Il a tiré sa révérence: Rédha Malek ou l’histoire d’un acteur majeur de la Révolution

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Rédha Malek est décédé, à l’âge de 86 ans, après avoir été admis la semaine dernière, en urgence à l’hôpital. Avec la mort de Rédha Malek, né le 21 décembre 1931 à Batna, c’est un des acteurs majeurs de la Révolution qui tire sa révérence pour rejoindre dans l’Eternité ses compagnons de combat. Le parcours politique militant et intellectuel de Rédha Malek épouse totalement celui de la Révolution et celui de l’édification du pays, aprés l’indépendance.

Etudiant, il fonde en 1955 l’UGEMA, qui donne à la Révolution un prolongement organique chez les étudiants algériens. En tant qu’intellectuel, Rédha Malek fait partie des fondateurs du Journal El Moudjahid, organe officiel de la Révolution. Pendant les négociations d’Evian, qui ont abouti à l’indépendance de l’Algérie, il est porte-parole de la délégation algérienne, présidée par Krim Belkcem. Une fois l’indépendance de l’Algérie acquise, Rédha Malek entame une brillante carrière en portant la voix de l’Algérie indépendante comme ambassadeur dans des grandes capitales du monde comme Paris (1965-1970), URSS (1970-1977), USA (1979-1982), Royaume-Uni (1982-1984).

Au cours de sa longue carrière diplomatique, Rédha Malek exerce en tant que ministre de l’Information et de la Culture entre 1977 et 1979. Acteur de la Révolution et homme politique, Rédha Malek fait partie de ce qu’on appelle les «intellectuels organiques» et à ce titre, il fera partie aux côtés de Bélaïd Abdeslam, Mustapha Lacheref, Taleb Ibrahimi, Mohamed Seddik Benyahia, des rédacteurs de la Charte nationale, initiée par le Président Houari Boumediene en 1976. La carrière diplomatique de Rédha Malek est également marquée par un haut «fait d’armes», qui n’apparaît pas dans sa biographie officielle,         à savoir le rôle qu’il avait joué dans la libération des 52 diplomates américains en janvier 1980, après une détention de 444 jours en Iran.

L’évolution de la situation politique en Algérie, suite à l’instauration du pluralisme politique, lui-même conséquence des événements d’Octobre 88, projetteront à nouveau Rédha Malek au-devant de la scène politique pour être amené à présider le Conseil consultatif national, instance législative, chargée d’assister le Haut Comité d’Etat dirigé par le Président Mohamed Boudiaf, qui venait de prendre la destinée de l’Algérie, après l’interruption du processus électoral de 1991.

Quelques mois plus tard, après l’assassinat de Mohamed Boudiaf, il est nommé comme membre du Haut Comité d’État (HCE). En 1993, il devient ensuite ministre des Affaires étrangères, puis Premier ministre du 21 août 1993 au 11 avril 1994.

Après avoir quitté le gouvernement, Rédha Malek fonde sa propre formation politique l’Alliance nationale, républicaine, ANR, avec son compagnon de combat Mustapha Lacheraf, aux côtés de Mohamed Saïd Mazouzi, Salim Saâdi, Ali Haroun, Abdelkader Ouadahi…       Le parti politique se veut comme un rempart pour défendre les valeurs démocratiques et républicaines, mises en péril par l’islamisme montant dont Rédha Malek est un des adversaires impénitents.

Les Algériens se souviendront à jamais de sa célèbre formule «la terreur doit changer de camp», prononcée aux funérailles du dramaturge Abdelkader Alloula, assassiné en 1994 par le GIA. Rédha Malek quitte l’ANR pour se consacrer à la défense et illustration de la mémoire de la Révolution, participant régulièrement, en tant que témoin à des hommages ou des séminaires, notamment sur les accords d’Evian. Rédha Malek, qui se revendique du courant moderniste du monde arabo-musulman et sa grande figure Mohamed Abdou est l’auteur d’un célèbre essai politique intitulé «Traditions et Révolution».

Rédha Malek sera inhumé ce dimanche au Carré des Martyrs du cimetière d’El Alia