La drogue, fléau national

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Pour que des hauts responsables politiques, s’impliquent et parlent de ce fléau social qu’est la drogue, c’est que le phénomène de la drogue a pris une telle ampleur et de telles proportions que c’en est devenu un problème national.

Quotidiennement nous lisons sur la presse des saisies à donner le tournis et ça se quantifie en quintaux voire en tonnes, sans parler des nombreux dealers de quartier appréhendés avec quelques dizaines de grammes. Mais alors comment expliquer cette recrudescence du trafic sinon par une demande accrue, notamment, chez les jeunes tentés par ce poison parce qu’ils manquent cruellement de loisirs. La répression effectuée par les services de sécurité tous corps confondus dont l’Armée nationale populaire qui s’est impliquée dans le combat anti-drogue aux frontières, est impérative, mais demeure insuffisante pour éradiquer ce fléau. Parallèlement, il n’existe pas une politique ou une réelle volonté d’en finir avec cette plaie nationale. Les jeunes, disons-nous, subissent un ennui mortel et une oisiveté qui poussent inéluctablement à tous les dérapages dont la consommation de la drogue, la «zetla», d’abord pour goûter ensuite pour s’évader de cette sinistre réalité des quartiers populaires et des nouvelles cités où dès la nuit tombante ne reste que la lumière blafarde des réverbères et des chats de gouttière qui se disputent une poubelle éventrée. Une ambiance propice à l’évasion car le cybercafé ne suffit plus pour passer le temps. Quelles sont les cités et les quartiers qui disposent d’un espace sportif et/ou culturel? Très peu et s’il en existe, ils sont peu ou pas du tout encadrés. Serait-il possible d’avoir des centres culturels où le jeune du quartier peut apprendre à jouer d’un instrument de musique, à pratiquer les beaux-arts, à faire du théâtre, de la photo ? Des espaces sportifs où les jeunes peuvent pratiquer un sport si possible sous encadrement d’un entraîneur rémunéré même au filet social ? C’est que beaucoup de cités sont devenues des no man’s lands où des gangs font la loi pour contrôler le trafic de drogue et les parkings. Ces rivalités aboutissent parfois aux règlements de comptes au couteau qui provoquent la mort. Or, parmi les jeunes qui s’adonnent à ces batailles rangées, beaucoup sont passés à côté de leur vocation de musicien, de comédien ou d’artiste-peintre ou de sportif accompli, faute d’une prise en charge sérieuse. Alors quand on n’a aucune perspective, on sombre peu à peu dans la délinquance et les paradis artificiels. N’est-ce pas la ministre de l’Education nationale qui avait déclaré récemment que la lutte contre la violence scolaire passe obligatoirement par l’instauration de disciplines ludiques telles la musique, le dessin et le théâtre, car «l’élève a besoin de s’exprimer» dit-elle. Ce qui est valable pour l’école l’est pour les quartiers car la violence est une et s’exprime de la même manière à l’école, la rue et le stade. Mais l’école est depuis de longues décennies, l’otage d’une configuration idéologique et non pédagogique comme l’exige la réglementation. Ainsi toute discipline versée dans la culture et l’art est perçue comme une diversion voire une atteinte aux bonnes mœurs. Quand ceux qui décrètent la musique «haram» de même que la peinture, le théâtre et toute activité ludique, tiennent les rênes de l’enseignement et s’évertuent à former des croyants plutôt que des citoyens prêts à affronter les vicissitudes de la vie et à réfléchir par eux-mêmes au lieu d’être des modèles oscillant entre le licite et l’illicite. Alors forcément, l’élève lassé par un système éducatif qui l’ennuie et l’éloigne de toute curiosité, finit par chercher ailleurs ce qui doit l’intéresser. Or, cet ailleurs est jonché de pièges comme celui de la drogue proposée à la porte même des établissements scolaires. Il est plus facile de trouver de la drogue au beau milieu de la nuit qu’une baguette de pain ou une pharmacie ouverte. Derrière cet immense trafic, des barons bien sous toutes les coutures, tirent les ficelles et réalisent des chiffres d’affaires faramineux. Un argent blanchi dans l’immobilier ou une autre activité ce qu’il y a de plus légal. Pendant ce temps, ils sont de plus en plus nombreux sombrer dans le désespoir de la drogue. Car elle n’est que désespérance. Il faut la combattre sous toutes les coutures et on attend que les mosquées s’impliquent sérieusement par les prêches en direction de la jeunesse. Car il se dit que contrairement à l’alcool, le cannabis est «toléré» en Islam. Une autre incongruité qui cache sans doute des desseins maléfiques.