La communauté universitaire s’est impliquée et a suivi l’évolution du discours de la classe politique algérienne durant la campagne électorale pour les locales 2017 pendant les trois semaines.
Cette analyse relève que les dirigeants des 51 formations politiques en lice pour les prochaines locales ont mené un chassé- croisé à travers tout le pays pour convaincre les citoyens d’adhérer aux différents programmes proposés. La campagne électorale a connu une «courbe ascendante» en termes d’engouement. L’étude ajoute que la campagne électorale des locales du 23 novembre a été marquée par une «évolution» du discours politique chez les responsables des partis et une adhésion croissante des jeunes, en dépit de certains points négatifs récurrents à chaque rendez-vous électoral, tels que les «fausses promesses» et les «faibles capacités de mobilisation» de plusieurs formations politiques qui se sont contentées de l’action de proximité. A ce propos, l’enseignant en sciences politiques à l’Université d’Alger 3, Slimane Aarej, relève «une bonne organisation grâce aux moyens administratifs et logistiques mis en place par l’Etat», tout au long des trois semaines
de la campagne électorale, qui s’est achevée dimanche dernier.
Estimant que les dirigeants des 51 formations politiques en lice pour les prochaines locales ont mené un chassé-croisé à travers tout le pays pour convaincre les citoyens d’adhérer aux différents programmes proposés, il a ajouté que la campagne électorale a connu une «courbe ascendante» en termes d’engouement, ce qui prouve que certains partis politiques ont des traditions dans le domaine de la communication politique les habilitant à enregistrer leur présence à chaque occasion politique». Parallèlement, une «faiblesse des capacités de mobilisation» est constatée chez d’autres formations politiques qui ont favorisé les rencontres de proximité aux meetings, a-t-il souligné. S’agissant du discours politique, Badreddine Zouaka, enseignant en sciences de l’information à l’Université
de Batna, a noté également une «amélioration du discours politique de certains partis
à la faveur des expériences passées». Cependant, le processus politique, a-t-il ajouté,
a besoin d’une action institutionnelle intégrée et efficace pour construire la société
du savoir, des valeurs et des systèmes», a-t-il estimé.
Par ailleurs, il a été enregistré une adhésion croissante des jeunes au processus politique, ce qui a conféré un caractère «exceptionnel» au discours politique, un discours plus attentif aux préoccupations de cette catégorie de la société, considère Zouaka. Même si des discours médiatiques ont versé dans la critique en sous estimant les candidats et en remettant en cause l’intérêt du processus politique, des listes de candidats sont parvenus
à tirer profit du nouveau support d’information que sont devenus les réseaux sociaux,
ce qui a imprégné la communication politique d’une certaine efficacité, a expliqué Zouaka.
Pour sa part, Idris Attiya, enseignant à l’université de Tebessa, a estimé que le discours politique a varié, lors de cette campagne, entre «un discours réaliste» et «un discours irréalisable», soulignant l’émergence de nouveau discours «qui s’intéresse à l’environnement et au développement durable». Soulignant que ces thèmes ont été abordés dans le cadre de la conjoncture financière inconfortable su pays, il a estimé que
le discours politique en Algérie accordait désormais un intérêt croissant à ces questions.
Il a salué, dans ce contexte, «le souci d’égalité de traitement dont ont fait montre les médias en matière de couverture et de plages horaires affectées aux candidats et aux partis», contribuant ainsi, a-t-il dit, à la concrétisation de l’équité dans le cadre de la transparence et de la démocratie. Par ailleurs, la campagne a enregistré de nombreux points négatifs, particulièrement le nomadisme politique qui se répète à chaque rendez-vous électoral, précise l’enseignant universitaire qui a ajouté que «ce phénomène a donné une mauvaise image des institutions partisanes et politiques (…) ce qui traduirait une absence de traditions politiques chez certains partis et candidats. «En l’absence d’une vision claire en matière de diagnostic de la crise que traverse l’Algérie, de nombreux partis ont recouru
à un excès de promesses», a-t-il encore relevé.
Ce même constat est fait par Aradj qui évoque «des dépassements relatifs à la culture de l’activité partisane et l’éducation politique qui impactent sur la concurrence en matière de politique», estimant que cette expérience «doit être forgée et organisée davantage à travers la pratique pour sortir de ce cercle négatif». Après 22 jours de campagne électorale clôturée dimanche à minuit, les formations politiques en lice pour les élections locales prévues le 23 novembre ont entamé une période de silence électoral conformément à la loi.