La politique nationale de développement agricole menée depuis les années 2000 a permis un taux de croissance agricole moyen annuel de 8%, une valeur de la production agricole équivalente à près de 30 milliards de dollars (2976 milliards de dinars) et une contribution de plus de 12% au PIB, a indiqué à Rome le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et la Pêche, Abdelkader Bouazghi.
La couverture des besoins alimentaires par la production nationale se situe aujourd’hui à hauteur de 70%, et «nos marchés sont abondamment approvisionnés en produits agricoles et alimentaires de base», a souligné le ministre lors de la 40e session de la conférence de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui se tient du 3 au 8 juillet en cours dans la capitale italienne, indique un communiqué du ministère. A cet effet, le ministre a rappelé que l’Algérie mène, depuis l’année 2000, une politique de développement agricole et rural dont la singularité reste liée à la fois à son climat aride et semi-aride, à sa biogéographie, à la fragilité de ses ressources naturelles qui sont «à la limite de leur résilience», et à la disparité relative de ses territoires ruraux. Il s’agit, selon lui, d’une politique de modernisation de l’appareil productif agricole national et de l’intensification des filières considérées comme stratégiques, en vue de la consolidation de la sécurité alimentaire du pays.
L’aggravation des conditions climatiques, l’exacerbation de la fragilité des ressources naturelles et les effets induits par des pratiques agricoles «intensives» qui ont imposé des modes de production agricole qui soient «mieux» adaptés au contexte écologique de l’Algérie, une stratégie consacrée dans la nouvelle Constitution adoptée en 2016, notamment son article 19 stipulant que l’Etat garantit l’utilisation rationnelle des ressources naturelles ainsi que leur préservation au profit des générations futures. Estimant que le changement climatique en Algérie a eu pour conséquence une extension des régions arides et semi-arides, une dégradation plus rapide du couvert végétal et des sols et donc une progression de la désertification, Bouazghi a précisé que la stratégie d’adaptation mise en œuvre pour faire face à ce phénomène se déploie à plusieurs niveaux, notamment à travers le Plan d’action national de lutte contre la désertification et le Programme de reboisement qui s’inscrit dans le cadre des efforts en matiè- re d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Rappelant que l’Algérie a pris conscience des menaces de ce phénomène dès les années 1970 en mettant en œuvre le grand projet Barrage vert pour freiner le processus de désertification, le ministre a souligné que la stratégie menée accorde également une priorité absolue à l’économie de l’eau et à la mobilisation de nouvelles ressources hydriques ainsi qu’au développement d’une agriculture de conservation ou écologique, considérée comme une bonne pratique, visant la conservation des sols et la gestion des risques climatiques.
De même, l’amélioration du matériel végétal, notamment l’utilisation de semences résistantes à la sécheresse et à la salinité, et la diversification des cultures, en ayant recours à la biotechnologie et à la génétique, constituent des actions prioritaires dans cette nouvelle approche de la production agricole, a poursuivi le ministre. L’impératif de lutter contre les changements climatiques et la faim dans le monde Par ailleurs, le ministre a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre les changements climatiques et la faim dans le monde qui demeurent une «urgence» à entreprendre par la communauté internationale au même titre que la solidarité avec les communautés les plus vulnérables. «En dépit des réalisations importantes enregistrées ces dernières années dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), la pauvreté multidimensionnelle, la faim et la malnutrition demeurent encore une réalité préoccupante et quotidienne, que viennent aggraver l’insécurité générée par des événements climatiques extrêmes et, parfois, des conflits locaux dévastateurs. C’est pourquoi, lutter contre les impacts des changements climatiques et lutter contre la faim relèvent du même effort, du même impératif et de la même urgence», a indiqué Bouazghi. «La question de la durabilité du modèle productiviste se pose aujourd’hui avec plus d’acuité, en raison de la dégradation tendancielle des ressources naturelles de la planète, dont ce modèle est en partie responsable, et des effets redoutables du changement climatique sur l’environnement et l’agriculture, lequel reste un défi mondial qui se pose à tous, aujourd’hui plus que jamais, comportant des dimensions locales, nationales, régionales et internationales», a-t-il soutenu.
Bouazghi a ajouté qu’accroître l’efficacité et la pérennité des mesures d’adaptation en matière d’agriculture est une «nécessité absolue», surtout dans les pays particulièrement vulnérables au changement climatique où la baisse des rendements agricoles et l’accroissement démographique exercent une pression supplémentaire sur un système de production alimentaire «déjà fragile». Face à ces défis «la seule stratégie qui fasse l’objet d’un très large consensus est celle de l’adaptation au changement climatique», a-t-il préconisé. A cet effet, l’effort d’adaptation doit, selon le ministre, s’exercer dans la recherche de solutions alternatives aux systèmes de production agricole actuels ou, du moins, dans la recherche des modalités d’une transition maîtrisée de l’agriculture conventionnelle vers une agriculture, à faible empreinte carbone, et qui soit en mesure de restaurer les ressources naturelles dégradées, d’exploiter de manière raisonnée celles qui sont encore disponibles et de répondre aux besoins alimentaires croissants de l’homme. Bouazghi a également insisté sur «la nécessaire solidarité de la communauté internationale avec les pays les plus vulnérables et les communautés les plus fragiles, plus particulièrement dans le domaine du savoir et du savoir-faire scientifiques et techniques», soulignant l’appui «précieux» que peuvent apporter, également, les agences spécialisées de l’ONU, notamment la FAO, dans la réalisation de cette grande ambition.