A chaque Ramadhan, le trafic et la consommation de kif traité augmentent de façon exponentielle. L’alcool étant formellement interdit en période de jeûne, beaucoup d’accrocs se rabattent sur les paradis artificiels et il n’y a qu’à lire la presse pour se rendre compte quotidiennement des saisies très importantes de quantités effarantes de ce poison, et c’est à coup de quintaux que les services de sécurité font des prises.
Or, il se trouve toujours des esprits prétendument éclairés pour expliquer doctement que le kif n’est pas considéré comme l’alcool, donc on peut en consommer puisque nulle part son interdiction n’est prescrite par le Livre ! Ces fatwas édictées par des apprentis exégètes trouvent des oreilles attentives auprès des jeunes déjà préparés psychologiquement à avaler n’importe quelle baliverne. Pourvu qu’ils aient leur lot de cannabis chaque soir, même s’il faut aller à la mosquée dans un état second. Alors, forcément la drogue atteint des pics inouïs de consommation pendant le mois de piété et il convient de s’interroger sérieusement sur cette incroyable recrudescence du trafic et de la consommation de drogue alors qu’il y a quelques décennies, il était dévolu à quelques vieux patriciens amateurs de chaâbi, de malouf et de chant des oiseaux. Aujourd’hui, chaque cité, chaque quartier possède ses revendeurs attitrés qui agissent en bandes avec guetteur, grossiste, détaillant… Il ne sert donc à rien de se lamenter sur le sort de ces grappes de jeunes fortement tentés de goûter une première fois avant de devenir accrocs au cannabis et aux psychotropes. Parce que dans les quartiers populeux et les nouvelles cités, les loisirs manquent cruellement et le jeune n’a souvent d’autre choix que de se droguer, d’aller au cybercafé ou à la mosquée. Parce que les espaces sportifs et culturels manquent cruellement. Alors, on va accomplir sa prière, la «tête pleine». C’est dans l’air du temps. Et des charlatans.