Guerre au Soudan: En Arabie saoudite, les deux camps négocient une trêve humanitaire

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Au Darfour, «des snipers tirent sur quiconque sort de chez lui», selon l’ONG Human Rights Watch. Après un mois de guerre entre les troupes des deux généraux qui se disputent le pouvoir au Soudan, le pays, l’un des plus pauvres du monde, menace de sombrer et le conflit inquiète les pays voisins.

À Khartoum, une ville de cinq millions d’habitants, et au Darfour, dans l’ouest, les habitants vivent terrés chez eux, craignant de sortir pour acheter à manger par peur des balles perdues. Dans ce pays de 45 millions d’habitants, le tiers de la population qui dépendait de l’aide alimentaire internationale en est désormais privé : elle a été pillée ou interrompue à la suite de la mort de 18 employés humanitaires. A Jeddah, en Arabie saoudite, les deux camps négocient une trêve «humanitaire» pour laisser sortir les civils et faire entrer l’aide. Mais ils se sont uniquement entendus sur le principe du respect des règles de la guerre, renvoyant à d’ultérieures «discussions élargies» la question de l’arrêt des hostilités. Selon les experts et les diplomates, chacun des deux généraux pense pouvoir l’emporter militairement, grâce à des effectifs importants et des soutiens étrangers. Le général Daglo est allié des Emirats arabes unis ainsi que, selon le Trésor américain, des mercenaires russes de Wagner, tandis que l’Egypte pèse de tout son poids derrière Burhane. Les deux hommes paraissent donc plus intéressés par un long conflit que par des concessions à la table des négociations.

Au Darfour, «on nous rapporte que des snipers tirent sur quiconque sort de chez lui», dit à l’AFP Mohamed Osman, de Human Rights Watch (HRW). Pris au piège, «des gens blessés dans des combats il y a deux semaines meurent chez eux». «Plus pauvre encore». Des milliers de réfugiés entrent chaque jour en Egypte, au Tchad, en Ethiopie ou au Soudan du Sud. L’Egypte, qui traverse la pire crise économique de son histoire, s’inquiète. Les autres pays voisins redoutent une contagion. A Khartoum, l’aéroport ne fonctionne plus, les centres commerciaux ont été pillés et les administrations sont fermées «jusqu’à nouvel ordre».

Les expatriés ont été évacués dans la cohue aux premiers jours de la guerre. Les deux généraux, devenus rivaux après avoir mené ensemble le putsch d’octobre 2021 qui a mis fin à deux années de transition démocratique, ne s’expriment que pour s’invectiver par médias interposés. Dans la nuit de dimanche à lundi, le général Daglo a mis en ligne un enregistrement sonore où il promet à son adversaire qu’il sera «jugé rapidement et pendu en place publique». «En détruisant des usines agro-alimentaires ou de petites industries, cette guerre a causé une désindustrialisation partielle du Soudan», affirme M. Verjee à l’AFP. «Le futur Soudan sera plus pauvre encore et pendant longtemps».

Conflit au Soudan plus de 940 000 déplacés depuis le 15 avril

Plus de 940 000 personnes, dont au moins 450 000 enfants, ont été déplacées depuis le déclenchement des affrontements entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR), a indiqué, lundi, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Plus de 736 000 personnes se sont déplacés à l’intérieur du pays, et près 205 000 autres ont trouvé refuge dans les pays voisins, selon OCHA.

Parmi ces 940 000 personnes déplacées, au moins 450 000 sont des enfants, dont 368 000 sont déplacés à l’intérieur du pays et 82 000 ont fui vers les pays voisins, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF). Avant le conflit, le Soudan comptait 3,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et 1,1 million de réfugiés et de demandeurs d’asile.

Les affrontements entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) se sont poursuivis pendant 30 jours consécutifs, en particulier dans et autour de Khartoum. En outre, des violences intercommunautaires dans le Kordofan occidental ont fait 25 morts et 90 blessés le 8 mai. Dans le Nil blanc, des conflits intercommunautaires dans la ville de Kosti ont fait 29 morts et 40 blessés avant qu’un cessez-le-feu localisé ne soit conclu entre les communautés sur place. Depuis que les affrontements ont éclaté à la mi-avril, les habitants de la capitale soudanaise, souffrent de graves pénuries alimentaires, surtout depuis que des dizaines d’usines ont été pillées et incendiées.

Les Nations unies estiment que plus de 15 millions de Soudanais, soit environ un tiers de la population du pays auront besoin d’une aide humanitaire en 2023, et ce chiffre est susceptible d’augmenter en raison du conflit. L’ONU estime à plus de 3 milliards de dollars les besoins en aide au Soudan.