L’UE invoque notamment le système de licences d’importation quasiment équivalent à une interdiction d’importation. Tout en se disant ouverte à la recherche d’une solution négociée à tout moment, l’UE annonce qu’elle a nommé ce mercredi 16 juillet dans le cadre des consultations demandées en juin 2024 afin de trouver une solution mutuellement acceptable négociations qui n’ont pas abouti et, de ce fait, qu’un troisième arbitre devrait être nommé en vertu de l’accord d’association signé entre les deux parties l’Algérie devant désigner le sien dans un délai de deux mois :les trois arbitres statueront ensuite sur la question et leur décision sera contraignante pour les parties.
3. Les différents : la position de l’Algérie
Rappelons qu’en 2023, les échanges entre l’Algérie et l’UE se sont élevés à 50,2 milliards d’euros, dont 35,37 milliards d’euros d’exportations algériennes en majorité les hydrocarbures, et des importations de 14,91 milliards d’euros. Dans ce cadre, il y a lieu de rappeler la structure du commerce extérieur de l’Algérie. Selon l’Association of Commercial Collectors (IACC) nous avons respectivement pour les exportations les importations de biens la structure suivante du commerce extérieur algérien non compris le mouvement des services et ce pour 2O24. Pour le top 10 des clients de l’Algérie (Exportations 2024) (Évolution 2023 → 2024 en %), nous avons : Italie – 11,96 Mds USD (-21%) -France – 6,80 Mds USD (-11%) -Espagne – 6,01 Mds USD (-11% Corée du Sud – 3,63 Mds USD (+15%) – États-Unis – 2,54 Mds USD (-19%) – Belgique – 1,68 Mds USD (-17%) – Royaume-Uni – 1,62 Mds USD (-16%) -Pays-Bas – 1,56 Mds USD (-24%) – Turquie – 1,47 Mds USD (+1%) – Brésil – 1,40 Mds USD (-23%) .La baisse généralisée des exportations vers les marchés européens traduit l’effet combiné de la baisse des prix des hydrocarbures et d’une demande extérieure plus faible. Quant au Top 10 des fournisseurs de l’Algérie (Importations 2024 (Évolution 2023 → 2024 en %), nous avons : Chine – 11,69 Mds USD (+23%) – France – 5,18 Mds USD (+7%) – Italie – 3,13 Mds USD (+3%) – Turquie – 2,89 Mds USD (+5%) -Brésil – 2,56 Mds USD (+8%) – Allemagne – 2,27 Mds USD (+3%) N6 Arabie Saoudite – 1,08 Mds USD (+31%) – Belgique – 1,03 Mds USD (+12%) Canada – 1,02 Mds USD (+5%) – États-Unis – 1,01 Mds USD (-16%) ;
Concernant l’Accord d’association et ses incidences sur l’Algérie, il englobe une multitude de domaines de coopération, politique, économique, culturel, la libre circulation des personnes et autres, mais c’est le volet relatif au rééquilibrage des échanges commerciaux qui motive le plus la demande de la partie algérienne à renégocier l’accord en question invoquant le titre 2 de l’accord, portant «libre circulation des marchandises», dans son premier chapitre sur «les produits industriels» où l’article 11 donne la possibilité à l’Algérie de bénéficier de «mesures exceptionnelles» de durée limitée dérogeant aux dispositions de levée des barrières douanières. pouvant s’appliquer qu’à des industries naissantes ou à certains secteurs en restructuration. L’Accord reconnaît à l’Algérie un droit de prendre des mesures de protection, dont l’article 24 qui donne à l’Algérie le droit de prendre des mesures de sauvegarde, en arrêtant l’importation d’une catégorie de produits si elle porte préjudice à la production nationale, devant être renégocié pour rendre son champ d’application plus efficace et avantageux. Aussi, pour l’Algérie, l’objectif de cet accord est de « densifier » cette coopération, dont la démarche d’évaluation réclamée ne vise nullement à remettre en cause le cadre global de l’’Accord, mais, bien au contraire, à l’utiliser pleinement dans le sens d’une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération et que seules des négociations constructives permettraient de relancer la coopération entre l’Algérie et l’UE dans le but de mettre les relations économiques au centre de cette coopération, de donner à cet accord toute son importance et d’utiliser tout son énorme potentiel dans ses trois composantes: politique, économique et humaine. Aux préoccupations soulevées par l’UE suite aux mesures de rationalisation des importations prises par le gouvernement algérien dans un contexte bien particulier, cela n’est pas propre à l’Algérie comme en, témoigne bien avant l’épidémie du coronavirus les mesures restrictives de bon nombre de pays tant pour les USA que l’Europe et les tensions avec la Chine. L’Algérie reste convaincue que les discussions productives permettront d’arriver à des solutions acceptables qui prennent en ligne de compte les intérêts légitimes de chaque partie,
