Le séisme médiatique, soulevé par la caméra cachée consacrée à l’écrivain Rachid Boudjedra, a eu le mérite de clarifier bien des choses. A l’unanimité, l’opinion publique a condamné ces méthodes de goujat qui sous prétexte de faire rire, font dans l’humiliation et il y a comme un plaisir sadique à voir l’autre enrager.
L’illustre écrivain est sorti de ses gonds et on comprend aisément qu’un homme de 75 ans puisse développer une telle colère, parce que se sentant trahi. De plus, le rassemblement de solidarité a suscité de nombreuses réactions dont celle de la mouvance islamiste qui est sortie de sa réserve pour fustiger «la gauche qui éloigne la population de ses véritables valeurs en soutenant «un communiste». Et de ressortir l’argument des constantes nationales que sont l’islam, la langue arabe, malmenés selon ces leaders politiques. Comme si nous vivions dans un pays où règne l’apostasie et l’athéisme. Chaque fois que les citoyens essayent de s’organiser ou simplement de manifester leur courroux vis-à-vis de graves dépassements comme ceux qu’a eu à subir l’écrivain Rachid Boudjedra, les islamistes sortent aussitôt des bois et s’en prennent alors violemment à tout mouvement porteur de velléités démocratiques. Ainsi, quand de simples citoyens expriment leur ressentiment de voir malmener une icône de la littérature algérienne par de jeunes blancs becs, ils sont aussi aussitôt accusés de tous les maux, de faire «de l’entrisme», d’être manipulés par des forces étrangères et de toutes les tares possibles, par les gardiens autoproclamés des valeurs qui eux émargent toute honte bue aux chancelleries étrangères pareils à des chevaux de Troie introduits par le salafisme. C’est Ibn Rochd qui a dans une formule judicieuse, trouvé la parade : «Le musulman est préoccupé par sa foi, l’islamiste est préoccupé par la foi des autres». Tout est dit.