Des applications mobiles gangrénées par des mouchards

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Deux chercheurs de l’université de Yale ont analysé plusieurs centaines d’applications, qui leur ont permis de détecter 44 trackers, ces mini-logiciels avides de données personnelles.Les mouchards ou trackers sont nombreux sur les sites internet et les applications mobiles semblent s’y mettre aussi.

C’est le constat un peu inquiétant que viennent de faire deux chercheurs en sécurité (Mike Kwet et Sean O’Brien) de Yale Privacy Lab et Exodus, une association française. Les deux instances ont ainsi analysé près de 300 applications Android. A partir d’un dispositif de détection, ils ont ainsi repéré 44 trackers, un chiffre assez conséquent. Ils se nomment Xiti, Doubleclick, Flurry, Demdex, Ligatus, Teemo… et une grande majorité d’applications, hormis celles dédiées à la sécurité, en contiennent au minimum un, et bien souvent plusieurs. C’est notamment le cas de l’application « Espace Client Bouygues Telecom », qui embarquent pas moins de six mouchards, trois orientées techniques et trois autres dédiées à la publicité, au marketing et au comportement du consommateur. Et il y a encore pire, puisque l’application mobile d’Axa contient sept mouchards, celle du BonCoin huit, et celle d’AlloCiné 11. Mais la palme d’or revient à l’appli Télé Star, qui contient tout de même quatorze trackers. Comme pour les sites internet, il s’agit de suivre à la trace l’usager pour en savoir plus sur ses comportements d’achat. Mais cela pose de nombreux problèmes éthiques, puisqu’avec de tels dispositifs, les données personnelles et privées de l’usager ne sont en rien respectées, et qu’il apparaît complexe de se protéger face à ces mouchards. Ainsi, l’usager est mis devant le fait accompli face à ces techniques de marketing particulièrement agressives. Et que ce soit Google ou même Apple, leur responsabilité dans ce dispositif intrusif est énorme. Pour en savoir plus sur les applications concernées, vous pouvez consulter les rapports d’analyse en début d’article, qui donnent des précisions sur les mouchards hébergés et ce à quoi ils ont accès. Interrogé par le journal Le Monde sur la question : Y a-t-il un moyen de contrer cette surveillance ? Mike Kwet a répondu: ” C’est difficile si l’on utilise les magasins d’applications de Google et Apple. Il est possible d’utiliser des magasins alternatifs comme FDroid. La plupart des utilisateurs d’applications ne savent pas que des mouchards publicitaires sont présents dans leur application favorite. Est-ce que les gens qui ont téléchargé une application de météo ou de santé savent qu’il y a un logiciel caché dedans, qui suit tout ce qu’ils font, nuit et jour ? Google Play n’envoie pas de notification explicite au sujet des trackers nichés dans les applications, et les développeurs d’applications choisissent souvent de ne pas en avertir leurs utilisateurs “. Ce dernier a souligné : ” Même si un utilisateur prend conscience de la présence de trackers, les options d’opposition à cette collecte sont problématiques. Le processus est complexe et il n’y a aucune garantie qu’il soit permanent“.