Il est parti comme il est venu, surprenant par la canicule, mais étrangement clément par les prix affichés sur les étals et il a fallu attendre le dernier jour pour voir les habituels margoulins passer à l’œuvre en vendant des légumes très demandés à des prix inimaginables comme la courgette qui passa de 30 à 150 dinars en un tour de main ou le navet qui retrouva de sa superbe. C’est dans l’ordre des choses, sommes-nous tentés d’écrire et l’Aïd comme toutes les fêtes sert opportunément d’occasion de s’en mettre plein les poches à des commerçants sans scrupules. Ceux-là qui ferment boutique malgré les fermes instructions et l’on voit alors le prix de la baguette subir une sordide spéculation, revendue jusqu’à 20 dinars à même le trottoir. Mais ceux-là de soucis d’adultes qui ne concernent aucunement ces nuées multicolores d’enfants qui essaiment dès le petit matin dans le tintamarre des sifflets et la palette des ballons. On dirait des oiseaux ayant quitté leur nid pour une journée de trêve, leur journée. C’est l’âme même de l’Aïd que ces rues et ces cités populeuses superbement irisées par les grappes de bambins qui portent fièrement des habits lumineux comme de lourds sacrifices des parents. Mais ce sont là des soucis d’adultes. Le moment est à la fête et, enfant des villas fleuries ou enfant des bidonvilles, tous les enfants sont les princes et les princesses du jour. A la grande joie des marchands de jouets qui font des affaires juteuses devant les parents qui ferment l’œil pour ne pas gâcher la fête des enfants. L’après-midi, il faudra songer à visiter la famille et c’est les bras chargés de douceurs que l’on déambule de taxi en taxi, de bus en tramway. Le soir au crépuscule, on ressentira tous cette déjà nostalgie du moment de la rupture du jeûne. A l’année prochaine et bonne fête les enfants…