Algérie-Italie: Convergence de vue sur toutes les questions d’intérêt commun

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La visite d’Etat qu’a entamée hier en Algérie le président italien, Sergio Mattarella, a permis de relever une convergence de vue sur toutes les questions d’intérêt commun entre les deux pays. Animant conjointement un point de presse avec M. Mattarela, le président Tebboune a affirmé que les relations entre les deux pays sont « fortes et seront consolidées dans un futur très proche ». Il a noté, à cette occasion, une concordance de vue entre l’Algérie et l’Italie en matière de coopération économique, notamment dans le domaine des petites et moyennes entreprises. Il a exprimé, à ce propos, son « optimisme » quant à la réunion du Haut comité algéro-italien de sortir avec des résultats « positifs, réels et qui peuvent être appliqués sur le terrain ». Concernant le renforcement de l’industrie algérienne notamment celle relative à la petite et moyenne entreprise, il a rappelé que deux ministres délégués ont été envoyés, dans ce sens, en Italie en occurrence ceux de la petite industrie et les startups. Il a, à cette occasion, réitéré les relations de « fraternité fortes et solides » existantes entre les deux pays. « Les relations entre les deux pays sont très anciennes. Elles se sont renforcées durant la guerre de libération nationale sans oublier les aides de l’Italie envers l’Algérie lors de la décennie noire, un des rares pays à nous avoir soutenu », a-t-il dit. Le président Tebboune a indiqué avoir abordé avec son homologue italien les questions régionales et internationales, relevant une « convergence de vue » notamment sur le dossier libyen. Lors de cette visite, trois accords ont été signés dans les domaines de l’Education, de la Justice et de la sauvegarde du patrimoine culturel.Il s’agit d’un accord d’ouverture d’une école internationale italienne à Alger, signé, côté algérien, par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, et, côté italien, par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Luigi Di Maio. Un protocole de jumelage entre les Ecoles supérieures de la magistrature d’Algérie et d’Italie a été également signé lors de cette cérémonie par le directeur général de l’Ecole supérieure de la magistrature, Abdelkrim Djadi, et par le président de l’Ecole supérieure italienne de la magistrature, Giorgio Latanzi.

Un accord-cadre a été, enfin, signé entre l’Ecole nationale supérieure de sauvegarde du patrimoine culturel et sa restauration de Tipasa (Alger) et l’Institut central de la restauration de Rome (Italie), respectivement par le directeur de l’Ecole nationale supérieure de sauvegarde du patrimoine culturel et sa restauration, Mohamed Cherif Hamza, et la directrice de l’Institut central de la restauration, Alexandra Marino. Ces accords ont été signés à l’issue d’un entretien, en tête à tête, entre le président Tebboune et son homologue italien, élargi aux membres des délégations des deux pays. A cette occasion, le président italien a déclaré que la solution au conflit au Sahara occidental doit tenir « dûment compte des droits du peuple sahraoui », exprimant le souhait d’une reprise de négociations directes entre les parties en vue d’une solution « équitable et durable » de la question. M. Mattarella, qui a entamé une visite d’Etat de deux jours en Algérie, a formulé l’espoir que « l’engagement » de M. De Mistura « pourra contribuer, malgré la situation actuelle de tension, à une reprise de négociations directes entre les parties (au conflit, Maroc et Front Polisario, ndlr) en vue d’une solution équitable et durable de la question, qui tienne dûment compte des droits du peuple sahraoui ». Le président Mattarella a souligné, dans ce contexte, que l’Italie soutient « le rôle de l’Algérie et son attachement au cadre onusien sur le Sahara occidental ». Premier client de l’Algérie, l’Italie achète annuellement plus du tiers du gaz algérien exporté, tandis qu’elle occupe la deuxième place parmi les pays de l’Union Européenne (UE) fournisseurs de l’Algérie. En 2020, le volume global des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Italie a atteint près de 6 milliards de dollars (USD), dont 3,5 milliards USD d’exportations algériennes vers l’Italie (notamment des hydrocarbures) et 2,42 milliards USD d’importations de ce pays (des équipements surtout). Au premier semestre 2021, l’Algérie a exporté pour près de 3 mds USD vers l’Italie et importé pour 1,23 mds USD.

