Joutes littéraires 

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L’écrivain Rachid Boudjedra vient de publier un pamphlet intitulé «Les contrebandiers de l’histoire » dans lequel il fustige toute cette génération de nouveaux écrivains qui font un tabac en France. Sévèrement critiqués pour leurs positions ambigües sur la colonisation et la guerre livrée aux Palestiniens, ces romanciers qui connaissent un succès en France, sont tous selon Boudjedra, des écrivains qui se sont compromis avec la diaspora sioniste en faisant de graves entorses à l’histoire.
Ainsi Boualem Sansal, Yasmina Khadra et Kamel Daoud n’échappent pas à la vindicte de l’auteur de «La répudiation» et ils ripostent, l’un par lettre, l’autre par dépôt de plainte. Dans leur unanimité, les réseaux sociaux regorgent de réactions condamnant les écrits de Rachid Boudjedra traité surtout de «jaloux» du succès littéraire de ceux qu’il critique. Et si le vieil écrivain a été quelque peu agressif voire carrément insultant dans son pamphlet, il n’en dit pas certaines vérités incontournables.
En ce qui concerne Yasmina Khadra, le romancier aux succès planétaire, il lui est reproché d’avoir ménagé le chou et la chèvre, d’avoir mis sur le même pied d’égalité colonisateurs et colonisés dans son roman «Ce que le jour doit à la nuit ». Et ce n’est pas faux : tous ceux qui ont lu cet ouvrage ont constaté l’absence totale de scènes de guerre et surtout l’harmonie régnant entre pieds-noirs et indigènes, victimes des exactions des deux côtés. Comprendre que les moudjahidine sont mis sur le  pied d’égalité que la soldatesque française exterminatrice! On suspecte même Khadra d’avoir écrit ce roman pour décrocher le Goncourt. Quant à Kamel Daoud, il lui est reproché d’avoir travesti l’histoire en faisant d’Albert Camus «un grand ami des Arabes» et aussi d’avoir fait cette déclaration incompréhensible : « je ne suis pas solidaire avec la Palestine»! ce qui n’est pas pour déplaire aux sionistes de tous bords qui ont la main mise sur les médias et on comprend dès lors pourquoi Kamel Daoud a tribune ouverte à l’hebdo Le Point où règne Bernard Henry Lévy. Quant à Boualem Sansal, n’a-t-il pas été en Israël, invité sans doute en signe de reconnaissance pour son livre « Le village de l’Allemand» où il compare les moudjahidine aux nazis. Et ce qui étonne, c’est que ces écrivains ne manquent pas de talent. Hélas!