité, quoique partielle, des transactions courantes en exerçant un contrôle strict sur les transferts de capitaux Le marché interbancaire des change  est organisé trois compartiments :le compartiment du marché au comptant  spot,  le marché des changes à terme   et les  intermédiaires agréés sont autorisés à effectuer, pour leur propre compte ou pour le compte de leur clientèle, des opérations de couverture de risque de change devises contre Dinar qui est un marché entre banques et établissements financiers, intermédiaires agréés qui  regroupe toutes les opérations de change au comptant ou à terme entre monnaie nationale et devises étrangères librement convertibles

1.3 – Paradoxe, bien que cette mesure de dévaluation, notamment après 1994, , s’est soldée par le  rétablissement des équilibres macroéconomiques que l’aisance financière relative  permis  grâce aux des recettes pétrolières importantes et l’amélioration des ratios de la dette extérieure  contrairement aux pays à économie de marché ou émergents comme la Chine où toute dévaluation a un impact  positif sur la sphère réelle, en dynamisant  les exportations,  , les dévaluations nominales successives en Algérie n’ayant pas donné , les résultats escomptés, le blocage étant d’ordre systémique, pour preuve peu d’impacts sur les exportations hors hydrocarbures de 1988 à 2023  avec de surcroît un impact inflationniste .   Ce qui  fait dire à certains experts que  le pouvoir d’achat du dinar algérien  n’est pas à son niveau d’équilibre .préconisant  la convertibilité intégrale du dinar rejoignant les thèses ultra libérales du FMI  dont  les statuts astreignent ses membres à déclarer leur régime de change et à s’interdire toute manipulation du taux de change de nature à leur conférer un avantage compétitif, les manipulations du taux de change étant  à ranger dans la catégorie des barrières non tarifaires qui faussent la concurrence entre les nations.  Selon la voix officielle, une réévaluation de la monnaie algérienne générerait inévitablement une tension inflationniste tirée par une évolution de consommation, devant se faire d’une manière progressive  propre à l’Algérie, un pays importateur par excellence et dépendant essentiellement pour  ses ressources en devises des hydrocarbures.   C’est que  la convertibilité totale du dinar suppose la levée de tous les garde-fous, conditionnée par la garantie d’une parfaite confiance en la monnaie algérienne  l’ouverture du compte capital relevant  d’une opération à haut risque, à l’heure où l’économie du pays est accrochée au seul fil des hydrocarbures. Car il est démontré  à travers la triangularisation de  la structure du PIB qui en statique, les hydrocarbures représentent  30/33% du PIB, en réalité indirectement  via la dépense publique  irriguant l’ensemble des autres  secteurs via les importations de matières premières et équipements  représentent 75% du PIB. Encore que se pose ce paradoxe : pourquoi  selon  une étude de la  banque africaine de développement,, le dinar algérien  sur 55 pays n’arrive qu’en 23e position, ne reflétant   pas le réel poids de l’économie algérienne qui a été classé en 2022/2023 la 4eme puis  la 3eme puissance  économique en Afrique.  L’expérience la plus intéressante à analyser est l’’expérience du Venezuela  mono exportateur d’hydrocarbures , bien qu’ayant certes un pétrole lourd la première réserve mondiale : s’il  y a  baisse de 50% des réserves de change via les recettes d’hydrocarbures, le cours officiel s’orienterait  vers 250 dinars un dollar avec un écart de 50/60% sur le marché parallèle.. .

