Ligue 1: Les entraîneurs, ces éternels boucs émissaires

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La durée de vie moyenne d’un entraîneur dans un club est très courte chez nous. Peu importe, s’il réalise de bons résultats ou pas ou que son équipe soit classée parmi les premiers ou les derniers, il est conscient qu’il est assis sur un siège éjectable.

En quittant ses joueurs la veille, il sait qu’il peut ne pas les revoir le lendemain. Sa valise est prête à être bouclée à tout moment. Sa seule satisfaction est que souvent il parte avec un gros chèque en poche, à condition toutefois que la séparation se fasse à « l’amiable », comme aiment à le répéter abusivement les dirigeants. L’opinion sportive s’est accommodée de ces nombreux divorces qui parfois n’obéissent à aucune logique encore moins à des critères étudiés loin de toute subjectivité. Ils se font souvent sur un coup de tête, sous la pression d’une partie des supporters, ou après une défaite mal digérée. L’on ne parle pas ici des techniciens remerciés pour mauvais résultats et dont les équipes occupent le bas du tableau.

Mais plutôt de ceux qui jouent les premiers rôles loin d’être épargnés par cette propension compulsive et irrépressible à chasser les entraîneurs. Au moindre problème, c’est lui, le premier fusible à sauter. Comme l’a déclaré un jour le président d’un grand club en Europe, «c’est plus facile de renvoyer un coach que toute une équipe». Mais chez nous, l’on abuse un peu. Souvent les dirigeants se tirent une balle dans le pied, car ces limogeages intempestifs au lieu d’apporter le changement escompté, accentue au contraire la crise et l’instabilité au niveau de leurs clubs. Cette saison, preuve que notre football marche sur la tête, le leader et son poursuivant immédiat se ont séparés de leurs coaches et sont toujours à la recherche de leurs remplaçants. Ironie du sort, l’actuelle lanterne rouge, l’US Biskra, a décidé en revanche de conserver jusqu’à présent son entraîneur, Nadhir Leknaoui. C’est le monde à l’envers ! Il faut noter par ailleurs que la majorité écrasante des clubs de la Ligue 1 ont changé de technicien durant la phase aller du championnat. Le dernier en date, la JSK qui a montré à Hubert Velud la porte de la sortie, suite à sa défaite contre l’USMA à Bologhine. Pourtant, le technicien français a pu maintenir l’équipe à flot, en dépit d’un effectif très limité techniquement. Visiblement nos présidents ont perdu la principale vertu du football, à savoir la patience. Ils naviguent à vue sans boussole ni repère et s’empressent de prendre des décisions qu’ils regretteront par la suite. Ce qui n’est pas nouveau au demeurant. Il ne faut pas aller chercher loin les raisons du recul de nos clubs sur lascène internationale. L’instabilité au niveau des staffs techniques y contribue largement. Le grand perdant n’est pas celui que l’on croit. L’entraîneur limogé retrouve souvent et rapidement un banc et finit par rebondir ailleurs. C’est plutôt le niveau de notre championnat qui en pâtit. Les saisons se suivent et se ressemblent. C’est plus qu’une impression. Ce sont les mêmes mauvaises pratiques qui reviennent inlassablement. Elles ont la peau dure, comme nos dirigeants, d’ailleurs.

Ali Nezlioui