Le Haut conseil islamique (HCI) a préparé un projet sur l’amendement des lois permettant d’accélérer le développement de la finance islamique en Algérie, a indiqué mardi à Alger le professeur Mohamed Boudjellal, membre de cette instance consultative auprès de la Présidence de la République.
« Le projet déposé auprès de la Présidence de la République depuis près d’une année propose des amendements de lois relatifs à différents segments de la finance islamique », a déclaré M. Boudjellal en précisant que celle-ci ne se limite pas aux produits bancaires » S’exprimant à l’occasion d’une conférence de presse sur le Symposium algérien de l’assurance et de la finance islamique prévu les 24 et 25 novembre 2018 à Alger, ce spécialiste de la finance islamique a expliqué que le projet concerne notamment la création d’une haute instance juridique nationale pour accompagner le développement et l’expansion de l’industrie de la finance islamique avec le HCI en concertation avec les partenaires de la place financière nationale. Le projet concerne également des propositions pour l’amendement de la loi sur la monnaie et le crédit. Sur ce point, il a rappelé que la Banque d’Algérie avait déclaré à maintes reprises qu’elle est en phase de préparer un règlement spécifique aux produits bancaires islamiques, ouvrant la possibilité aux banques publiques de commercialiser les produits financiers conformes à la Charia islamique. Il a toutefois estimé que ce nouveau règlement a pris beaucoup de retard, ralentissant ainsi le développement de la finance islamique au sein des banques étatiques. M. Boudjellal a également évoqué des propositions relatives à la loi sur les assurances, émises par le HCI, en introduisant l’assurance islamique baptisée « Takaful ». Parmi les suggestions contenues dans le projet du HCI, figurent aussi deux propositions de lois pour la création de deux institutions dont la mission est d’encadrer la gestion des financements et les dons caritatifs. La première concerne le Fonds de la Zakat, qui n’a jusqu’à présent pas, d’encrage juridique tandis que la seconde concerne la création d’un complexe « wakf », une vision innovante qui devrait contribuer largement à la lutte contre la pauvreté et au développement de l’économie nationale, selon lui. Par ailleurs, le projet du HCI suggère un « Comité Charia » pour valider la certification de ces produits conformes à la Charia. « On a fait une conception typiquement algérienne en s’inspirant des différentes expériences des pays musulmans », a-t-il précisé. Considérant que l’Algérie a pris un grand retard dans le développement de la finance islamique, il a estimé que le pays doit se rattraper en accélérant les réformes de son institution financière d’autant plus qu’il y a une demande pressante en ces produits de la part des opérateurs économiques et des particuliers. « Nous avons fait notre travail en tant qu’institution consultative » et je n’ai aucun doute de la sincérité de l’institution de la présidence pour faire aboutir de telles propositions », a-t-il assuré. La finance islamique, qui représente actuellement 2% du secteur financier mondial avec 2.200 milliards de dollars, sera largement abordée lors du Symposium algérien de la finance islamique, durant lequel un grand nombre de sociétés et d’acteurs institutionnels échangeront les meilleurs pratiques et solutions dans le domaine de la finance islamique, affirme les organisateurs de cette rencontre. Ils considèrent par ailleurs que la finance islamique en Algérie doit permettre de mieux financer l’économie par utilisation des Sukuk et la création d’une offre au grand public. Ainsi, ont-ils ajouté, l’utilisation des Sukuk doit permettre au pays de diversifier ses sources de financements externes et contribuer aussi au financement de ses entreprises nationales. Quant à l’offre de produits bancaires grand public, il aura pour premier effet de soutenir le marché de l’immobilier et de la construction grâce à l’octroi de nouveau crédits, soutiennent les initiateurs de ce Symposium. « Grace à la mise sur le marché d’une offre grand public de comptes d’épargne sans intérêts ou participatifs, les banques arriveront à drainer les ressources qui circulent actuellement sur le marché informel « , ont-ils soutenu.
M.M