Musique: Début à Oran de la tournée de la Grande Sophie par un spectacle au TRO

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La tournée algérienne de la chanteuse française la Grande Sophie a été entamée à Oran, au TRO. Dans ses bagages, un bouquet de ses anciens titres, notamment les succès les plus remarqués, mais aussi quelques extraits de son prochain et non moins 8e album, qui ne sera commercialisé qu’à la rentrée prochaine.

Huit albums, c’est d’abord pour signifier qu’elle n’est pas née de la dernière pluie et cette artiste peut également se vanter d’avoir écrit et composé, entre autres, pour sa compatriote Françoise Hardy, la grande star qui, jadis, dans les années 1960, était l’une des principales égéries de la génération yéyé et pour laquelle, pour l’avoir bien exprimé dans le spectacle, elle voue admiration, respect et affection. La Grande Sophie a interprété Le large, un des titres du dernier album studio (le 28e intitulé Personne d’autre) de son aînée qui, il y a pas si longtemps, venait juste de sortir d’une mauvaise passe liée à la maladie. Elle a sans doute pu et su capter le sentiment, la préoccupation ou même aussi cette étrangeté de l’angoisse du temps passé décelé chez l’ancienne star, un texte et une mélodie qui évoquent en même temps un style d’époque et une préoccupation d’aujourd’hui. Méritant bien le statut d’auteur-compositeur et d’interprète, la Grande Sophie est difficilement classable, d’abord parce que dans l’ensemble ses textes semblent se limiter à son univers intime, et ensuite parce que ses influences musicales sont multiples. «Je suis venue partager avec vous des émotions, découvrir ce qui se mijote là-haut dans la tête», lance-t-elle au détour d’une pause, après avoir prononcé les remerciements d’usage pour le bon accueil qui lui a été réservé. Guitariste sans prétention de la petite formation qui l’accompagne pour la circonstance avec un batteur (Raphaël Seguinier), une jeune pianiste (Louise Thiolon) et un bassiste-claviériste (Louis Sommer), la chanteuse enchaîne d’abord quelques-uns des titres qui ont fait sa renommée, comme Du Courage ou Les Pouvoirs de la tentation, histoire de rentrer dans le vif du sujet et de capter un peu l’attention du public varié qui s’est déplacé pour elle, notamment ceux qui n’ont pas déjà eu le loisir de la découvrir . Une occasion offerte aussi pour sa nouvelle équipe, ses «nouveaux héros» de se préparer, par le biais de cette «grande répétition», à assurer au mieux les rendez-vous scéniques suivants. L’enchaînement du spectacle importe peu, passant indifféremment de la tradition mélodique des chansonniers à des sonorités et des rythmes plus soutenus. Avec un titre comme On savait, elle opère un «petit rock» (en disant notamment «pour ne jamais devenir grand, on partait dans les nuages pour cueillir des pensées sauvages») mais avec d’autres, elle nous rappelle le style particulier des années 1980. Ainsi, on peut très bien déceler une légère influence de chagrin d’amour dans Les portes claquent et où il est aussi question de temps qui passe. «On ne s’est jamais revu, vu, vu le temps qui passe/ Les années qui défilent et je regarde en face/ Les portes claquent sur mes joues /Les questions à devenir fou vu, vu, vu le temps qui presse». Il y a sans doute également un peu de Francis Cabrel dans l’interprétation de Je ne changerai jamais, mais la Grande Sophie a toujours plus d’une corde à son arc et la chanson qu’elle consacre à la grande pianiste russe Maria Yudina sort un peu du lot, du fait d’abord de cette projection hors de soi. Un hommage pour cette «artiste qui a critiqué les dérives staliniennes» née sous l’Empire en 1899 et décédée en 1971 à l’époque de l’Union soviétique. Elle nous apprend que celle-ci, aujourd’hui, remise au goût du jour dans son pays, était paradoxalement la pianiste préférée de ce célèbre chef d’Etat, notamment lorsqu’elle interprétait les œuvres de… Mozart. «Non je ne suis pas Maria Yudina !», prévient la Grande Sophie dans sa chanson, soutenue par une ligne de basse, un peu à la manière de certains titres du groupe Police et cet intermède historique résonne dans sa mémoire comme le seraient ses rêves de jeunesse dans Nous étions des gamins (…) avec lequel elle clôt le spectacle, ses rendez-vous manqués, mais aussi ses désirs d’évasion et de voyage. «Il est temps de partir loin, d’aller voir ailleurs/ Rien ne nous retient/C’est sa petite volonté /Son désir secret» (extrait de Sa petite volonté). De ses voyages précédents, notamment en Asie, elle a ramené une chanson dédiée à la ville de Hanoï : «Autour du lac, il y a comme un monde qui bouillonne devant moi, un tableau, des amoureux se questionnent et une voix claironne : je te reverrai.» Alger aura-t-elle sa chanson ? C’est la Grande Sophie qui pose cette question à laquelle elle répond : «Je ne sais pas, je ne peux pas en décider là maintenant mais peut-être…»