L’Accord pour la paix au Mali : La médiation n’a pas suffi

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Deux ans après sa signature, force est de reconnaître que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière.

Deux ans après sa signature, force est de reconnaître que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé d’accélérer sa mise en œuvre sur le terrain, d’autant que toutes les parties maliennes et les parties les ayant accompagnées tout au long du processus de médiation qui a abouti à Alger à l’acceptation par le gouvernement malien, la plateforme et la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) de la signature du document à Bamako en mai/juin 2015, n’ont eu de cesse de rappeler que cet accord consacre le salut du Mali, dont l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale étaient menacées du fait de l’implantation dans le Nord de son territoire des groupes terroristes.

Mais en dépit de ce danger, qui du reste est toujours présent, on ne semble pas «pressé» à passer à cette nouvelle étape dans l’histoire du Mali à laquelle augurait la signature de l’Accord issu du processus d’Alger, du fait de l’incapacité à ce jour des parties signataires à faire prévaloir le seul intérêt supérieur du Mali et du peuple malien. Les trois parties se renvoient la responsabilité du retard accusé. Et les bons offices de la médiation n’ont pas permis de booster sur le terrain cette mise en œuvre espérée, d’autant qu’il est sensée contribuer à l’affaiblissement de la menace d’instabilité qui pèse sur l’ensemble de la sous-région du Sahel. L’Algérie, tout en veillant à un rapprochement sans cesse plus grand entre toutes les parties maliennes, n’a eu de cesse par la voix de diplomatie d’interpeller «fortement» tous les partenaires du Mali pour apporter à ce pays, toute l’aide et l’assistance dont il a besoin pour faire face aux principales difficultés qu’il rencontre, particulièrement dans les domaines financiers et dans la lutte contre le terrorisme et le narcotrafic.

Cependant, avait, notamment souligné l’ancien chef de la diplomatie algérienne, «toutes les tentatives et les efforts méritoires consentis pour favoriser une accélération du processus de mise en œuvre de l’Accord se sont avérés d’un impact limité, en raison, principalement et manifestement, du manque de garanties dont les parties signataires de l’Accord tenaient, chacune, à s’entourer quant à la protection de leurs intérêts respectifs». Le résultat d’une telle situation est la poursuite des violences dans le nord du pays et la multiplication des entraves au processus de paix et de réconciliation.

Ce mardi à la demande du Mali, le Conseil de sécurité a décidé de créer un régime de sanctions ciblées contre «ceux qui dressent des obstacles» à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation dans ce pays, dont les «fragiles avancées réalisées jusqu’à présent sont mises en péril». L’objectif est «de donner un nouvel élan à l’Accord de paix». Une décision accueillie favorablement car on pense «qu’avec cette nouvelle dynamique, il y a de quoi redonner confiance à toutes les personnes et entités de bonne foi».

Reste toutefois que la non identification des individus et entités visés par ces sanctions est, en soi, un signe qui risque de réduire l’impact de cette mesure onusienne. En effet, quels sont les critères de cette identification ? Une chose est sûre, il est plus que temps de sauver l’Accord, car en le sauvant c’est le Mali et son peuple qui le seront.