4. Quelles perspectives ?
Le marché naturel de l’Algérie encore est l’Europe lui procurant en 2024 plus de 65% de ses ressources en devises en attendant la diversification de son économie pour des produits à forte valeur ajoutée supposant des entreprises compétitives (cout :qualité) à moyen terme l’Afrique encore que pour les hydrocarbures émergent récemment d’importants concurrents , les taxes douanières américaines et l’Asie avec un coût de transport important , (devant contourner toute la corniche de l’Afrique) étant pour ses exportations marginal, surtout pour le gaz , l’Algérie tant un pays gazier et non pétrolier, entre 11/12 milliards de barils de réserves de pétrole , environ 25OO milliards de mètres cubes gazeux (source dernière réunion du Forum du gaz à Alger ) ne peuvent pas concurrencer des pays proches de l’Asie dont la Russie 35.OOO milliards de mètres cubes gazeux, l’Iran 32.OOO et le Qatar 2O.OOO . Il faut être réaliste, l’Europe des 27 pèse en 2024 , 17.942 milliards de dollars pour une population 449,2 millions d’habitants ce qui en fait la troisième puissance économique mondiale après les USA et la Chine et la deuxième en termes de PIB par habitant avant la Chine . L’Algérie a un PIB contre 268 milliards de dollars représentant 1, 5% du PIB européen (moins de 2%) pour le PIB par tête d’habitant en 2O24 de ‘l’Europe est de 46.3OO dollars au cours actuel euros et celui de l’Algérie 5.13O dollars soit 11% de celui de l’Europe L’Algérie tout en préservant sa souveraineté , doit tenir compte de sa situation budgétaire plus de 61 milliards de dollars de déficit budgétaire en 2025, et financière et selon plusieurs agences internationales avec la baisse de ses réserves de change de 7O milliards de dollars fin 2023, à 51,4 fin 2O24 et à 39 milliards de dollars à juin 2025 qui pourrait avoir des conséquences sur la dépréciation du dinar le cours du 18/07/2025 dépassant étant l’officiel de 15O dinars un euro et celui du marché parallèle à la vente 263,5 dinars un euro, l’annonce de l’allocation de 75O euros par la BA, une sortie de devises annuelle selon le ministre des finances de 3 milliards d’euros soit 3,17 milliards de dollars et ce à compter du 20 juillet 2025, n’ayant pas eu encore d’effets, le square de port Saïd étant attentif à l’avenir au niveau des réserves de change et toute baisse accentuera l’écart actuellement de plus 74% avec celui de l’officiel . Avec le déficit budgétaire et l’ épuisement du fonds de régulation des recettes, du fait de la baisse des recettes de Sonatrach qui sont passées de 6O milliards de dollars en 2022, à 5O en 2023, à environ 43/44 en 2O24 et si le cours du pétrole prévu par l’AIE de 64/67 dollars le Brent, et 30/35 dollars le mégawattheure pour le gaz moins de 4O milliards de dollars en 2O25 pour des dépenses selon la loi de finances 2O25 dépassant 125 milliards de dollars, cela accentuera la dette publique brute- attention à la planche à billets- et donc des pressions inflationnistes surtout avec les dernières décisions de restrictions des importations alors que le taux d’intégration entreprises publiques et privées fin 2024 ne dépasse pas 15%, environ 85%des matières premières et équipements étant importés . Certes l’Algérie a une dette extérieure de moins de 5% du PIB mais face à une population de plus de 47 millions d’habitants avec des besoins croissants , le taux de croissance nécessaire devrait être de 7/8% pour absorber le flux additionnel annuel 35O.OOO/4OO.OOO emplois nouveaux par an , pas des emplois rente qui s ‘ajoute aux taux de chômage actuel de plus de 1O%. Dans ce contexte, l’Algérie étant un acteur clef de la stabilité régionale euro-méditerranéenne et africaine , l’Europe est un partenaire stratégique pour l’Algérie et vice versa l’Algérie, un acteur stratégique pour l’Europe pour son approvisionnement énergétique, près de 2O% du marché européen en gaz en 2024 et ce suite aux sanctions contre la Russie. Il s’agit, comme je l’ai souligné il y a quelques années lors d’une conférence, à l’invitation du parlement européen à Bruxelles, de dépassionner les relations car la stabilité des deux rives de la Méditerranée nous impose d’entreprendre ensemble. Mais pour être un pays pivot, une Nation n’étant respectée que si elle a une économie forte, des réformes de structurelles doivent avoir lieu avec pour finalité une économie diversifiée, loin des aléas de la rente des hydrocarbures (98% des recettes en devises avec les dérivés inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour 67% en 2023 en nette baisse ) et encourager l’investissement créateur de valeur ajoutée. Cela passe par la lutte contre la bureaucratie afin d’améliorer le climat des affaires, la refonte du système socio-éducatif, le foncier, le système financier, (douanier, fiscal, domaine, banques) l’administration centrale/ locale par une réelle décentralisation , à ne pas confondre avec déconcentration, pour une participation citoyenne, et une nouvelle régulation sociale ciblée au profit des plus démunis, loin du populisme, des salaires versés sans contreparties productives conduisant à terme à une dérive sociale, voire politique .
Pr des universités- Expert international- Dr d’Etat en gestion 1974 Abderrahmane MEBTOUL
Suite et fin






