« La contribution à satisfaire la demande croissante sur la production d’alevins, exprimée par les fermes aquacoles, attire de plus en plus les investisseurs. Cela devrait mener à l’émergence d’une industrie locale d’alevins et d’aliments de poissons » tel a été la recommandation soulignée par le premier responsable de la Pêche au ministère de l’Agriculture, de la Pêche et du Développement rural à l’occasion d’un regroupement régional de concertation autour de l’élaboration de la stratégie nationale de l’Economie bleue (SNEB).
L’encouragement de la production locale d’alevins et d’aliments de poissons est devenue une nécessité pour hisser la filière aquacole en Algérie et en faire une chaîne de valeurs, a indiqué mercredi à Alger le directeur général de la Pêche, Taha Hammouche. Selon lui, l’aquaculture est une activité naissante qui se développe très vite et qui devient attractive pour les investisseurs. Il a, à cet effet, invité les opérateurs économiques à investir dans l’élevage de poisson en mer qui, a-t-il expliqué, nécessite une technologie plus pointue et une maîtrise des cycles de production. Pour M. Hammouche, le but de l’élaboration d’une stratégie nationale est de « développer tous les types d’économies en relation avec la mer, créer de la richesse et des postes d’emploi au niveau de l’ensemble du littoral national ». Le concept de l’économie bleue se définit par l’exploitation de l’ensemble des ressources liées directement ou indirectement à la mer de manière durable préservant les écosystèmes et la ressource halieutique. Dans ce cadre, le même responsable a souligné l’intérêt de bâtir cette stratégie aux niveaux local et national avec la participation de l’ensemble des acteurs institutionnels, économiques et issus de la société civile autour de cette économie. Présent à cette rencontre, l’expert de l’UE, Frederic Herpers, a estimé que l’élaboration de la SNEB doit engager un processus de consultation dynamique aboutissant à une approche intégrée pour le développement de l’économie bleue en Algérie. De plus, cette stratégie doit s’appuyer sur les travaux et études antérieurs pour une capitalisation des expériences antécédentes de chaque projet, selon le représentant de l’UE. M. Herpers a, également, estimé nécessaire l’implication de tous les acteurs, notamment au niveau du Comité national pour l’économie bleue (CNEB) « afin de veiller au caractère interministériel des travaux sur le projet de stratégie ». Selon l’expert, l’économie bleue doit s’intégrer dans le cadre d’une politique maritime intégrée s’appuyant sur le capital naturel du pays (ressources, espaces), son capital humain (savoir-faire, patrimoine, gouvernance) et son capital technique (financements et création des conditions attractivité pour les investisseurs). Pour leur part, les représentants des cinq (5) wilayas présentes ont évoqué leurs recommandations en vue de l’élaboration de la SNEB. Ils ont notamment mis en avant le besoin de mettre en place les dispositions réglementaires et législatives pour définir le concept de l’économie bleue, intégrant sa dimension multisectorielle. Ils ont également plaidé en faveur de la mise en place d’incitations à l’investissement innovant dans l’économie bleue en impliquant les différents bailleurs de fonds, ainsi que l’installation d’un comité local de concertation au niveau des wilayas « pour créer une synergie de travail entre différents intervenants ». Les mêmes responsables ont aussi plaidé pour la création de coopératives et pour la mise en place d’un système d’information « rassemblant l’ensemble des indicateurs socio-économiques de la wilaya » afin de mieux appréhender les potentialités en termes d’économie bleue. A noter que le regroupement régional pour l’élaboration de la SNEB a été organisé pour les directions de pêche et d’aquaculture des wilayas du centre du pays (Alger, Bejaia, Tizi Ouzou, Boumerdès, Tipaza, Chlef) dans le cadre du programme d’appui Algérie-UE. Lundi, une rencontre régionale similaire a été organisée à l’Est du pays réunissant les wilayas d’Annaba, El Taref, Jijel et Skikda. Pour rappel, la valeur des investissements privés en aquaculture en Algérie s’est élevée à 75 milliards DA destinés à la réalisation de 271 projets approuvés par le Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l’aquaculture (CNRDPA).