On aura remarqué l’extraordinaire production de dattes cette année. Proposée à profusion sur les étals des marchands, elle est à la portée de toutes les bourses et rarement son prix n’aura été si bas. Les chiffres officiels indiquent une production de 50 000 tonnes contre 20 000 l’année dernière. Autant dire des grosses quantités à exporter, ce qui constitue une aubaine en ces temps où les hydrocarbures, principale ressource exportable, se raréfient. Mais les dattes, comme d’autres produits d’ailleurs, nécessitent un conditionnement et un emballage qui n’existent pas chez nous puisqu’elles sont exportées à l’état brut. Ce sont donc nos voisins les Tunisiens qui profitant pleinement de cette grosse faille, achètent notre produit en l’état, l’emballent sous label tunisien et le revendent en Europe. Mais ces derniers temps, ce sont les Belges qui ont flairé la bonne affaire et en achetant la datte de premier choix (Deglet Nour) à 4 euros le kilo, ils la revendent… 30 euros en Europe où elle est très prisée. Bien entendu, elle est conditionnée et emballée dans les meilleures conditions pour attirer le chaland. C’est donc à se demander pourquoi les deux pôles de production que sont Biskra et El Oued, ne disposent pas de centres de conditionnement et d’emballage, exportant leur précieux produit dans des caissettes en plastique ! C’est donc toute la problématique des produits de substitution aux hydrocarbures, ceux-là qui sont censés relancer l’économie nationale, qui est posée. Il ne suffit pas de dire que le pays possède des produits agricoles de qualité susceptibles d’inverser la balance commerciale. Encore faut-il que toute la logistique d’accompagnement existe. Ce qui n’est pas le cas et à voir tous ces émigrés emmener dans leurs bagages légumes de saison et viande d’agneau, on se rend compte du manque à gagner que subit une économie qui a pris le pli de la rente. Les temps ont changé.