Tipasa: Samia Balistrou, une monitrice de plongée en «guerre» contre la pollution marine

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Photo conception L'Echo d'Algérie@

Elle s’est imposée d’emblée comme ambassadrice de la mer. Samia Balistrou, une monitrice de plongée à Tipasa, défend la virginité des fonds marins, portée en cela par un amour fou et parfois démesuré pour la mer dont elle exploite les secrets depuis plus de trois décennies.

L’ histoire de cette jeune quinquagénaire (55 ans), première femme en Afrique à posséder le brevet de plongeur niveau III-, avec la mer a été difficile, raconte-telle, soulignant que ses débuts dans le monde de la plongée sous-marine ne furent pas des plus aisés car, à l’époque, le domaine était une chasse gardée des hommes, explique-t-elle. «Mais j’ai tenu bon», relève non sans fierté cette plongeuse qui est également spécialiste en environnement, en biologie et en archéologie. Outre, la «mentalité machiste» ambiante, le manque de moyens et la cherté des équipements de plongée n’étaient pas non plus faits pour encourager à la pratique de ce sport, avoue-t-elle, se félicitant, néanmoins, que son obstination l’ait emporté sur le reste grâce au soutien des autorités publiques et de quelques bienfaiteurs qui, admet-elle, ont contribué dans sa propulsion au rang de pionnière de la plongée sous marine en Afrique. Après un long parcours du combattant, soit après 10 ans de plongée en tant qu’amatrice, durant une époque des plus difficiles qu’a vécu l’Algérie, la décennie noire, Samia Balistrou a pu fonder son premier club de plongée en 1997. Cette monitrice hors pair a formé des dizaines de plongeurs professionnels, en plus de milliers d’amateurs de plongée, entre citoyens modestes, marins, diplomates et hauts cadres (algériens et étrangers).

Cet amour démesuré pour la mer l’a mené sur les sentiers escarpés de défense des fonds marins qui lui a attiré, de son aveu, moult problèmes. Mais qu’à cela ne tienne, l’infatigable aventurière écume les plages et ports de Tipasa, semant conseils et recommandations, tout en intervenant, quelques fois, pour mettre le holà aux comportements nuisibles constatés contre l’environnement marin, cher à son cœur. Samia Balistrou ne manque pas, à cet effet, de dénoncer le comportement irresponsable de certains pêcheurs, qu’elle a cité parmi les causes principales de la pollution marine. Cette lutte acharnée menée au quotidien, depuis plus d’une trentaine d’années par S. Balistrou, contre tout ce qui peut porter atteinte à la mer et à l’environnement marin en général, a valu à cette authentique fille de la Casbah, une réputation digne des plus grands défenseurs de l’environnement à l’échelle internationale. Cette monitrice ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle a à cœur, actuellement, d’ancrer profondément son amour pour la grande bleue dans l’esprit de la nouvelle génération qu’elle entend former au respect et à la protection de l’environnement marin, à travers une collaboration étroite avec l’association Home, pour les activités juvéniles. «Car éduquer dès l’enfance est le meilleur moyen de lutter contre certaines mentalités nuisibles au sein de notre société, lesquelles, se basant sur une vieille expression populaire, sont convaincues que la mer, dans sa grande étendue, peut tout charrier», estime-telle. Et pour cause : chaque plongée dans les fonds lui laisse un goût inassouvissable car, si les profondeurs marines lui font vivre des moments de joie inégalée, cette joie est «véritablement gâchée», selon sa propre expression, par les innombrables déchets qu’elle y rencontre.

Equipements électroménagers (réfrigérateurs, téléviseurs ?!), bouteilles en plastique et verre, vêtements et ustensiles en tous genres, constituent autant de désagréments rencontrés sur son chemin vers les profondeurs marines, déplore-telle, mais ce n’est pas tout, car le pire de ces déchets est représenté par les sachets en plastique, qu’elle qualifie de «véritable hécatombe» pour la mer, quant on sait que des études ont démontré qu’ils mettent entre 400 à 600 années pour se dissoudre, soutient-elle. Les sacs en plastique constituent également un danger pour la ressource piscicole, car ils peuvent être à l’origine de la décimation de la posidonie, une plante à fleurs sous-marine de la Méditerranée, véritable réservoir d’oxygène pour les fonds marins, et vivier pour le développement et la croissance des poissons. Ce qui expliquerait, selon elle, le recul de la production piscicole nationale, que les pêcheurs citent à l’origine de la hausse des prix des produits de la mer. Heureusement pour elle, cette dame de fer est épaulée, dans son combat noble, par toute une génération de jeunes férus de la mer, à l’image de son fils (26 ans), un moniteur comme elle et plongeur hors pair, pour avoir eu la chance d’avoir connu la joie de la plongée sous marine, alors qu’il n’avait que trois ans, une première dans ce sport aquatique. Cette génération de jeunes, formée par ses soins, milite pour un environnement marin sain et propre et pour une pêche réglementée, mais surtout contre une mer poubelle, car la mer est vivante, crient-ils à qui veut les entendre.

C’est dans cette optique, que le club de plongée de Samia Balistrou, travaille en étroite collaboration avec l’association Home, en vue d’ancrer l’esprit environnemental chez les écoliers. L’initiative permettra, cette année, d’offrir une chance à plus d’une centaine d’écoliers de découvrir les joies de la plongée, avec la sélection d’une dizaine, parmi eux, comme ambassadeurs de la mer, en leur décernant un brevet de stage de premier degré. Pour accompagner cette action de sensibilisation, menée à tout vent, contre la dégradation de l’environnement marin et contre une mer poubelle, Samia en appelle à une stratégie nationale répressive pour mettre le holà à ces atteintes. Cette fervente défenseuse de la mer ne manque jamais une occasion pour plaider pour une police de la mer susceptible de mettre fin aux atteintes quotidiennes contre le milieu marin, soulignant l’importance de son combat, qui fait l’objet d’un intérêt particulier auprès de l’ONU-Environnement, qui a lancé une campagne mondiale de lutte contre les déchets marins, le 23 février dernier. En langage chiffré, la pollution de la mer est causée, à 80 %, par les rejets terrestres, des cours d’eau et des conduites d’assainissement, outre, le transport maritime et les rejets des activités industrielles, selon Samia Balistrou, qui les a qualifiés de crimes impardonnables..