L’Algérie est censée économiser un montant en devises de l’ordre de 1,5 milliard de dollars sur une année grâce aux mesures prises. Et parmi ces mesures, on note la suspension à l’importation de plus de 800 produits, dont l’importation avait coûté 1 milliard de dollars en 2016, et la suppression des licences d’importations. Ces deux mesures permettront de «libérer les capacités nationales de production».
L’ objectif paraît simple, mais reste tributaire d’un phénomène particulier. Dans un entretien accordé à la presse, le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, évoque le cas des opé- rateurs. Selon lui, beaucoup «par méconnaissance de ce qui est produit dans le pays ou pour des objectifs inavoués, préfèrent importer les intrants alors qu’un certain nombre est produit localement». D’autres opérateurs, informe le ministre, malgré les investissements réalisés «sont restés dans l’aval de l’activité et ne remontent pas en amont pour développer les intrants locaux à quelques très rares exceptions». Il citera à titre d’exemple les premières conserveries de tomates qui ne procédaient qu’à la mise en boîte du produit, lui-même, importé de Turquie. Avant, peu d’entre elles ont réussi à se faire un chemin et à utiliser le produit national. D’autres opérateurs, dira le ministre, par peur de voir leurs activités entravées en raison de la suspension de l’importation de certains intrants, contestent les mesures prises par l’Etat. «Ceux qui sont en train de contester cette mesure sont ceux qui opèrent dans des filières que nous avons totalement proté- gées puisque nous avons interdit l’importation du produit fini. Donc déjà, nous leur avons offert un marché sur un plateau», a-t-il dit à ce propos. Le ministre espère, cependant, qu’une fois ces mesures de suspension levées, la culture de consommer national sera ancrée dans les esprits, car, a-t-il averti «si nous ne faisons rien, dans deux ou trois ans nous n’aurons plus les ressources financières pour importer quoi que ce soit y compris les céréales». Le commerce extérieur, outre les opérateurs, semble être otage d’un autre phénomène, celui des subventions. Du moins celles appliquées de façon indirecte ou involontaire. «Avec un taux de change tel qu’il est pratiqué actuellement, l’Etat est en train de subventionner les importations dans le sens où les importateurs obtiennent, auprès des banques, des devises contre dinars à un prix qui n’est pas réel», dira à ce propos le ministre. Donnant plus d’explication Benmeradi estime que ces prix ne reflètent pas la réelle parité entre le dinar et la devise. L’autre principale raison de la difficulté de maîtrise des importations, relève de la difficulté du pays à diversifier son économie qui peine déjà à satisfaire la demande nationale avant de percer outre mer. Et parmi les secteurs, l’industrie est la première à être pointée du doigt. L’industrie algérienne est restée, selon le ministre «basique». La filière boisson a réalisé «45 000 opérations d’importations», en 2017 reflétant un coût d’importation oscillant entre «250 et 300 millions dollars». Cette situation peut être dépassée, selon le ministre qui évoque la présence d’outils de productions, certes sous-utilisés, permettant aux entreprises de développer leurs activités.Pour n’en citer qu’un exemple le ministre évoque le cas de l’industrie pharmaceutique. Il estime qu’à la faveur de la suspension des autorisations d’importation de médicaments, la filière a réussi à booster ses investissements et de produire «l’équivalent de 2 milliards dollars actuellement». «Aujourd’hui, nous sommes le pays qui compte le plus d’usines de médicaments dans l’ensemble de la région. Nous avons dépassé la Tunisie, qui nous devançait, ainsi que le Maroc et nous sommes proches de l’Egypte», a-t-il fait savoir. Pour rappel, un arrêté ministériel publié en décembre 2015 avait fixé la liste des produits pharmaceutiques à usage humain et des matériels médicaux fabriqués en Algérie qui sont interdits à l’importation. Il s’agit de «357 médicaments composés de comprimés, crèmes et pommades dermiques, solutions injectables, suppositoires, pommades ophtalmiques et de sirops. La restriction a également touché aux maté- riels médicaux à l’exemple des seringues, compresses et bandes de gaze et la bicarbonate de soude pour dialyse. Suite à l’application de ce arrêté, les quantités importées de médicaments ont baissé de 12% en 2016 se chiffrant à «23 614,2 tonnes (t) contre 26 915,7 t en 2015».