Face aux nouveaux défis politiques et sécuritaires:  Le peuple et son armée, une histoire de confiance retrouvée

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Aujourd’hui plus que jamais, le peuple algérien affiche sa détermination à en finir avec un système qui a causé d’énormes préjudices au pays, à ses citoyens et à son économie. La mobilisation se poursuit sur le terrain et ne faiblit pas, même après la démission du désormais ex-président Abdelaziz Bouteflika.

Les Algériens, accompagnés en cela par leur armée, digne héritière de l’ALN, veulent une transition politique qui répondrait à leurs revendications exprimées dans le mouvement populaire et espèrent qu’elle se fera dans la douceur et de manière progressive et pacifique. C’est la raison pour laquelle, le peuple algérien qui a inauguré une page importante dans l’histoire du pays après avoir fait preuve d’une mobilisation continue, digne et pacifique, qu’il était déterminé à faire entendre sa voix, exprimant sa confiance dans la poursuite de la transition démocratique. Par sa position historique, le peuple algérien a fait preuve d’un haut degré de maturité, de conscience et de civisme qui ont dépassé toutes les prévisions ainsi que d’engagement, de confiance et d’attachement envers son armée, barrant ainsi le chemin à tous ceux qui tentent de contourner ses revendications légitimes et de porter atteinte à la crédibilité de son armée. Le lien étroit qui lie le peuple à son armée s’est renforcé et consolidé ces dernières années, au point que les vociférations de certains cercles, au service d’intérêts personnels étroits et au détriment des intérêts suprêmes de la patrie, ne sauraient, en aucune circonstance, le rompre. Dans le même sens, l’ANP vient de réaffirmer sa pleine adhésion aux revendications légitimes du peuple algérien, soutenant que le lien étroit qui la lie au peuple s’est renforcé et consolidé au point que rien ne saurait le rompre. Elle a également réitéré son engagement à demeurer fidèle au serment et à être le bras protecteur du peuple et de la patrie, soulignant son attachement à la solution préconisant l’application de l’article 102 de la Constitution. Cette solution proposée par l’ANP est en conformité avec les missions qui lui sont assignées par la Constitution en son article 28, en sa qualité de garant de l’indépendance nationale, de la préservation de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale, de la protection du peuple contre tout danger et menace ainsi que de par sa fidélité au message de Novembre, au serment qu’elle a prêté de placer l’Algérie et l’intérêt suprême de la patrie au- dessus de toute considération. Elle s’inscrit aussi en droite ligne de sa totale conviction en la capacité du peuple à surmonter toutes les difficultés et épreuves de quelque nature qu’elles soient. La proposition avancée par l’ANP comporte une solution inscrite dans la Constitution permettant à l’Algérie de traverser la conjoncture actuelle en toute sécurité et d’éviter ainsi des scénarios aux retombées néfastes. Cette solution constitutionnelle qui répond pleinement aux revendications légitimes exprimées clairement par le peuple algérien, a été favorablement accueillie par la majorité des citoyens. Dans ce sens, la classe politique a proposé plusieurs feuilles de route, les unes attachées au respect du cadre constitutionnel, d’autres appelant à la mise en place d’une instance chargée de gérer une courte phase de transition. Ainsi, le Mouvement de la société de la paix (MSP) a estimé dans ce cadre que l’application de l’article 102 de la Constitution, enclenchant la procédure de déclaration de l’état d’empêchement du président de la République, est une issue à la crise, relevant, toutefois, qu’elle « ne permet pas à elle seule la concrétisation des réformes, la transition démocratique et l’organisation d’élections crédibles et transparentes ». Situant le rôle de l’armée dans cette conjoncture, il a indiqué qu’il lui revient « d’accompagner » l’aboutissement d’un règlement politique de consensus à la crise politique et la préservation du caractère civil de l’Etat algérien, réitérant son appel pour la création d’une instance indépendante d’organisation des élections. Abondant dans le même sens, le parti Talaie El-Hourriyate de l’ancien chef du gouvernement Ali Benflis, a considéré que l’appel du