Jeux dangereux

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Le décret anti-immigration, édicté par le Président Donald Trump, vient une fois de plus d’être rejeté par la Cour d’appel, ce qui confirme son caractère d’illégalité dans un pays qui s’est construit sur la base de l’immigration massive des populations d’Europe venues annexer les territoires des Amérindiens. Mais le président ne se laisse pas démonter pour autant et promet une riposte importante parce que «la sécurité de notre nation est en jeu», déclare-t-il. Il y a lieu de s’interroger sur cette obstination de la droite et de son extrême à inscrire le phénomène de l’immigration comme fondamental et prioritaire dans leur gouvernance? Une manière de détourner l’attention des véritables problèmes que vivent ces sociétés occidentales confrontées à de graves crises économiques marquées par une paupérisation générale et un chômage endémique illustrés par une nette recrudescence de la violence et aussi du terrorisme. C’est à ces deux matrices –la pauvreté et le chômage- qu’il faut s’attaquer car elles servent de terreau à tous les extrémismes, ciblant essentiellement les jeunes des banlieues. Or, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe et particulièrement en France, l’islam et l’immigration servent de thèmes principaux à des campagnes électorales qui éludent pernicieusement les véritables préoccupations des populations de plus en plus hantées par la perte de leurs emplois et le brusque appauvrissement que risquent fort de provoquer ces nouveaux (et anciens) dirigeants plus portés sur la guerre et l’armement que sur un quelconque développement économique. Alors, forcément les électeurs «ordinaires» se laissent berner par ces discours d’exclusion, convaincus que ce sont les étrangers qui leur prennent leurs postes d’emplois et, pis encore, qui vont bientôt leur voler leur identité en instaurant un califat en Europe. Ce sont là les principaux arguments de Trump et de Le Pen face à une société civile qui hélas met du temps à réagir.