La Guerre de libération nationale (1954-1962) qui a mis fin à 132 ans de la colonisation française, racontée à travers la presse de l’époque, fera l’objet d’une collection unique de 52 numéros, dont le premier est sorti cette semaine.
« Journaux de guerre » publie une nouvelle série consacrée à la guerre de libération nationale en exhumant, dans le numéro de chaque semaine, des archives, les journaux de l’époque qui reflètent, selon ses concepteurs, « la variété des opinions des deux côtés de la Méditerranée ». Chaque numéro présentera un choix « exceptionnel » de journaux relatant sur le long court « les moments forts » de cette guerre, enrichi par des articles d’historiens et de journalistes qui replacent dans leur contexte les événements relatés dans la presse. Le premier numéro « 1er novembre 1954 : le début de la Guerre d’Algérie » commence sa collection par une revue de la presse, paraissant au lendemain du déclenchement de la guerre, pour mettre en exergue le fait que des quotidiens français avaient été « pris de court par le coup d’éclat du 1er novembre », en publiant dans un encadré des extraits de la Déclaration du 1er novembre du Front de libération nationale. « Surprise en plein jour férié, la presse française oscille entre appel à la répression et recherche des responsabilités », lit-on dans une longue revue de presse intitulée « Le passage à l’acte », soutenue par un article qui relève dans le « fossé d’encre et de papier » une « presse ultra-polarisée » qui se range « derrière le gouvernement ». Dans une longue analyse, le numéro 1 de la collection évoque la surdité de la France face à la colère algérienne, notant que « traumatisé par la défaite de l’armée française en Indochine, l’Hexagone ne veut pas entendre que l’idée d’indépendance progresse dans les rangs d’une population discriminée par la colonisation ». En pages intérieures, le lecteur aura droit aux numéros du Figaro et d’Alger-Républicain datés du 2 novembre 1954 qui relatent, chacun pour sa part, le déclenchement de la guerre de libération. Si Le Figaro parle de « complot », Alger-Républicain évoque des « arrestations arbitraires » dans plusieurs localités algériennes, en guise de répression, soulignant que « la sécurité, l’avenir de fraternité des Algériens (…) ne peuvent être établis ni sur l’injustice ni sur la répression ». Un grand encart publicitaire de la France coloniale est joint dans ce numéro pour inciter les colons à créer et agrandir des villages algériens en leur concédant des terres exemptes pendant 10 ans de tous impôts. Le lecteur trouvera, entre autres, des portraits de l’émir Khaled (1875-1936) « le précurseur », de Messali Hadj (1898-1974) « le père fondateur » et de Ferhat Abbas (1899-1985) « l’unificateur ». Les auteurs de ce document inédit, que le lecteur aura le plaisir de constituer ses propres archives sur la guerre de libération nationale, ont souligné que « si la quantité et la qualité des travaux des historiens ont permis de lever le voile des tabous, l’histoire et, a fortiori, la mémoire de la Guerre d’Algérie sont, encore aujourd’hui, sensibles, conflictuelles et douloureuses », indiquant que leur ambition est « d’éclairer les deux versants û français et algérien û de cette histoire en faisant écho à la pluralité des voix et des parcours qui l’ont jalonnée ».