 1.4 – Bien que le montant global  sur le marché  parallèle par rapport aux  transactions faites au cours officiel,  fluctuant entre 5  – 10%, le cours du dinar  sur  le  marché  le parallèle qui reflète le cours réel  , les lois économiques sont insensibles aux slogans populistes, le 01 octobre  2024   l’euro s’échange à 252,00 dinars algériens à l’achat et 254,00 dinars  le dollar américain  est à 224,00 dinars à l’achat et 226,00 dinars à la vente et la livre sterling britannique s’achète à 286,00 dinars et se vend à 288,00 dinars,  soit un écart par rapport à la cotation officielle de la banque d’Algérie de près de /70% contre un écart en 2023 de 50%. Pour la journée du 02 octobre 2024,   du fait de la rumeur dévastatrice d’un changement du dinar , les autorités devant réagir pur dénoncer cette fausse information,  qui menace la sécurité nationale ,  faute d’un système de communication transparent, il y a eu assèchement  des places, pour les  quelques montants échangés- cours vente,   100 euros s’est échangé désormais  entre 25 800 DA ou 25 900 DA sur le marché parallèle et sur certaines places  à  26 000 DA pour 100 euros., la  sphère  informelle représentant   55,18 milliards de dollars  de la masse monétaire en circulation une fraction s’étant portée massivement sur l’achat de devises.  Je recense cinq  facteurs qui expliquent la différence entre l’officiel et le marché parallèle : Premièrement, la faiblesse de l’allocation devises tant aux citoyens qu’aux entreprises notamment privées pour leur fonctionnement:  Deuxièmement ,  l’importance de la sphère informelle produit de la faiblesse de l’offre , de la désorganisation des circuits de distribution , avec des restrictions aux importations sans ciblage provoquant des pénuries  amplifiant  le commerce dit du « cabas » que l’on ne combat pas par des mesures administratives .  La demande provient de simples citoyens qui voyagent : touristes, ceux qui se soignent à l’étranger et les hadjis du fait de la faiblesse de l’allocation devises dérisoire d’environ 100 euros. Afin de lutter contre la sphère informelle ,  selon la Banque d’Algérie, la numérisation des paiements devrait s’orienter vers l’adoption d’une forme numérique de monnaie dont elle assurera l’émission, la gestion et le contrôle sous le nom de dinar numérique algérien. Mais l’on ne doit pas confondre la monnaie numérique avec les crypto-monnaies qui circulent sur Internet hors de toute institution bancaire, ne reposant pas sur un tiers de confiance, comme une banque centrale, n’ayant pas d’autorité centrale d’émission ni de régulation. Par ailleurs, l’opérationnalité des bureaux de change  promises  en 2023/2024, qui n’ont pas encore vu le jour, qui ne date pas d’aujourd’hui puisque les dispositions du règlement n°95-07 du 23 décembre 1995 modifiant et remplaçant le règlement n°92-04 du 2 mars 1992 relatif au contrôle des changes notamment ses articles 10 à 15, plus de 40 bureaux de change ont été agréés, aucun n’étant opérationnel, suppose une démarche progressive, la stabilité juridique et monétaire par la maîtrise du processus inflationniste, la refonte du système financier dont les banques publiques accaparent plus de 85% des crédits octroyés et que si l’écart entre l’officiel et le marché parallèle est entre 10/15% maximum.  Troisièmement , les agences de voyages qui, à défaut de bénéficier du droit au change, recourent, elles aussi, aux devises du marché noir étant importateurs de services. Majoritairement, elles exportent des devises au lieu d’en importer comme le voudrait la logique touristique.  Par ailleurs certaines grosses fortunes utilisent le marché parallèle pour le transfert de devises, puisque chaque Algérien et étranger  a droit par voyage à 1000 euros non déclarés, certains utilisant leurs employés  pour augmenter le montant, assistant certainement, du fait de la méfiance, à une importante fuite de capitaux .  Quatrièmement ,  pour se prémunir contre l’inflation, et donc la détérioration du dinar algérien accentue  la déthésaurisation des ménages qui mettent face à la détérioration de leur pouvoir d’achat achètent des devises où avec  l’anticipation d’une dévaluation rampante du dinar, a un effet négatif sur toutes les sphères économiques et sociales, dont le taux d’intérêt des banques qu’elles devraient relever de plusieurs points, s’ajustant aux taux d’inflation réel et freinant, à terme, le taux d’investissement à valeur ajoutée.  Cinquièmement,  Car   il y a eu une baisse des transferts avec les décès des retraités à l’étranger, cette  baisse de l’offre de devises a été contrebalancée par les transferts légaux  de  fortunes acquises  par la communauté algérienne  à l’étranger et d’opérateurs locaux  à travers  des surfacturations, utilisant la distorsion taux officiel et taux du marché parallèle,  en complicité avec les opérateurs étrangers,  , faisant rentrer une partie pour les placer  notamment dans l’immobilier  qui ont fait transiter des devises en Algérie, montrant clairement que le marché parallèle de devises est bien plus important que les 4/5 milliards de dollars couramment déclaré . Cependant  s’il y a  restriction  pour la sortie, tout voyageur peut faire rentrer le montant en devises  en le déclarant  ce qui par le passé a accru l’offre,  il semblerait  sans compter les sorties de devises illégalement , combiné à la restrictions  des importations et au stockage de devises pour se prémunir , contre l’inflation, , que depuis  2023, du fait de la méfiance, le montant transféré légalement ou illégalement est en nette baisse  de qui a accru les tensions sur le stock de  devises sur le marché parallèle , le déséquilibre croissant  .entre l’offre et la demande , expliquant la flambée du cours du dinar sur le marché parallèle et par rochet sur le processus inflationniste .

A suivre …

Abderrahmane MEBTOUL  Professeur des universités, Expert international- Docteur d’Etat 1974

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