général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), portant sur l’application de l’article 102 de la Constitution, « illustre la volonté de l’ANP à contribuer à trouver une issue rapide à la crise actuelle à même d’éviter que la situation ne se complique davantage ». Néanmoins, l’application de l’article 102 à elle seule « ne suffit pas comme base de règlement de la crise politique », selon ce parti qui juge nécessaire d’assurer les « conditions de transparence » pour permettre au peuple algérien d’exprimer son choix « librement et sans aucune tutelle ». Le Rassemblement national démocratique (RND), l’un des principaux partis de l’alliance présidentielle, a préconisé de former « rapidement » un gouvernement afin d’éviter tout vide constitutionnel. Son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, a salué la proposition du général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, relative à l’application de l’article 102 de la Constitution, estimant que cela « évitera au pays une situation de blocage », rendant hommage à l’ANP qui « veille à la sécurité de l’Algérie et au respect de la Constitution ». M. Ouyahia a indiqué avoir exhorté, il y a quelques jours, le pouvoir à consentir « davantage de concessions » en vue d’appliquer la politique annoncée dans les messages du président de la République en date du 3 et 11 mars. Cependant, a-t-il ajouté, les évènements enregistrés au quotidien démontrent que cette démarche politique se confronte à une impasse ». Il a invité, dans le même temps, M. Bouteflika à « présenter sa démission conformément à l’article 102 de la Constitution ». A l’opposé de cette vision, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui considère que l’application de l’article 102 de la Constitution intervient « tard », propose une mise à plat de l’édifice institutionnel. Pour ce faire, il a préconisé la démission du chef de l’Etat et la dissolution des deux chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel. Le premier pas consiste ensuite à créer une « haute instance de transition, dotée de tous les moyens » pour piloter une phase de transition « la plus courte possible ». Dans la foulée, le parti, présidé par Mohcine Belabbas, se prononce en faveur de l’élaboration d’un projet de la nouvelle Constitution et de nouvelle loi électorale. Il a proposé également la création d’une instance nationale indépendante pour l’organisation des élections, dans le cadre de ce processus devant aboutir l’élection du président de la République « avant fin octobre 2019 ». Le Front des forces socialistes (FFS), qui a toujours revendiqué l’élection d’une assemblée constituante, a adopté une position tranchée, estimant que l’application de l’article 102 « ne répond pas aux revendications du peuple algérien qui demande le changement du système et non un changement dans le système ». Pour le plus vieux parti d’opposition, le changement « doit être l’émanation de la volonté populaire par l’élection d’une assemblée constituante souveraine et l’avènement de la 2ème république, c’est-à-dire la consécration de l’Etat de droit, l’alternative démocratique et sociale ». Le Parti des travailleurs (PT) a noté, de son côté, que l’application de cet article implique le « maintien » du gouvernement actuel et les deux chambres du Parlement, dont « le départ est réclamé par l’écrasante majorité du peuple ». Pour cette formation, la seule issue réside dans une « assemblée constituante nationale souveraine », par le biais de laquelle le peuple définira la nature du régime et des institutions à mettre en place pour « la satisfaction de toutes ses aspirations démocratiques, économiques, sociales, et culturelles ». Avant que le chef d’état-major ne rende publique, le 26 mars, sa proposition d’application de l’article 102 de la Constitution, le parti du Front de libération nationale (FLN) avait appelé l’ensemble des forces politiques à adhérer à la feuille de route (Conférence nationale inclusive) à laquelle avait appelé le président Bouteflika, affirmant que toutes les propositions qui « tentent de créer des cas de vacance au sein des institutions de l’Etat peuvent conduire à l’anarchie ». Cette formation a rejeté la proposition de mise en place d’une « instance présidentielle », estimant qu’elle va « recréer le scénario de 1992 à travers les tentations d’implication de l’armée dans le processus ».