La balance commerciale entre les deux pays a toujours été excédentaire à la faveur de l’Algérie.

Le secteur des hydrocarbures occupe une place importante dans la relation économique algéro-italienne, grâce notamment au partenariat entre le Groupe Sonatrach et le groupe énergétique italien Eni, présent depuis 1981 en Algérie. Les deux Groupes gèrent le Gazoduc TransMed, aussi appelé Enrico Mattei, reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie et permettant l’exportation annuelle d’un volume allant jusqu’à 32 milliards de m3 de gaz algérien vers l’Italie. L’Italie a constitué, durant le premier trimestre de l’année en cours, la première destination des exportations algériennes de gaz avec un volume total de 6,4 milliards de mètres cube (m3), soit une progression de 109% par rapport à 2020. L’Algérie consolide ainsi sa position de deuxième fournisseur de gaz de l’Italie avec des parts de marché à 35% contre 16% durant la même période de 2020. Un avenant du contrat de vente de gaz, signé entre Sonatrach et Eni l’année dernière, a fixé les conditions commerciales pour l’année gazière 2020-2021. Ledit contrat, datant de 1977, avait été renouvelé en mai 2019 pour l’approvisionnement du marché italien pour une durée de huit (8) années fermes jusqu’en 2027, plus deux années optionnelles supplémentaires.

*Diversifier la coopération économique hors hydrocarbures Toutefois, devant la dominance du secteur énergétique sur les relations économiques et commerciales entre l’Algérie et l’Italie, les deux pays aspirent à diversifier et élargir davantage leur coopération vers d’autres secteurs d’activité. Dans son message adressé au Président Tebboune, à l’occasion de la fête nationale du 1 novembre, lundi dernier, le Président Matarella a indiqué que « Algérie et l’Italie sont liées par une amitié historique qui, au fil du temps, nous a permis de développer une coopération intense et fructueuse dans de nombreux secteurs d’intérêts commun ». Le président italien a assuré, dans son message, que sa visite en Algérie allait permettre aux deux pays de « consolider davantage les réalisations bilatérales avec l’objectif commun de promouvoir une plus grande stabilité et prospérité dans la région méditerranéenne ». Pour sa part, le ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Luigi Di-Maio, avait déclaré, lors de sa visite en Algérie, en décembre 2020, que les deux pays ont développé un « partenariat solide » dans les secteurs économique et commercial, rappelant que l’Algérie a été en 2019, le premier partenaire de l’Italie dans la région MENA. Le chef de la diplomatie italienne avait alors exprimé le souhait de son pays de diversifier les domaines de coopération avec l’Algérie, en plus des hydrocarbures, en citant, à titre d’exemple, les infrastructures, les PME, l’innovation technologique, l’agro-industriel et les télécommunications. Le mois dernier, dans une déclaration à la presse, l’ambassadeur d’Italie à Alger, Giovanni Pugliese, a exprimé son souhait de voir la coopération bilatérale entre Alger et Rome se diversifier, en particulier sur le plan économique. « Nous avons beaucoup d’espoir dans les réformes économiques en cours en Algérie et surtout dans l’amélioration du climat des affaires, ainsi que des réformes bancaires », a-t-il affirmé, souhaitant « qu’une place de choix soit réservée à l’Italie dans le cadre de ces réformes». Séduit par le marché algérien qui offre de nombreux avantages dont une main-d’œuvre jeune et qualifiée et un coût faible de l’énergie, le diplomate italien a soutenu: «nous voulons aller très loin avec l’Algérie ».

T. Benslimane