Couverture du risque de change: Les entreprises enfin autorisées à acheter des devises à terme

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Le dispositif de couverture du risque de change «est entré dans sa phase opérationnelle depuis le 2 janvier 2018», a indiqué, la Banque d’Algérie.

C’est une promesse qui datait déjà de plusieurs années et une décision plusieurs fois reportée qui est ainsi tenue. Désormais, les entreprises peuvent s’adresser à leurs banques «pour se prémunir contre le risque de change qu’induisent les fluctuations des taux de change des devises de facturation et de paiement de leurs importations de biens d’équipements dans le cadre de l’investissement productif, de produits semi-finis ou de matières premières destinés à la production nationale», a précisé la Banque centrale. «Les achats au comptant de devises livrables à terme : cette catégorie d’instruments est réservée à la clientèle disposant immédiatement d’une ressource propre en monnaie nationale», précise la BA, en ajoutant qu’«en concluant une telle transaction, le client achète auprès de sa banque au compte les devises qu’il doit décaisser à une future. Dans ce cadre, il est amené à livrer immédiatement à sa banque les dinars devant servir à l’achat des devises». Ce dispositif devait entrer en vigueur le 2 janvier, mais il a été retardé, parce qu’il fallait faire quelques réglages. Beaucoup de réunions ont été tenues à l’Abef et désormais, le dispositif est opérationnel. Il est restrictif et va bénéficier aux entreprises en bonne situation financière», explique un responsable dans une banque privée. La création d’un marché à terme de la devise est une revendication déjà ancienne des opérateurs économiques algériens et des associations patronales. Le change à terme permet de fixer aujourd’hui un cours d’achat ou de vente de devises pour une échéance future. L’importateur, pour se couvrir contre le risque de change lié à l’appréciation éventuelle d’une devise, achète à terme les devises correspondant au montant de sa dette. Il connaît ainsi avec précision le montant en monnaie nationale qu’il devra payer.

L’impact attendu de cet instrument est la réduction des pertes de change que subissent tous les jours les importateurs en Algérie (pertes considérables rapportées aux 43 milliards de dollars annuels du commerce extérieur de marchandises prévus cette année). Le marché à terme de la devise, avait indiqué voici quelques mois le gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Loukal, «constitue un jalon important dans l’amélioration du climat des affaires» en permettant aux opérateurs économiques et investisseurs d’avoir «une meilleure lisibilité et visibilité quant à la maîtrise des coûts et risques liés aux transactions internationales, durant toutes les étapes de leur réalisation.» L’urgence d’un dispositif de marché à terme des devises se manifeste particulièrement dans les périodes de forte dépréciation de la monnaie nationale. Son retour à l’agenda des autorités monétaires semble la traduction d’une volonté de contrer les effets d’une dépréciation de la valeur officielle du dinar qui se manifeste dans la période récente surtout vis-à- vis de l’euro. Les années 2015 et 2016 avaient été marquées par une forte dévaluation du dinar. Une perte de valeur sans aucune comparaison avec celle des années précédentes et qui rappelait déjà à certains les mauvais souvenirs des années 90. Une dépréciation qui s’est poursuivie régulièrement au point d’atteindre près de 30%.

Depuis le milieu de 2016 et l’arrivée aux commandes de Mohamed Loukal à la tête de la Banque d’Algérie, le cours officiel du dinar a été globalement stabilisé par rapport au dollar, mais a continué de se déprécier sensiblement par rapport à l’euro. La loi de finances 2018 précise que le cours moyen du dinar sur lequel sont basées les pré- visions budgétaires pour 2018 est de 1 dollar pour 115 dinars. La valeur du dinar par rapport au dollar devrait donc, a priori et conformément aux affirmations récentes du gouvernement, rester très limitée, voire complètement stabilisée sur une période de 3 ans si on en croit les déclarations sur ce point du ministre des Finances Abderrahmane Raouya. Elle ne préjuge cependant pas de la future parité euro/dinar qui gouverne plus de la moitié des importations nationales. Son évolution au cours des derniers mois s’est déjà traduite par une forte dépréciation imputable, non pas à une décision des autorités moné- taires algériennes, mais à la variation de la parité euro/dollar sur les marchés des changes internationaux.