En l’espace d’un mois environ, le football algérien vient de perdre deux monuments qui ont écrit son histoire avec des lettres d’or. Deux icônes ayant grandement contribué dans ce qui est, sans doute, le plus grand exploit jamais réalisé par l’équipe nationale.
Car même si les Verts ont remporté par la suite deux titres africains et atteint le deuxième tour du Mondial brésilien en 2014, la victoire (2 – 1), contre la RFA en 1982, reste pour la mémoire collective le point culminant de la liesse et de l’allégresse, chargé en émotions indescriptibles, rappelant pour beaucoup le jour de l’indépendance. Le jour où des lutins venus d’un pays que le monde avait un peu de mal à situer sur une carte géographique, ont terrassé l’ogre teuton constellé de ses stars arrogantes et dédaigneuses. Ils leur ont donné une leçon d’humilité grâce à un football alerte pratiqué par des virtuoses du ballon rond. Un style typiquement algérien fait de passes courtes et une rapidité d’exécution qui donne le tournis à l’adversaire. Une marque déposée qu’on n’a jamais reproduit ou rarement. L’artisan de ce chef-d’œuvre, celui qui était derrière les manettes, est incontestablement Mahieddine Khalef, que le mouvement sportif national vient malheureusement de perdre à l’âge de 80 ans. Un peu plus d’un mois après la disparition d’une autre légende du football, Rachid Mekhloufi, dont la présence charismatique dans le staff technique en Espagne, a décomplexé les joueurs. Ce sont d’ailleurs ces mêmes joueurs qui ont réclamé sa venue, comme l’a confié Salah Assad, l’un des acteurs de l’épopée de Gijon. Mekhloufi était un symbole de la réussite en tant que footballeur professionnel, mais aussi en sa qualité de sélectionneur pour avoir remporté le premier titre international de l’Algérie indépendante, la médaille d’or des Jeux méditerranéens en 1975 à Alger. Il était également à l’origine de l’éclosion de la génération dorée des Belloumi, Madjer, Assad, Bensaoula, Merzekane, Kouici, Guendouz, Bencheikh et autres Cerbah. Khalef, malgré son jeune âge, a pris par la suite la relève en apportant une rigueur, une discipline et une continuité dans le travail et l’effort, héritées du savoir-faire et de l’expérience des coaches de l’Europe de l’est qui exerçaient en nombre chez nous, à l’époque. Son premier grand fait d’armes est sans doute le 5 à 1 infligé au Maroc à Casablanca. Une victoire mémorable qui a permis à tout un football de s’émanciper et de croire en ses immenses capacités. Ce jour-là, une équipe grandiose est née qui aurait pu ou dû aller beaucoup plus loin, mais hélas on ne refait pas l’histoire. Elle a été trahie en quelque sorte par son manque d’expérience au plus haut niveau. Mahieddine Khalef, c’était l’équipe nationale, mais aussi et surtout la JSK avec laquelle il a remporté tous les titres nationaux et continentaux. Un premier sacre africain en 1981 pour honorer la mémoire de son frère Abdelkader, le président du club, disparu quelques mois plus tôt. L’autre œuvre colossale de Mahieddine Khalef est assurément la Jumbo-Jet, l’équipe qui a dominé, voire même écrasé le championnat national durant plusieurs saisons. Un héritage et un palmarès inégalables qui appartiennent désormais à l’histoire qui lui permettent d’entrer dans le Panthéon du football algérien. Ces derniers temps, les sorties de Khalef se faisaient rares, comme s’il se préparait à rejoindre les Mekhloufi, Lalmas et tous les grands noms qui ont marqué l’histoire du football national. Il est parti en silence dans la plus grande discrétion pour ne pas déranger.
Repose en paix Mahieddine.