La pollution serait mauvaise pour le moral

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En analysant les messages postés sur l’équivalent chinois de Twitter, des chercheurs ont observé que l’humeur se dégrade les jours de pic de pollution. La pollution atmosphérique n’altère pas seulement la santé physique.

Selon des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology, de l’Académie chinoise des Sciences ainsi que des universités de Pékin et Shangaï, elle serait aussi mauvaise pour le moral. Dans de grandes villes chinoises, ils ont observé que l’humeur des habitants varie au diapason des pics d’exposition aux particules fines. «Les variations sont particulièrement marquées chez les femmes et les personnes disposant de revenus élevés – ainsi que durant les week-ends et les vacances», ont précisé les auteurs de l’étude publiée lundi 21 novembre dans la revue Nature Human Behaviour. Cet impact psychique de la pollution contribuerait, selon eux, à expliquer que le niveau de satisfaction progresse peu dans les centres urbains en dépit d’une croissance économique annuelle de 8%. Pour sonder l’humeur de la majorité silencieuse, qui subit la pollution au quotidien sans pour autant développer de problèmes de santé aigus, les scientifiques ont utilisé une méthode plus fine que les traditionnels sondages d’opinion : l’analyse de quelque 210 millions de messages publiés en 2014 par les habitants de 144 grandes villes sur la plate-forme chinoise de microblogging Sina Weibo. Pour mener ce travail colossal, ils ont développé un programme capable de percevoir l’humeur exprimée dans chaque post et d’assigner aux villes un score allant de 0 à 100. «L’analyse sémantique, appliquée à l’émergence des réseaux sociaux, offre un nouvel outil pour mesurer le bien-être sur la base des sentiments exprimés en temps réel, détaille Siqi Zheng, chercheuse en économie urbaine et environnementale au MIT. Notre travail a consisté à croiser ces données avec l’évolution des indicateurs de pollution pour tenter d’étudier la façon dont ceux-ci retentissent sur l’humeur des habitants». Résultat : chaque hausse du taux de particules fines dans l’air fut associée à une baisse de moral sur le réseau social. «L’utilisation des réseaux sociaux est une approche nouvelle et innovante visant à quantifier une réalité impalpable qui ne passe pas par l’indicateur des prix, commente Claudia Senik, économiste, qui n’a pas participé à l’étude. Il serait intéressant de mesurer l’impact du bruit de cette manière».