Hadj Mohamed Tahar Fergani n’est plus

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El Hadj Mohamed Tahar Fergani, est décédé aujourd’hui mercredi 7 décembre a-t-on annoncé. Agé de 88 ans Fergani est l’une des figures de proue du Malouf constantinois.          Il incarne à lui seul une référence incontournable et irremplaçable du patrimoine artistique de l’Algérie en général et du Hawzi constantinois en particulier. Primé à de nombreuses occasions et consacré tant sur le plan national qu’au niveau international, référence majeure et invité incontournable de toutes les manifestations culturelles. Son sens mélodique aigu, son génie sans pareil dans l’improvisation, la richesse de son style, sa virtuosité dans le maniement du violon, tenu à la verticale, et son audace à dépasser ses limites ont fait école et l’ont hissé au sommet de l’art. La puissance de sa voix  a su incarné un degré de qualité d’interprétation exceptionnel. Primé et récompensé à de nombreuses occasions, il demeurera l’une des références majeures du Hawzi.  El Hadj Fergani, de son vrai nom Reganni, fils de Cheikh Hamou, célèbre chanteur de Hawzi, est né le 9 mai 1928 à Constantine. Son père également  issu d’une famille de mélomanes était déjà un virtuose du Hawzi. Il est d’abord épaulé par son frère Abdelkrim, qui l’a initié au métier de la broderie, un métier très prisé dans sa ville natale. C’est à l’âge de 18 ans, qu’il se consacre entièrement à la musique et débute comme joueur de fhel (un instrument de musique à vent apparenté à une petite flûte) dans l’orchestre d’Omar Benmalek, avant de se tourner vers le genre Charqi (oriental, d’inspiration égyptienne) au sein de l’association Toulou’ el Fadjr (l’aurore). Sa voix chaude et puissante impressionne dans l’interprétation de chansons d’Oum Kalthoum ou de Mohammed Abdel Wahab. Un peu plus tard, après s’être essayé au style hawzi un style populaire des faubourgs de Tlemcen, il s’oriente sur les conseils avisés du fameux Cheikh Hassouna Amin Khodja vers le malouf, un genre musical d’origine andalouse, le plus enraciné à Constantine, mais également à Annaba, à Tunis et à Tripoli, un style dont son père lui enseignera dans sa jeunesse les bases essentielles. En 1951, à Annaba, il se fait remarquer à un concours musical, dont il remporte le premier prix, et, dans la foulée, enregistre un premier album qui l’impose, à la fois, comme chanteur populaire et maître du malouf. Au contact des grands maîtres de l’arabo-andalou algérien, tels Dahmane Ben Achour ou Abdelkrim Dali, il perfectionne son art, parvenant à assimiler et maîtriser le répertoire des trois écoles maghrébines : l’algéroise et sa sana’a, la tlemcénienne avec sa musique gharnati et, bien sûr, la constantinoise avec son malouf plus vif qu’ailleurs. Toute la famille Fergani est initiée au Malouf. Sa sœur Z’hor Fergani (1915–1982) était aussi chanteuse et son fils ainé Salim Fergani et aussi son petit-fils Mohamed Adlen Fergani qui chante du Malouf aussi, est considéré comme la quatrième génération dans la musique après son oncle Salim, son grand-père Mouhamed Tahar Fergani et son arrière grand-père Hamou Fergani.       Mohamed Tahar Fergani a des centaines d’enregistrements à son actif et a reçu plusieurs prix internationaux. Il a créé son orchestre et son école à Constantine.

« A Dieu nous appartenons à Lui nous retournons »