Dans le marigot français, on en apprend chaque jour des vertes et pas mûres. En cette précampagne électorale, hormis un ou deux candidats qui mènent leur bonhomme de chemin en abordant des thèmes concernant la majorité, c’est-à-dire le chômage, la paupérisation, le reste mène campagne sur un terrain très glissant et très dangereux, celui d’un supposé Islam qui est en train d’envahir la France et même de porter atteinte à son identité. Le candidat d’une aile de la droite, François Fillon, en a fait l’épine dorsale de sa campagne et il a promis de régler leur compte aux islamistes en cultivant un dangereux amalgame d’avec les musulmans. Depuis, il est rattrapé par de bien ténébreuses affaires et celui qui voulait supprimer un demi-million d’emplois se fait épingler pour avoir entretenu des postes fictifs pour son épouse et ses enfants. L’autre qu’on présente comme favorite, la fille Le Pen, jouant sur les vieilles peurs des Français, promet carrément une épuration et même si elle ne le dit pas clairement, on devine aisément les fonds de commerce profondément racistes dont elle use et abuse. En face, il y a une gauche disloquée, payant le lourd tribut de ses compromissions et surtout de ses reniements idéologiques. La chute de la gauche – car c’en est une et il ne faut se faire aucune illusion – est due en grande partie aux engagements guerriers en Syrie et à une course de l’armement sous le mandat d’un président socialiste qui aura consacré de gros budgets à l’effort de guerre plutôt que de combattre le chômage endémique et l’appauvrissement subit de larges couches de la population. Voilà n’est-ce pas qui fait le lit du populisme pernicieusement exploité par une droite et son extrême qui se retrouvent et convergent sur plusieurs thèmes. Celui des étrangers et des réfugiés, notamment. Des musulmans plus particulièrement devenus les boucs émissaires d’une gouvernance approximative voire dangereuse. Et le pire, c’est que l’extrême-droite risque d’arriver au pouvoir.