Irak: La chute de Daech à Mossoul est une question d’heures

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Lancée le 17 octobre, la reconquête de Mossoul par les forces irakiennes n’est plus qu’une question d’heures. Des policiers ont même commencé à célébrer ce qui va être leur plus grande victoire contre les djihadistes de Daech.  Militaires américains et irakiens sont d’accord : la reprise complète de la ville de Mossoul aux djihadistes de Daech est imminente.

«Je ne veux pas spéculer (…), mais je pense que ce sera très bientôt», soulignait samedi depuis Bagdad le général américain Robert Sofge, qui dirige le centre des opérations conjointes de la coalition anti-djihadistes menée par Washington. Un optimisme partagé depuis Mossoul par le lieutenant-général Abdel Ghani al-Assadi, un commandant des troupes d’élite irakiennes du contre-terrorisme (CTS) : «Ces deux derniers jours, nous sommes arrêtés à 100/50 mètres du Tigre. La fin de la bataille est proche, je dirais deux jours».Les deux derniers pâtés de maison. Près de neuf mois après le début de l’opération pour reprendre la deuxième ville d’Irak, dont Daech s’était emparé en 2014, les derniers djihadistes sont assiégés dans deux pâtés de maisons au cœur de la vieille ville, près du Tigre. Cette poignée de combattants, «désespérés, (…) font autant de ravages qu’ils le peuvent», souligne le général Sofge. «L’ennemi a semé des engins piégés partout, à chaque endroit, dans chaque placard, dans un cas, sous un couffin même», poursuit le gradé américain. Certains se font passer pour morts, vêtus de gilets explosifs, qu’ils mettent à feu à l’approche des forces irakiennes de sécurité. Des femmes combattantes se sont elles faites sauter au milieu de civils déplacés. L’une d’elle a été filmée passant un contrôle avant de se faire exploser quelques mètres plus loin, son bébé dans les bras. Kamikazes et maisons piégées. Les CTS continuent le combat dans une zone d’environ 100 m de profondeur sur 300 m de largeur, le long du Tigre. Outre la présence des kamikazes, explique le lieutenant-général Assadi, la progression est rendue lente et difficile par les bombes dans les maisons. Complication supplémentaire: l’armée ne peut utiliser les bombardements en raison de la présence de milliers de civils. Pendant ce temps, des membres de la police fédérale se sont vus signifier la fin de leur mission. «Ils méritent de célébrer cela et peuvent ressentir toute la fierté et le sens du travail accompli», a témoigné le général Sofge, jugeant qu’il «faut remonter à la Seconde guerre mondiale pour trouver (une bataille) qui se rapproche seulement (de celle de Mossoul)».

Des djihadistes parmi les civils. Samedi, les combats le long du Tigre semblaient moins intenses que les jours précédents, selon un journaliste de l’AFP qui a régulièrement entendu des rafales d’armes automatiques, des tirs de mortiers et d’artillerie légère, ainsi qu’au moins deux bombardements aériens. Selon Abdel Ghani al-Assadi, ses troupes ont tué des combattants de Daech qui tentaient de fuir en traversant le Tigre. D’autres djihadistes cherchent eux à se fondre dans le flot des réfugiés civils, après avoir rasé leurs barbes et changé de vêtements, selon le général Sofge.Toujours 700.000 civils déplacés. Des civils libérés par l’avancée des forces irakiennes continuaient d’arriver samedi dans les quartiers périphériques pour y être accueillis, nourris et éventuellement soignés avant d’être dirigés vers des camps. Une équipe de l’AFP a ainsi pu voir samedi un groupe d’une soixantaine de femmes et enfants, les hommes étant restés au poste de contrôle pour des vérifications. Affamés et choqués, beaucoup de ces civils étaient en pleurs et disaient avoir perdu des proches dans les combats, les bombardements aériens de la coalition internationale qui soutient les forces irakiennes, les tirs de mortiers et les snipers djihadistes. Sur le plan humanitaire, l’offensive à Mossoul a eu des répercussions majeures. Sur les 915.000 personnes ayant fui la ville, environ 700.000 sont toujours déplacées, selon Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak.La fin des combats mais pas celle de Daech. Mossoul avait une dimension très symbolique pour Daech : c’est là que son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique après la proclamation du «califat» de Daech sur les vastes territoires conquis en Irak et en Syrie. Toutefois, la fin des combats dans la ville ne marquera cependant pas la disparition du groupe terroriste, qui contrôle encore des secteurs en Irak et des territoires dans l’est et le centre de la Syrie. Daech conserve en outre des capacités de mener régulièrement des attentats à la bombe meurtriers dans des secteurs sous contrôle du gouvernement. Le général américain estime que Daech a encore «largement de quoi se battre» et que «la libération de Mossoul va susciter une réaction» de la part des djihadistes.